L’explosion de données et de solutions accessibles à tous encourage la mise en place d’outils de data visualisation. Objectif : aider les collaborateurs dans leur quotidien. Édouard Beaucourt, country manager à Tableau France et Europe du Sud, détaille les changements qui s’opèrent et conseille sur la manière de procéder.
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Les projets de data visualisation se multiplient, au service Courrier de La Poste comme au comité de direction de Jaguar Land Rover. Pourquoi choisir ces solutions ?
Édouard Beaucourt. L’explosion des données et les opportunités qu’elles permettent incitent les entreprises à s’emparer de la visualisation. Cette technologie est aussi un moyen de répondre à la concurrence. Auchan et Carrefour, par exemple, sont obligés d’y réfléchir face à l’arrivée d’Amazon dans leur segment d’activité. Ces logiciels apportent une réelle valeur, car les données sont normalisées – une date est identifiée comme telle, il n’y a plus besoin de créer des référentiels – et la facilité de manipulation évite d’avoir recours à des intermédiaires, ce qui induit un important gain de temps.
L’adoption se fait-elle facilement ?
Édouard Beaucourt. Les jeunes générations, qui ont une appétence pour ces pratiques, encouragent leur adoption. Un acteur du monde de l’assurance nous a confié que des stagiaires n’avaient pas voulu rester dans l’entreprise, car l’environnement informatique n’était pas assez moderne. L’adoption de la visualisation est donc une demande qui vient à la fois de la direction et des collaborateurs.
La visualisation de données n’est pas un sujet nouveau. Pourquoi les entreprises commencent-elles seulement à s’y mettre ?
Édouard Beaucourt. Cela fait une vingtaine d’années que des outils de visualisation existent, mais ce n’est que récemment que ces technologies sont devenues simples d’usage et accessibles à tous. Les collaborateurs savent saisir de l’information, mais sont peu capables de les croiser pour en tirer de la valeur. Et beaucoup continuent de travailler sur des fichiers Excel. La conduite du changement n’est pas évidente à effectuer. La proportion de personnes qui utilisent la visualisation est encore faible, tout reste à faire. Un industriel, qui a investi massivement dans le stockage et la gouvernance de la data, a reconnu que moins de 20 % des collaborateurs se servent de l’outil.
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Quels conseils donneriez-vous pour réussir l’implémentation d’une telle solution ?
Édouard Beaucourt. L’un des premiers vecteurs de succès est de ne pas appliquer un projet de visualisation de manière transversale à l’entreprise. Il vaut mieux commencer par un projet individuel, porté par une personne opérationnelle, pour en mesurer le succès avant de toucher tous les services. Le deuxième élément à prendre en compte est le transfert de compétences. Il faut veiller à ce que les collaborateurs se forment à l’outil. Quand on encourage une personne à faire quelque chose par elle-même, l’engagement est plus fort. Rendre ses salariés autonomes est un enjeu de gouvernance. Dernier élément, il faut intégrer, dès le départ, que les éléments de visualisation vont évoluer dans le temps. Il ne s’agit pas de répondre à une seule problématique à un instant précis. Par exemple, Chauffeur Privé effectue des analyses sur l’impact d’éléments extérieurs (grèves, météo, concurrence) sur son activité. Il doit être conscient que d’autres paramètres, comme les pics de pollution, vont entrer en jeu par la suite.
Auriez-vous un autre cas illustrant l’apport de la data visualisation ?
Édouard Beaucourt. Dans le secteur bancaire, quand des clients retirent de l’argent dans un autre distributeur que celui de leur banque, cette dernière doit payer des frais à la concurrence. Pour limiter cela, un collaborateur d’une de nos banques clientes a eu l’idée de visualiser les endroits de la ville où ces retraits avaient lieu pour savoir où se trouvaient ses clients. L’établissement a ensuite entrepris d’installer des distributeurs au bon emplacement. De notre côté, nous avons analysé les retraits, les horaires et l’endroit où ces retraits avaient lieu. Nous avons pu visualiser les transactions et en observer l’évolution. La pertinence de cette initiative individuelle, répondant à une problématique spécifique, a permis d’étendre la visualisation à l’ensemble du groupe en l’espace de cinq ans. Elle est désormais utilisée par des milliers de collaborateurs. Il s’agit de l’un de nos cas de déploiement à grande échelle.