La présentation du rapport Villani au Collège de France, le 29 mars 2018, et les nombreuses réactions médiatiques qui s’en suivirent portent (enfin) l’Intelligence Artificielle (IA) à la connaissance du grand public. Les évolutions opérées par une plus grande intégration de l’IA dans l’économie française soulèvent dans l’opinion des questions, des doutes, des inquiétudes qu’il conviendrait d’adresser rapidement si la France veut avoir sa carte à jouer sur la scène mondiale.
L’Intelligence Artificielle (IA) : des innovations pas si nouvelles que ça !
Dans une interview menée en avril 2016, Jean-Dominique SEVAL, Directeur général adjoint de l’IDATE Digiworld, me confiait que les études sur l’Intelligence Artificielle dataient déjà des années 90 – 2000. À l’époque, l’IA ne concernait que certaines industries de pointe, mais l’évidence d’une prochaine généralisation de son exploitation ne faisait alors aucun doute.
Aujourd’hui, les technologies sont prêtes, les applications concrètes de l’IA sont connues et mesurées, tout comme ses enjeux organisationnels et éthiques. Rien n’empêche donc l’arrivée de l’Intelligence Artificielle dans l’industrie, si ce n’est une encore trop grande frilosité sociétale.
L’IA est indispensable dans les secteurs industriels complexes et sensibles
Pourtant l’Intelligence Artificielle présente de nombreux atouts. L’IA permet par exemple d’entrer dans l’univers de la maintenance prédictive et de l’anticipation des incidents, en prenant en charge la surveillance et l’analyse des paramètres de chaque maillon de la chaîne de production. Le déploiement des objets connectés et du machine learning représente ainsi un gain de productivité substantiel pour les entreprises en quête de compétitivité.
Nous ne pouvons également plus nous passer de l’Intelligence Artificielle dans les secteurs dits « sensibles » : l’aéroportuaire, les Opérateurs d’importance vitale (OIV), la Défense, la Sécurité… Au regard de la complexification des enjeux géostratégiques et de la multiplication des cybermenaces, l’être humain ne peut plus faire face, seul, aux technologies de pointe utilisées contre lui.
L’Intelligence Artificielle ne remplacera pas l’humain sans son accord
Dans les différents cas d’application de l’Intelligence Artificielle, il n’est plus question de remplacer l’humain par la machine. L’IA intervient au côté de l’être humain, en tant qu’aide à la décision. Dans le cas de la maintenance prédictive, les objets connectés n’empêchent pas à eux seuls la panne d’arriver. Ils font partie d’un système interconnecté capable de dresser des constats à partir de faits et d’éventualités, et de les porter à la connaissance des équipes. L’humain garde donc la pleine maîtrise de son jugement et de son expérience personnelle. Il peut tenir compte des alertes de l’IA ou décider de les ignorer.
Vers un nouveau modèle basé sur la confiance
L’impact positif de l’Intelligence Artificielle sur les métiers est une évidence. Dans l’industrie, le retail, les transports, la médecine, les services au public, l’IA décharge les collaborateurs des tâches à faible valeur ajoutée pour leur permettre de se concentrer sur le client, l’usager, l’utilisateur. À condition d’avoir confiance.
La confiance dans l’entreprise, entre les instances dirigeantes et les collaborateurs. Internet ayant modifié les rapports de pouvoir, les équipes demandent aujourd’hui davantage de responsabilités et de libertés dans la prise de décision sur leur périmètre respectif. La confiance dans la technologie, entre l’humain et la machine. L’Intelligence Artificielle questionne philosophiquement la relation de l’être humain à sa propre intelligence, car pour la première fois de son histoire, il se trouve confronté à une entité potentiellement plus intelligente que lui. Enfin, la confiance dans les choix de l’humanité. L’IA impose une réflexion collective sur une éthique, un cadre moral à respecter pour n’accorder à la machine que la place que nous voulons bien lui accorder.
Martial Delpuech est Directeur Communication Externe chez Hub One.
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