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L’Open Innovation : une chance pour l’industrie française. L’exemple de l‘impression 3D.

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Emmanuel Laubriat – Président de BeAM

L’Open Innovation décuple les capacités de R&D des entreprises et nous donne une force bien supérieure à celle que nous pourrions développer en interne. Sur notre marché, celui de la fabrication additive ou impression 3D métallique, nos concurrents ont des moyens bien supérieurs à nous et ils sont capables d’aligner 50, 100, 200 ingénieurs pour compenser leur retard. Si nous ne sommes pas en capacité d’innover en permanence, nous ne pourrons pas leur résister. Pour garder notre avance dans le domaine de l’impression 3D métallique nous avons développé un réseau de partenaires R&D et industriels  en mode  Open Innovation. Nous avons la conviction que c’est comme cela que nous aurons la puissance nécessaire pour mettre au point de nouvelles applications et faire évoluer nos machines bien plus rapidement que nos concurrents. Ainsi, nous nous appuyons sur plusieurs centres de recherche mais aussi sur nos partenaires et clients, pour faire avancer nos propres technologies. C’est la grande force du modèle Open Innovation.

L’approche peut surprendre les industriels car avant de recevoir il faut donner, et nous partageons notre savoir-faire dans la mise œuvre de notre technologie avec certains de nos partenaires que nous appelons les partenaires « Alpha ». Avec eux, nous travaillons en mode de co-innovation. Contrairement à certains de nos concurrents qui livrent une machine sur un mode « boîte noire » où le constructeur se réserve toute la compétence sur son paramétrage et sur l’utilisation de nouvelles poudres de métal pour l’impression, nous partageons le savoir-faire « process » avec nos partenaires « Alpha ». Outre la formation sur la machine, nous travaillons ensemble sur la mise au point du processus de fabrication et produisons les premières pièces avec notre client ou partenaire pour lui transférer ces savoir-faire.

Partager son savoir faire pour innover plus vite

Habituellement ces savoir-faire, pour une PME telle que BeAM, c’est de l’or et quelque chose à protéger absolument. En parallèle de notre activité de fabricants de machines, c’est aussi l’occasion de développer une activité de services à forte valeur ajoutée en gardant ces savoir-faire sur un mode défensif. Plutôt que de le protéger à tout prix, nous transférons ce savoir-faire process à des professionnels  qui affichent des compétences complémentaires aux nôtres, comme dans les domaines du numérique, du logiciel, du laser, ou même des machines. C’est au travers de leurs expertises que nous prenons bien souvent conscience des manques ou des possibilités d’évolution de nos machines vers de nouvelles applications industrielles. Cette co-innovation « multi-culturelle » nous donne bien plus de force que la R&D interne d’une entreprise qui ne cultive qu’un seul mode de pensée.  Nous collaborons ensuite avec ces partenaires pour réaliser les développements sur nos machines qui rendront possibles ces nouvelles applications. C’est un nouveau mode de penser l’innovation qui a prouvé toute sa valeur dans le secteur du logiciel, de l’Open Source, mais qui peut aujourd’hui s’appliquer au monde industriel.

L’innovation industrielle en mode « garage » devient possible

La fabrication additive va permettre de faire émerger une innovation industrielle de « garage », à l’image de la légende d’Apple né dans un garage. Désormais, on peut tout à fait imaginer que 4 ou 5 ingénieurs puissent travailler sur une innovation de rupture, créer par exemple une turbine qui consomme 30% de carburant en moins, et la proposer aux grands industriels du secteur. Avec la fabrication additive, ils pourront aller jusqu’au prototype, l’imprimer en métal, et démontrer la valeur de leur innovation aux industriels. Sur des pièces mécaniques, jusqu’à maintenant il était extrêmement compliqué d’aller jusqu’à l’objet fini, avec l’impression 3D cela devient possible.

C’est aussi ce qui va pousser les grands industriels à basculer vers l’open innovation pour sourcer ces nouvelles innovations  chez les startups, à l’instar de ce que font les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) dans le numérique.

General Electric, par exemple, l’a bien compris en lançant sur le Web des concours de création de pièces en fabrication additives. Tous les inventeurs sont invités à proposer un design de pièces traditionnelles pour l’impression 3D. C’est une belle source d’innovation pour GE qui peut ainsi avoir de multiples propositions d’innovations pour un problème donné à moindre coût. Cela leur permet aussi de repérer les petites entreprises qui leur font les propositions les plus intéressantes pour éventuellement les supporter ou les racheter par la suite.

L’impression3D : une opportunité pour l’industrie française

L’impression 3D va causer dans l’industrie de profonds changements de modèles économiques. C’est une vraie menace pour certains modèles traditionnels, mais c’est aussi une vraie opportunité pour les entreprises françaises si elles parviennent enfin à surmonter leurs freins au changement. L’industrie allemande a creusé son écart de compétitivité en partie grâce à la robotisation de ces usines dans les années 90. L’impression 3D offre aux entreprises françaises une nouvelle chance de se replacer dans la course. Une chance qu’elles doivent saisir maintenant.

Notre pays recèle un véritable vivier de chercheurs de haut niveau qui sont capables de tirer parti de ces nouveaux modes de fabrication en inventant les process de demain. Les domaines d’application de l’impression 3D sont très larges et recouvrent aussi bien les domaines de l’objet de grande consommation que les industries de pointes comme le médical, l’aéronautique, le spatial, l’énergie et bien d’autres encore. Du côté entreprises, nous avons d’un côté des grandes sociétés de niveau mondial dans chacun de ces domaines, et d’un autre côté une envie d’entreprendre notamment dans les secteurs innovants.

Si nous combinons les capacités créatives de notre recherche, l’envie d’entreprendre de beaucoup de nos concitoyens et la puissance de ces grands groupes, dans un esprit d’Open innovation, l’impression 3D peut être une formidable opportunité d’innovation industrielle pour notre pays.

Les entreprises françaises doivent faire partie des premières à basculer dans cette nouvelle ère de l’impression 3D et de l’Open Innovation pour tirer le meilleur parti de cette nouvelle révolution industrielle.

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