Les paiements numériques, tous canaux digitaux confondus, jouent un rôle décisif dans l’économie contemporaine au point de devenir un pilier du marché intérieur européen. Entre 2017 et 2023, leur valeur a franchi la barre des 1 000 milliards d’euros par an au sein de l’Union européenne contrainte de créer un cadre réglementaire adapté.
Dans un rapport publié cette semaine, la Cour des comptes européenne s’est penché sur la question stratégique des paiements numériques dans l’UE. Objectif, proposer une stratégie efficace en la matière pour garantir des transactions plus sûres, plus rapides et moins coûteuses, en particulier dans un contexte transfrontalier. Dans son audit, la Cour des comptes a notamment examiné les progrès réalisés par l’Union et mis en lumière les enjeux encore à relever.
Opérations de paiements numériques dans le commerce électronique et les points de vente au sein de l’EU-27
Une réglementation en évolution, mais des lacunes persistantes
Premier constat, l’approche de l’UE en matière de paiements numériques aurait déjà permis des avancées significatives. Les transactions électroniques sont jugées plus fiables et moins chères grâce à des mesures visant à renforcer la sécurité et à limiter les frais. Toutefois, le rapport souligne deux lacunes majeures dans le cadre réglementaire actuel : d’une part, les mécanismes établis pour évaluer l’adéquation des interventions sur les prix manquent de clarté, et aucun réexamen périodique n’est prévu. D’autre part, la banque ouverte, qui repose sur le partage sécurisé des données entre différents acteurs financiers, souffre encore de lacunes juridiques qui freinent son développement.
Un suivi insuffisant de l’impact des politiques
Malgré les progrès accomplis, l’impact global des politiques de l’UE sur les paiements numériques reste difficile à mesurer. L’absence d’un système de suivi efficace et le manque d’accès à des données fiables constituent, en effet, des obstacles majeurs. Une situation qui limite la capacité de la Commission à évaluer ses propres actions et à ajuster ses stratégies en conséquence. En outre, si la Commission européenne a mis en œuvre la plupart des actions prévues dans sa stratégie pour les paiements numériques, leurs objectifs n’ont pas toujours été pleinement réalisés. La discrimination fondée sur la localisation des comptes de paiement, par exemple, perdure malgré les efforts accrus pour éliminer ce phénomène. De plus, en matière de surveillance, l’absence de conditions équitables entre les entreprises des différents États membres crée un terrain concurrentiel inégal.
Part de la valeur d’opérations par instrument de paiement
Recommandations pour une stratégie renforcée
Pour combler ces lacunes, l’audit formule plusieurs recommandations clés à l’attention de la Commission européenne. Tout d’abord, clarifier les critères d’intervention sur les prix et instaurer des réexamens réguliers afin d’évaluer l’impact des interventions tarifaires. Ensuite, mettre en place une stratégie de suivi des données avec la création d’un système de collecte et d’analyse des données pour mieux évaluer les progrès réalisés. Puis l’ajout d’indicateurs de performance destinés à définir des objectifs mesurables pour orienter les politiques et en évaluer l’efficacité. Enfin, lutter contre la discrimination géographique et promouvoir des conditions équitables.