Coincés entre la pression de la société civile et celle de la réglementation, les marques et les retailers n’ont aujourd’hui d’autre choix que d’accélérer leur transition vers la circularité, stratégique pour l’avenir de la planète
Selon une étude récente de la société KPMG et de la Fédération des entreprises du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), plus de 80 % des cyberconsommateurs ont déjà acheté des produits reconditionnés ou de seconde main ou revendu des articles sur un site Internet.
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Invitée en février dernier au webinar de l’association française de la relation client (AFRC), consacré à « la circularité, enjeux et solutions », Hortense Pruvost, sustainability manager du site de e-commerce Vestiaire Collective, a d’ailleurs souligné le lourd impact en CO2 de l’industrie de la mode et l’intérêt d’acheter des vêtements d’occasion : « prolonger de deux ans la vie d’un vêtement permet de compenser de 70 % ses impacts en carbone et en eau, a-t-elle affirmé. Malgré l’empreinte du numérique et du transport, le coût environnemental d’un vêtement acheté sur la plate-forme Vestiaire Collective est en moyenne dix fois moindre que de l’acheter neuf. »
Les changements de mode de consommation actuels obligent les entreprises à réinventer leurs business model pour intégrer la dimension environnementale de la conception à la fin de vie des produits, d’autant que la loi Agec, loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, qui vient de fêter ses trois ans, leur impose désormais de respecter un mode opératoire de valorisation des produits invendus.
Elle interdit notamment, depuis le 1er janvier 2022, aux fabricants et aux distributeurs, d’éliminer les invendus non-alimentaires et elle met progressivement plusieurs dispositifs en place, afin de donner une deuxième vie aux produits ou de repenser leur conception. La loi prévoit notamment de soutenir les entreprises vertueuses qui fabriquent des textiles durables, respectant des labels environnementaux, et fabriqués à partir de matières recyclées.
L’économie circulaire : un marché prometteur pour les start up du sustainable retail
C’est pour aider les entreprises dans leur mise en conformité avec la loi Agec que Vincent Rigal a créé la start up CircularPlace. Elle fait partie des 65 start-up du « Radar des start up françaises du sustainable retail ». Sa première édition a été lancée en septembre 2022 par le cabinet de conseil en management et digital Wavestone, en partenariat avec le réseau social des acteurs de l’innovation Forinov. Les start up du radar ont pour ambition d’accompagner les retailers dans leur transition écologique.
« Plusieurs critères d’éligibilité sont exigés pour figurer dans le radar, qui est scindé en cinq catégories, dont celle « Economie circulaire », a expliqué Xavier Baudoin, expert en retail chez Wavestone, durant le webinar de l’AFRC : huit années d’ancienneté maximum, des solutions BtoB ou BtoC, un siège social basé en France, un MVP – Minimum Viable Product -, et le respect des critères de sustainability ».
CircularPlace propose pour sa part aux TPE, PME et grands groupes une plateforme leur permettant de trouver le meilleur « exutoire » pour leurs produits : revente, donation ou encore recyclage. « La plateforme automatise les process et facilite les interactions entre les différents intervenants, a expliqué Vincent Rigal pendant le webinar. Nous avons également développé une solution en marque blanche pour permettre aux entreprises de valoriser leurs invendus, leurs retours de stocks et même leurs équipements », a-t-il précisé.
Selon le CEO de CircularPlace, malgré la loi Agec, 70 % des chefs d’entreprise ne seraient pas au fait de leurs obligations légales. « Les amendes ne sont pas encore tombées en 2022, a-t-il déclaré. Le gouvernement ayant tardé à communiquer sur le sujet, de simples rappels à la loi ont été faits ». Mais dès cette année, en cas de non-respect de cette obligation, la loi prévoit une amende pouvant aller jusqu’à 15 000 euros par manquement pour une personne morale.