Le marché des logiciels dédiés à l’évaluation de l’impact environnemental de l’IT et des services numériques, à la comptabilité carbone, au reporting et au pilotage ESG ou de durabilité se porte bien. Gros plan sur ce segment très pointu que le cabinet AdVaes suit de près.
Estimé à environ 290 millions d’euros en 2024 par la société AdVaes, le marché des logiciels ESG pèse moins de 1 % du marché global des logiciels et services numériques en France. Avec une croissance moyenne annuelle de 26 %, il figure cependant parmi les segments à forte croissance et devrait avoisiner les 600 millions d’euros en 2027, selon les données fournies par une étude du cabinet AdVaes.
Il se compose d’éditeurs de logiciels et de prestataires de services ayant développé des applications adressant tout ou partie de ces segments, avec des services d’accompagnement en supplément. Les solutions peuvent être délivrées en mode SaaS (Software as a Service), en mode licences déployées sur site (on premise) ou encore en open source.
Un marché en structuration avec un foisonnement de solutions
Le foisonnement de solutions et les maturités variables des organisations en matière d’ESG rendent difficile la compréhension de ce marché, les besoins associés, les enjeux et les freins à lever. AdVaes a ainsi établi une cartographie afin de clarifier les grandes familles de logiciels ESG et leurs apports sachant que la couverture fonctionnelle de ces logiciels peut être plus ou moins étendue ou réduite à un périmètre précis : couverture globale de l’organisation ou ciblant précisément l’IT ; ciblage d’un critère de l’ESG ou des trois ; typologie d’information traitée (quantitative, qualitative, narrative) ; évaluation, mesure, reporting et/ou pilotage automatisé à base de règles pour suivi des actions effectives de remédiation. Par ailleurs, certains logiciels peuvent adresser plusieurs finalités et appartenir à plus d’une catégorie ou être dans une même catégorie sans pourtant être concurrents en regard de leur scope et cibles de clients.
La matrice conçue par AdVaes comporte quatre catégories de logiciels ESG : évaluation de l’impact de l’IT, optimisation des opérations IT, reporting et pilotage de durabilité, collecte et analyse de données.
La réglementation, principal catalyseur du marché
En 2024, 55 % des CIO et CSO (Chief Sustainability Officers) interrogés par AdVaes déclarent utiliser de tels outils pour gérer tout ou partie des aspects ESG de leurs missions. Ils devraient être 86 % en 2027. Cette adoption croissante illustre une prise de conscience accrue de l’importance de la durabilité et de la gouvernance.
Les 55 % de répondants qui déclarent utiliser des logiciels pour tout ou partie des domaines ESG sont essentiellement de grandes entreprises (plus de 5 000 collaborateurs), des administrations, des entreprises du numérique, des banques et assurances, ainsi que des entreprises industrielles. Dans les 31 % de ceux qui prévoient d’en utiliser dans les trois prochaines années (d’ici 2027), on trouve essentiellement des PME des secteurs du commerce, de l’énergie, de la logistique et du transport.
« Il existe une très forte variation sur le marché. Nous sommes dans une dynamique qui consiste à commencer à s’outiller. Nous sommes au début d’un processus, hormis les organisations qui ont déjà sauté le pas et qui progressivement gagnent en maturité et vont étendre leurs projets à des fonctionnalités plus approfondies », déclare Emmanuelle Olivié-Paul, Présidente-Fondatrice d’AdVaes, lors du webinaire de présentation de l’étude.
Parmi les catalyseurs du marché, les réglementations comme la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) pour les entreprises éligibles ou la Loi REEN pour les villes de plus de 50 000 habitants arrivent en tête (56 % pour les prestataires du numérique et 49 % pour les CIO / CSO consultés). Les demandes accrues en transparence et divulgation de la part des clients arrivent en deuxième position pour les prestataires du numérique, tandis que l’augmentation de la « maturité ESG » est citée par 17 % des CIO / CSO sondés.
« La réglementation est aujourd’hui un facteur déterminant. Elle pousse les organisations à s’outiller, car il n’est plus possible de suivre les indicateurs à la main. Dès lors que ces organisations veulent passer à la phase d’automatisation et avoir un nombre beaucoup plus élevé de données à collecter et manipuler, les feuilles de calcul ne suffisent plus, elles sont obligées de basculer vers un outil du marché », conclut Emmanuelle Olivié-Paul.