La Ville de Marseille dispose d’une structure spécifique pour accompagner les entrepreneurs. Cette structure, Marseille Innovation, travaille le plus possible en écosystème pour favoriser les synergies locales et faire éclore les champions de demain. Explications et exemples de réussites.
Créé en 1996 par Christian Rey, Marseille Innovation est le plus grand centre européen d’entreprises et d’innovation (CEEI) de la région Paca. Il compte quatre pépinières et hôtels d’entreprises pour héberger et accompagner les start-up et entreprises innovantes en phase de démarrage et durant leurs quatre premières années d’existence (taux de pérennisation de 90 % à cinq ans).
« Nous sommes à la fois accélérateur de croissance et attracteur de talents, explique Laurence Olivier, directrice générale de la structure, qui n’entre jamais au capital de ces jeunes pousses. Aujourd’hui, ce sont plus de 130 start-up qui nous font confiance et plus de 1 000 depuis sa création. 40 à 50 nouvelles entreprises nous rejoignent chaque année, pour environ 300 emplois créés par an, sachant que nous sommes là pour aider les entreprises à trouver leurs premiers clients. »
D’où l’importance des synergies mises en avant par la directrice générale, dont l’équipe de 14 personnes travaillent avec les incubateurs et accélérateurs privés, les écoles, les industriels… « Nous repérons les opportunités business et mettons en relation les start-up avec les grands groupes et les ETI que ce soit SNCF, Décathlon, RTE, L’Occitane, CMA-CGM…). La gouvernance s’appuie sur un conseil d’administration privé composé d’industriels, de financiers et de start-up et sur un comité d’orientation composé de ses financeurs principaux que sont la Métropole Aix Marseille Provence, Région Sud Paca et la Ville de Marseille. Les entrepreneurs, âgés de 30 à 49 ans, majoritairement des hommes (15 % de femmes), sont originaires du territoire, pour moitié ingénieurs et l’autre moitié, formés au management et commercial.
Quelques réussites de start-up locales :
- Keeex: créée en 2014 par un ancien chercheur du CNRS, Laurent Henocque, cette société d’une dizaine de personnes (2 recrutements sont en cours) crée des originaux numériques aussi probants que le papier (diplômes, bulletins de paie, factures, photographies…) grâce à la blockchain. Une solution qui permet également de certifier des processus industriels comme la traçabilité alimentaire ou la logistique maritime. L’une de ses applications, Photo Proof Pro, prend des clichés, les authentifie, les géolocalise et les horodate. Elle peut être utilisée notamment pour une déclaration d’incident ou pour réaliser un état des lieux comme elle le fait pour la fondation UEFA pour l’Enfance qui cherchait à contrôler, sans se déplacer, la façon dont les financements sont utilisés par les Organisations Non Gouvernementales.
· Smart Tribune : Créée en 2012, cette société basée à Paris et Marseille, où elle déploie son équipe de R&D, est dédiée à l’amélioration de la relation client par l’automatisation des réponses de services clients (4,5 millions d’utilisateurs par mois), une solution en mode SaaS de self-service à destination des grands comptes sur le marché mondial. « Nous permettons aux clients de trouver la réponse à leurs questions en toute autonomie, avec une mise en relation possible avec un opérateur si le sujet est complexe », explique Samy Lastmann, l’un des 3 cofondateurs. La société, qui compte 36 salariés (dont un tiers à Marseille), compte une dizaine de postes ouverts actuellement.
· E2VR : Créée en 2018, cette start-up de 13 salariés développe une plateforme de gestion de contenus 3D, réalité virtuelle et réalité augmentée, allant De la modélisation à l’intégration… Ses solutions sont destinées aux professionnels de l’automobile, du bien-être, de l’aménagement du territoire… pour accélérer l’activité commerciale et offrir une expérience immersive inédite aux internautes. Cela peut aller de la visite virtuelle au portage 3D dans un univers réel.
- Exkee: Créé en 2003, ce studio de développement de jeux sur téléphones portables, PC et consoles (10 personnes) propose autant aux joueurs chevronnés qu’aux occasionnels les meilleurs concepts et gameplays. Ses clients : Ubisoft, Index Europe, In-Fusio, Visiware, I-play, Nobilis et Bigben Interactive. Exkee édite également ses propres jeux et a notamment travaillé pour Plus Belle La Vie, en créant le jeu gratuit sur mobile « Plus Belle La Ville » en partenariat avec les studios de la série télévisée basés à Marseille. L’idée : « Recréer le quartier du Mistral dans la vraie ville et proposer une dimension éco-citoyenne dans le jeu. Sorti en décembre 2020 en partenariat avec de nombreux acteurs locaux, tous les publics de Marseille ou d’ailleurs peuvent facilement (re)découvrir les différents quartiers de la Cité phocéenne », explique Toni Doublet, Managing Director chez Exkee (15 000 téléchargements à ce jour). L’environnement est en effet un « vrai sujet » pour la ville, mais également pour les studios de Plus Belle la Vie, qui viennent de créer un comité green au sein de l’entreprise pour approfondir et agir sur le sujet (véhicules hybrides, jardins partagés, meilleure gestion des déchets et de l’énergie…). Par ailleurs, Exkee est également partie prenante dans SudAnim. Cette toute nouvelle association, née en avril dernier, regroupe une soixantaine de membres (producteurs, studios, prestataires, écoles et centres de formations, talents…) et vise à représenter l’animation sous toutes ses formes et techniques en Région Sud. Elle souhaite également créer un fonds de financement de jeux vidéo, un secteur qui recrute beaucoup localement.