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Martine Bisauta (adjointe au maire de Bayonne) : « Nous sommes là pour veiller à ce que le droit des habitants soit respecté »

Mi-2017, le maire de Bayonne a suspendu le déploiement des compteurs intelligents Linky, à la suite d’une centaine de plaintes d’habitants, et ce jusqu’à ce qu’un compromis avec Enedis soit trouvé. Le gestionnaire, qui a déjà posé plus de 5 600 compteurs sur l’agglomération, a depuis mis en place une procédure particulière et choisi d’opérer au cas par cas avec les communes récalcitrantes. Explications avec Martine Bisauta, maire-adjointe en charge du Développement durable et Stratégies urbaines et vice-présidente de l’agglomération Pays Basque, chargée de la Transition énergétique et écologique.

| Cet article fait partie du dossier « Linky, le compteur de toutes les attentions »

Martine Bisauta, adjointe au maire de Bayonne, entend faire respecter le choix de ses concitoyens. ©Ville de Bayonne

Alliancy. Comment se passe le déploiement des compteurs Linky sur votre agglomération ?

Martine Bisauta. L’installation des compteurs a commencé en juin 2017. Dès le départ, nous avons eu de nombreux retours, faits soit à titre personnel, soit par le biais d’associations. Les habitants se plaignaient que les techniciens de Solution 30, un sous-traitant installateur d’Enedis, ne leur laissaient pas le choix. Nous avons comptabilisé plusieurs centaines de protestations, dont 30 textos en deux jours auprès d’élus. Il y a eu des plaintes et des mains-courantes pour pressions.

Qu’est-ce qui pose problème selon vous ?

Martine Bisauta. Il y a eu de fausses informations diffusées, notamment celle selon laquelle il est impossible de refuser l’installation de Linky. Aux vues des annonces publiées sur Pôle Emploi, on voit qu’Enedis veut installer ces compteurs le plus rapidement possible. Les Français ont l’impression qu’on leur cache quelque chose et qu’ils sont contraints, cela les énerve. Les gens sont agités quand ils sont maintenus dans l’ignorance. Il aurait fallu une meilleure communication pour éviter les polémiques.

Pour quelles raisons certains habitants refusent-ils l’installation de Linky ?

Martine Bisauta. Il y a principalement des craintes concernant la santé et les ondes. D’autres se méfient de l’effet « Big Brother ». Il y a aussi des interrogations sur l’intérêt de remplacer les compteurs dans des bâtiments neufs. Ce n’est pas vraiment écologique, même si Enedis affirme les envoyer dans des pays qui en ont besoin, comme Madagascar. Par ailleurs, même si le gestionnaire du réseau assure que Linky n’aura pas d’influence sur le prix de l’électricité, il va tout de même y avoir des surprises quant à la facture car un bon nombre de contrats étaient anciens et la puissance accordée n’était pas en adéquation avec le prix. Avec ce compteur intelligent, il pourrait y avoir des ajustements. Quoi qu’il en soit, il y a eu de nombreuses informations sur Linky, c’est ensuite à chacun de se faire sa propre opinion. Nous ne sommes pas là pour dire si ce compteur est dangereux ou non, mais pour veiller à ce que le droit des habitants soit respecté. Car le droit de propriété est un droit institutionnel.

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Quelles actions spécifiques avez-vous menées ?

Martine Bisauta. Nous avons convoqué Enedis et organisé des réunions régulières sur le sujet. Il n’y avait pas d’intérêt à publier un arrêté car toutes les villes qui l’ont fait ont été retoquées par le tribunal administratif et cette action est contreproductive. Nous avons plutôt décidé de demander un moratoire début août et de suspendre toute dépose de compteur sur l’intégralité du patrimoine communal et dans la communauté d’agglomération du Pays Basque, qui comprend 158 communes, jusqu’à ce que la preuve que la volonté des habitants soit respectée et satisfaite. Il n’y a donc pas eu d’installation en octobre et en novembre.

La ville de Bayonne a été l’une des premières à chercher un compromis avec Enedis. ©Ville de Bayonne

Une solution a-t-elle été trouvée avec Enedis ?

Martine Bisauta. A la suite de nos échanges, Enedis a décidé de mettre en place à Bayonne une procédure particulière. Le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité a communiqué un numéro de téléphone et une adresse locale destinés à informer les citoyens et à enregistrer leur refus. Dans ce cas précis, Enedis fera payer le relevé effectué à pied par ses agents. Le groupe s’est engagé à ne pas couper l’électricité, contrairement à ce qu’affirmaient de fausses informations ayant circulées. Il est, de toute manière, obligé de fournir ce service si le client paie. Ce consensus est la meilleure solution à mes yeux, avec des explications claires, chacun sait ce à quoi il s’expose. Depuis que cette procédure a été instaurée, nous avons eu moins de signalements et l’avis des habitants semble mieux respecté. C’est une preuve que cela fonctionne.

Est-ce la première fois que l’agglomération est confrontée à une telle situation ?

Martine Bisauta. Cela avait été la même histoire avec les antennes-relais télécoms dans les années 2000 où les gens craignaient les ondes. Concernant Linky, les informations délivrées par le compteur ne sont pas encore utiles, les gens ne s’en préoccupent donc pas. Mais, avec l’essor des maisons connectées et de l’autoconsommation, chacun aura envie d’avoir une connaissance plus fine de ses consommations et Linky pourra prendre tout son sens à ce moment-là.

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