Mazars vient d’annoncer un partenariat avec la start-up Mister Doe pour ouvrir l’innovation dans le secteur banque et assurance. La société internationale, spécialisée dans l’audit, le conseil et les services comptables, fiscaux et juridiques fait de l’open innovation son fer de lance avec Mazars’ Lab.
« L’expertise comptable et l’audit vont être radicalement transformés par la technologie dans les cinq ans qui viennent, estime Aymard de Scorbiac, directeur de Mazars’ Lab. L’intelligence artificielle et le big data apportent notamment l’opportunité d’accélérer le basculement d’activités de production vers un monde davantage axé sur le conseil et la recommandation. En parallèle, dans tous secteurs d’activité, même ceux reposant sur des actifs physiques lourds, des entreprises inventent de nouveaux modèles de création de valeur en amont et en aval des chaînes de valeur. Demain quelqu’un imaginera peut-être le “AirBnB”du comptable ou de l’auditeur. Tout cela va très vite, il nous faut co-innover avec des acteurs extérieurs. »
De cette prise de conscience est né Mazars’ Lab et c’est en mode Test & Learn que Mazars construit depuis trois ans sa démarche d’open innovation. « Il fallait d’abord élargir notre palette de services pour nos 30 000 clients PME, raconte Aymard de Scorbiac. Ils ne cherchent pas qu’un comptable. Ils veulent être aidés sur toutes leurs fonctions de support comme le recrutement, la recherche de financement ou la comptabilité, afin de se concentrer sur leur cœur de métier. Mazars est expert dans certaines de ces fonctions et pour les autres, il a bâti un écosystème de partenaires de haut niveau. »
Du co-business développement
La société a commencé à sélectionner des PME spécialisées dans des domaines comme la recherche de subvention et la propriété intellectuelle pour établir des partenariats avec elles. Elles sont cinq aujourd’hui. « Avec nos 2 700 collaborateurs dans 40 bureaux et grâce à des antennes Mazars’ Lab à Bordeaux, Toulouse Lyon, Strasbourg, Besançon et Lille, nous apprenons en marchant, confie-t-il C’est du co-business développement. » Des écosystèmes sont déjà en gestation dans certains des 73 pays où la société est présente.
La co R&D avec des start-up constitue la seconde initiative de Mazars’ Lab. Après l’incubation depuis un an de Particeep, Mazars’ Lab accueille une deuxième jeune pousse innovante, Mister Doe (lire ci-dessous). Fondé début 2013, Particeep, qui emploie une dizaine de personnes, a développé une API en mode Saas personnalisable, qui sert à créer en marque blanche des plates-formes de financement ou d’appel à projet. « Nous les coachons en stratégie marketing et leur ouvrons un maximum de portes de notre réseau », explique-t-il. Particeep a signé son premier contrat avec l’institut Open Innovation dont Mazars est cofondateur.
Mazars et Particeep vont créer conjointement un Visa Mazars, module intégrable en amont des plates-formes de crowdfunding pour certifier la conformité administrative, juridique et financière des porteurs de projets. « Notre objectif étant de devenir un standard technologique pour les acteurs du financement, nous devions nous associer à des acteurs de premier plan, afin de crédibiliser cette stratégie et d’asseoir notre notoriété, précise Steve Fogue, président de Particeep. Mazars nous épaule dans l’accès au marché, l’identification d’opportunités et le développement à l’international, tout en nous offrant la possibilité de diversifier nos sources de revenu avec des produits grand public comme le Visa. »
Mister Doe traque les contrats en déshérence Actuaire de formation, Vladimir Nguekam, président fondateur de Mister Doe, a mesuré pendant ses dix ans chez AXA la difficulté de gérer la recherche d’ayant droit des contrats en déshérence. Il a alors conçu une méthodologie et une technologie pour les identifier et automatiser la recherche des bénéficiaires. L’outil a déjà été déployé chez AXA en 2014. Après six mois en tant que senior manager chez Ernst & Young, Vladimir Nguekam estime le moment venu de lancer sa start-up. « La déshérence en France se chiffre à plus de 4 milliards d’euros et malgré une loi votée en 2007 pour obliger les compagnies d’assurance à s’informer du décès éventuel de leurs clients, le régulateur a trouvé insuffisantes les dispositions prisent par plusieurs acteurs. 103 millions d’euros de pénalités ont été infligés à quatre assureurs de renom depuis avril 2014. » A la recherche d’un environnement favorisant le déploiement rapide de son outil, il rejoint Mazars’ Lab. « Mazars m’offrait des locaux à La Défense, endroit stratégiquement intéressant, et il collabore déjà avec succès avec une autre start-up. Mes interlocuteurs partageaient, par ailleurs, mes attentes et besoins », explique Vladimir Nguekam. Il intègre les locaux de Mazars en mai, et fonde son entreprise le mois suivant. « L’idée étant d’aller avec Mazars chez tous ses clients banques et assurances afin de leur présenter mon innovation », précise-t-il. La start-up et Mazars vont réaliser les missions ensemble, Mister Doe amenant la méthodologie et l’outil, et Mazars intervenant en amont pour le diagnostic et les recommandations. |