L’étude Kantar et French Tech Corporate Community sur le futur des métiers de la data constate une hausse des besoins en recrutement. Mais les difficultés à l’embauche et à la fidélisation persistent, et s’accentuent même.
BCG soulignait récemment la faiblesse managériale des grandes entreprises françaises. Celles-ci s’efforcent visiblement de corriger le tir. 59% des dirigeants interrogés attribuent à la Data une place centrale ou très importante dans l’activité de leur entreprise.
Des recrutements malgré les tensions
Cela représente une hausse de 9 points sur un an. Ils sont même 16% (+7) à estimer que la Data “représente le cœur de leur activité.” Cette perception s’accompagne surtout d’actions et d’améliorations (perçues ou réelles ?).
“Les jugements des dirigeants sur le degré d’avancement de leur entreprise dans le domaine de la data s’améliorent”, relève l’enquête. Cela se traduit par la création de nouveaux métiers dans les organisations.
La FTCC avait identifié 12 rôles clés sur la Data. La majorité d’entre eux “sont présents dans les entreprises”. Ces dernières progressent en outre sur leur capacité à évaluer leurs besoins sur les postes de la Data.
Une plus grande facilité à évaluer les besoins ne signifie cependant pas une égale facilité à y répondre. Au contraire, l’enquête fait état de “difficultés à recruter (…) qui s’accentuent et touchent tous les types de rôles.”
Cette situation ne devrait pas s’améliorer à court terme compte tenu des prévisions d’embauche. Ainsi, “la plupart” des entreprises envisagent de recruter “dans un avenir proche.”
La formation interne devient stratégique
Malgré les difficultés persistantes, la “quasi-totalité des entreprises interrogées a procédé à des recrutements en externe sur les métiers de la data au cours des dernières années.” Recruter est possible, non sans difficultés.
91% des dirigeants témoignent de difficultés C’est particulièrement vrai sur certaines fonctions comme le Data Engineer et le Data Architect. Pour lever ces freins, des entreprises, dont La Poste, développent leur propre filière de formation interne et forment directement à ces métiers.
Upskilling et reskilling s’imposent comme incontournables du fait des obstacles au recrutement. En effet, “près des deux-tiers des dirigeants jugent difficile d’attirer les talents dans leurs entreprises (63% , +4 pts) et plus encore à les fidéliser (77%, +15 pts en seulement un an).
Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer ce bilan, dont des exigences salariales trop importantes (pour 25% d’entre eux), un manque de profils (24%) ou un manque d’attractivité des grands groupes face aux startups ou aux géants mondiaux.
La solution passe par une amélioration de l’attractivité des employeurs, mais aussi par une plus grande diversité des profils. Les métiers de la Data sont largement occupés par des hommes.
La féminisation de la Data en souffrance
Les deux-tiers des dirigeants constatent “une surreprésentation des hommes”, une situation à laquelle 78% déclarent tenter de remédier. La faible féminisation demeure un problème global dans les métiers du numérique et les progrès se font attendre.
Autre axe d’amélioration visé : les soft skills des professionnels et candidats du secteur. En outre, les jeunes diplômés manquent de connaissances métiers. Ils font de plus preuve d’un “trop grand conformisme scolaire”. En réponse, Carrefour a donc lancé son programme graduate data.
A lire aussi : Boulanger augmenté, Netflix de l’assortiment… les usages Data & IA de Carrefour
Ces initiatives soulignent notamment le sentiment des grandes entreprises à l’égard des formations initiales, et traduisent une insatisfaction. “61% des dirigeants (+10 points) estiment qu’en France les formations d’enseignement supérieur pour les métiers de la data sont insuffisantes pour répondre aux besoins des entreprises.”
La réaction s’organise. 78% des entreprises mettent en place des formations internes pour faire monter leurs collaborateurs en compétences data.” Ces dispositifs ont pour objectifs principaux la sensibilisation générale des collaborateurs et le perfectionnement ciblé de certains employés.
D’autres sujets restent par ailleurs à traiter. Pour l’enquête, les “grands enjeux à venir” portent sur les liens entre expertise data et compétences métiers, l’acculturation de tous et le développement des compétences en data parmi les équipes métiers.