La réalité virtuelle, une réalité opérationnelle chez les industriels ? Un ingénieur de Michelin explique comment les employés de son groupe utilisent à Clermont-Ferrand et dans les sites du monde entier, la VR concoctée par Meta et ses partenaires.
Au siège de Meta France, rue Ménars à Paris, des représentants de quatre entreprises, Michelin, Meta, Uptale et Matts Digital se sont succédé au micro, face à une assemblée composée d’une centaine de responsables de l’innovation de tout autant d’entreprises. Mais des quatre, la prestation la plus attendue était sûrement celle de Michelin puisqu’elle représentait un retour d’expérience de l’offre packagée de VR pro proposée par les trois autres.
Venu de Clermont-Ferrand, Sébastien Cipière, architecte & ingénieur systèmes et réseaux chez Michelin annonce d’emblée la couleur, son équipe et lui ont déjà réalisés plus de 250 modules à partir de cette offre packagée. Ceci correspond, ajoute-t-il, à la politique de Long Life Training du groupe qui consiste donc pour chaque employé à se former sa vie durant, que ce soit sur ses soft ou hard skills.
Le tableau brossé, rentrons dans les détails. La VR est utilisée par le fabricant de pneumatiques pour la sécurité, la qualité et la production.
Eviter l’arrêt d’une machine à dix millions
Pour la chasse aux risques afin de protéger les employés qui travaillent en usine, l’habilitation électrique, les règles cardinales de qualité comme le repérage de contrôle de points clés sur des pneumatiques, la fabrication de modes opératoires par exemple avec une machine qui coûte dix millions d’euros, qui est en production et que l’on n’a pas envie d’arrêter pour former les gens, la VR est très utile. En formation, qui est sans doute domaine auquel on pense en premier pour les cas d’usages de la VR, certains modules sont certifiants, notamment en accueil et sécurité, en permettant par exemple de rentrer dans telle ou telle autre partie d’une usine.
Près de 300 casques VR pro ont été provisionnés dont la moitié a été déployée. Face à la multitude des sites Michelin en France, en Europe ou en Asie, « le parti pris est d’en déployer une dizaine dans chaque avec un champion désigné », précise Sébastien Cipière à l’assemblée. Ces sortes de référents sont équipés d’un casque 360 ° qui leur permet de filmer les images des modules. Ils sont aussi précieux dans la gestion du stock de casques qui grandit. L’entreprise envisage de créer un site web sur la VR qui servira de référence pour tous les employés. Il présentera les casques mis à disposition, les modules, tous les « champions » (les référents), des retours d’expérience…
L’entreprise souhaite aussi renouveler petit à petit son parc car les premiers casques déployés ont déjà du vécu. C’est sur le modèle Quest 3S de l’offre packagée de Meta et ses partenaires que Sébastien souhaite jeter son dévolu. Ce modèle 3S est un mix entre le 3 et le Pro à un prix plus abordable. Mais ce n’est pas lui qui a la décision finale.
Commencer assis
Les attentes de ce dispositif VR sont d’augmenter le taux de rétention, de réduire le temps d’apprentissage et le nombre d’erreurs sur le terrain. Mais c’est aussi, remarque l’ingénieur Michelin, « un outil très utile pour sensibiliser aux handicaps invisibles ou à la diversité, par exemple, car les personnes peuvent se mettre en situation et parce que ce média, je crois, permet de transmettre de l’empathie ».
Mais pas pour tout le monde. Pour répondre à une question du public s’agissant des personnes éprouvant des difficultés physiques à utiliser la VR, Sébastien Cipière conseille de commencer assis la première session, d’éviter les scènes filmées mobiles, d’effectuer une réunion préparatoire avant d’enfiler le casque et enfin, si tout cela ne suffit pas, il est nécessaire de déposer le casque et pour la personne en question de se contenter de regarder le module sur l’écran de contrôle des images visionnées dans le casque, ou même sur sa tablette ou son ordinateur.
Chacun le sait, Meta mise très fort sur la VR, complémentaire à l’ambition toujours prégnante de Zuckerberg dans le métavers, alors la sensibilisation des clients et des partenaires aux réalités et pas seulement aux potentiels de leurs technologies importe autant que la sortie de leur casque de milieu de gamme. C’est pour ça qu’à la fin de l’exposé Michelin, chacun a pu s’amuser avec les solutions VR des trois entreprises partenaires. Le jeu, c’est sérieux.