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Musk et Trump ramènent la tech et la politique au fond de la cour de récré

Dogecoin et Maison Blanche

[Billet d’humeur] Elon Musk a été pendant longtemps une source d’inspiration pour les entrepreneurs de la tech française. Mais ceux-ci se retrouvent-ils encore dans le jeu actuel de l’innovateur, désinhibé et immature ?

La réponse a résonné tout au long des années 2010. À la question : « Quelle est la personnalité qui vous inspire le plus aujourd’hui ? » les entrepreneurs de la tech française répondaient (presque) tous invariablement : « Elon Musk ». C’était l’époque avant le rachat de Twitter/X et de la grande réussite de Tesla : les reportages sur le multi-entrepreneur américain mettaient plutôt en avant l’ambition de projets comme le transport à grande vitesse Hyperloop et s’interrogeaient sur la capacité de disruption d’un champion de la tech sur le marché automobile.

Quel regard portent ces mêmes entrepreneurs sur leurs réponses d’alors, maintenant qu’Elon Musk a embrassé un tout autre rôle d’influenceur politique « trash » ? Son soutien ultra-actif auprès du nouveau président-élu des États-Unis, Donald Trump, est devenu un sujet extrême et clivant. Bien loin de la seule image de « disrupteur technologique » que rien n’arrête.

L’annonce récente par Donald Trump de mettre le patron de Tesla et SpaceX à la tête d’un « Department of Government Efficiency » afin de tailler très fortement dans les réglementations et les agences fédérales américaines est un nouveau palier franchi dans cet engagement politique. Malgré son nom, ce « département » ne fera pas en soi partie de l’administration, mais devrait correspondre plutôt à une « task force » de conseil liée au gouvernement Trump. Toutefois, l’annonce a fait des vagues, tant sur le fond que sur la forme. En effet, l’acronyme retenu pour le projet est DOGE, clin d’œil plus qu’appuyé à la devise cryptographique Dogecoin, ardemment soutenue par Elon Musk. Cette crypto, née d’une blague en 2013 en réponse au Bitcoin, est devenue d’abord un « mème internet », puis une valeur très concrète. SpaceX a par exemple annoncé en 2021 pouvoir financer en Dogecoin une mission lunaire. Et après l’annonce de Trump, la valeur DOGE a largement augmenté sur les marchés, Musk jouant à fond la carte de l’ironie business.

Le mélange des genres entre « mème » et politique, tout autant que celui entre intérêts personnels et fonctionnement des institutions, convient sans doute bien au style de Trump, qui ose tout, et à celui actuel d’Elon Musk, pareillement désinhibé. Mais face aux enjeux économiques, sociaux et écologiques auxquels nos sociétés sont confrontées, est-ce vraiment ce que l’on est en droit d’attendre d’un « génie » de l’entrepreneuriat tech ? Et en France, ceux qui espéraient voir émerger un profil identique à Musk sur la scène hexagonale se retrouvent-ils aujourd’hui vraiment dans ce qu’il est devenu ?

En 2023, lors de sa participation en présentiel à Vivatech, le milliardaire avait déclenché des passions surréalistes, dignes d’une rockstar accueillie par des groupies. Du jamais vu lors d’un événement professionnel. Et un signal aussi que parfois, la tech, qui passe son temps à rappeler à quel point elle peut aider la société de façon responsable, peut céder à un comportement digne des pires errances adolescentes.

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