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NextGen Summit : à la découverte des entreprises « régénératrices »

« Régénératrice » (ou « régénérative », en franglais) : un terme encore mystérieux, qu’il est plus facile de comprendre par les usages. C’était l’un des objectifs du quatrième NextGen Summit, en fin de semaine dernière. Promesse tenue.

Le NextGen Summit, dédié à l’innovation managériale et aux entreprises à impact, c’était jeudi 15 et vendredi 16 juin, au tiers-lieu Le Césure (Paris). En plein pendant Vivatech, oui. Mais il faut avouer que les deux mondes n’ont pas grand-chose en commun, si ce n’est un penchant prononcé pour l’audace.

Quand Vivatech valorise l’innovation produit et fait de la technologie le socle du progrès, les organisateurs du NextGen Summit (NextGen & Sindup) parient sur l’organisation interne de l’entreprise et sa capacité de coopération avec les autres.

L’entreprise régénératrice, pour eux, c’est la seule voie d’avenir possible. Tant pour la planète, que pour nos modèles économiques. L’entreprise régénératrice protège et reconstitue nos ressources naturelles. C’est l’étape qui suit l’entreprise « contributive », elle-même ayant succédé au « business as usual » puis à « l’entreprise responsable ».

Si tout cela vous semble trop conceptuel, écoutez le récit de Luc Teerlinck, chez Decathlon. Il est convaincu qu’il est possible d’associer une baisse de l’impact environnemental et une augmentation de performance (et ce, pour toute la chaîne, fournisseurs compris). Il a créé son poste chez Decathlon Belgique où il pilote une expérimentation auprès de 70 clients, appelée « We Play Circular ».

Le concept : on n’achète plus son matériel sportif. On vient l’emprunter, pour une durée indéterminée et pour ne valeur maximale fixée en fonction du tarif de son abonnement mensuel. Le client s’engage à privilégier le matériel de seconde main – on ne sort les vélos neufs du rayon que s’il n’y en a aucun autre dispo – et à rendre les articles parfaitement propres et entretenus.

Les premiers résultats, toutes proportions gardées, vont dans le sens d’une « vraie révélation ». « Il semble possible de tout faire mieux, explique Luc, et de créer un modèle vertueux. On baisse les besoins d’investissement en stocks. On augmente la réparabilité. On allonge la durée de vie des produits. On augmente la performance de l’entreprise, on arrête de mettre la pression sur les fournisseurs et… on partage les bénéfices avec les clients, à qui la pratique sportive, plus diversifiée, revient aussi moins cher. La Data nous en fournira bientôt la preuve. » La seconde phase de test a débuté le mois dernier auprès de mille clients.

« Ce genre de projets, c’est du mouvement, il ouvrira et fermera des portes encore longtemps. J’aime bien citer Einstein : on ne peut pas résoudre les problèmes de la manière dont on les a créés. J’invite mes collègues être plus déraisonnables, à ne pas rester dans le connu. Si on veut toutes les réponses avant de commencer, on ne commence jamais. »

Luc souligne l’importante d’avoir des projets très ambitieux, qui génèrent beaucoup d’enthousiasme, pour réussir à faire bouger les lignes. « Il vous faut bien sûr aussi une gouvernance qui parie sur l’autonomie et la confiance, ce que j’ai trouvé chez Decathlon, sinon vous n’irez nulle part. »

A lire aussi : Decathlon, à fond la forme sur la Data et la fidélisation des talents

Autre intervenant du NextGen Summit, Jean-Sébastien Tronchon (ImmaTerra) a rappelé que nous étions pour la première fois confrontés au défi de l’habitabilité de la Terre et qu’il nous fallait donc considérer des transformations radicales : « J’ose le mot « radical » qui est très joli : c’est le retour à la racine. Nous avons besoin de modifier nos modes de pensée. De parler d’effets par exemple, et non plus simplement de volumes. Si vous vendez des vélos, que les gens achètent des centaines de vélos, mais que personne n’en fait (un vélo de loisir aujourd’hui parcourt en moyenne seulement 21 km par an), vous n’avez rien changé. Votre modèle financier est OK. Mais votre impact est nul. Pour que vos clients fassent du vélo, il faut être capable de leur fournir un itinéraire idéal entre leur domicile et leur bureau, ou encore de leur proposer un suivi sportif. Et pour cela, vous n’avez pas d’autre choix que de coopérer. C’est un autre basculement. Coopérer avec les autres entreprises, c’est construire avec elles. Ce n’est plus seulement collaborer : travailler avec elles. La coopération est un vecteur d’innovation et sans elle, l’entreprise régénératrice n’adviendra pas. »

Parmi les autres speakers, Matthieu Brunet (Arcadie) et Mickaël Réault (Sindup) ont livré un témoignage passionnant sur l’holacratie « appliquée » à une entreprise familiale qui venait de dépasser les 50 collaborateurs et comptait 50% d’ouvriers. « Nous sommes allés vers l’holacratie non pas pour libérer notre entreprise, mais au contraire pour y mettre un peu d’ordre, pour nous offrir une structure sans devoir aller vers le modèle traditionnel du contremaître, qui nous faisait horreur…. »

A noter que Matthieu porte un autre projet très ambitieux : faire venir ses épices du bout du monde, via un bateau à voile – et au passage révolutionner le fret maritime : https://www.arcadie.fr/voilier/

Marie Guillemot (KPMG) et Fabrice Bonnifet (Bouygues – C3D) se sont montrés de fervents ambassadeurs de l’entreprise régénératrice. Et des « awards » ont été remis à sept entreprises à impact, « en chemin » vers ce modèle :

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