Dans un entretien accordé aux Echos le week-end dernier, Cédric O, le nouveau secrétaire d’Etat au numérique, détaille sa mission et ses trois grandes priorités que sont l’émergence de champions français du numérique, l’accès aux services publics en ligne pour tous et, enfin, la régulation des plateformes.
Le Président de la République a nommé, dimanche 31 mars, son conseiller chargé du numérique Cédric O, 37 ans, comme Secrétaire d’Etat en charge du même poste, où il succède à Mounir Mahjoubi, en route pour tenter de décrocher la mairie de Paris…
Cédric O s’est exprimé longuement et pour la 1ère fois le week-end dernier, dans les colonnes des Echos.
« Quand on pilote un ministère comme celui-ci où les sujets sont transversaux et généralement interministériels, il faut choisir ses combats, les mener, se fixer des objectifs prioritaires et les atteindre ! Pour la première fois, je me retrouve en position de faire et j’entends bien l’exercer avec l’obsession de l’efficacité.
Cédric O est également revenu sur sa mission
La phrase qui résume le mieux ma mission, c’est celle prononcée par le Président de la République : « Je veux que les Français soient maîtres de leur destin ». Mon combat, c’est de donner les moyens aux Français d’être acteurs et de ne pas subir. Or, ce n’est pas le cas dans certaines zones ou pour certaines personnes : 13 millions de Français sont aujourd’hui éloignés du numérique. La mission de mon secrétariat d’Etat est aussi d’inventer ce que doit être l’état de droit dans un monde numérique.
Et a détaillé ses trois grandes priorités
En accord avec Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, je me suis donné trois grandes priorités. D’abord, il faut faire émerger des champions du numérique. Ensuite, favoriser l’accès aux services publics en ligne, c’est un enjeu démocratique majeur. Enfin, tout cela ne pourra se faire sans une véritable régulation des plateformes. A nous d’imaginer comment.
1- Pour avoir plus de champions en France, la première priorité est de développer la formation des talents. Aujourd’hui, par exemple, il doit manquer autour de 80.000 codeurs en France. Il reste aussi un sujet de financement qu’il faut améliorer plus particulièrement en aval de la chaîne : pour les grosses levées de fonds et les introductions en Bourse. Et puis vous avez des sujets sectoriels, la manière dont on organise la santé, la mobilité… Il n’y aura pas de grand soir mais plutôt beaucoup de petites choses à déverrouiller. Nous pouvons avoir vingt ou trente licornes françaises d’ici 2020-2025. Regardez, on a eu trois licornes depuis le début de l’année (Ynsect, Doctolib, ManoMano et, depuis, Kyriba, HR Path), autant que durant les cinq années précédentes ! C’est donc possible.
[bctt tweet= »Cédric O, secrétaire d’Etat au numérique : « C’est mon souhait qu’un Mark Zuckerberg français puisse émerger ! » » username= »Alliancy_lemag »]2- Concernant l’accès aux services, il faut s’appuyer sur la transparence en créant par exemple un observatoire de l’e-administration, qui rendrait des comptes tous les trimestres, avec une attention particulière pour les publics les plus vulnérables, les plus éloignés du numérique. Enfin, pour certaines démarches, il faut remettre le nom d’un responsable et le numéro de téléphone de quelqu’un à qui on peut parler.
3- Derrière la régulation des Gafa, il y a en fait trois sujets distincts : la question des contenus (fake news, messages haineux) et la loi Avia, le respect de la vie privée et le poids économique des plateformes et leurs pratiques d’optimisation fiscale. C’est une question mondiale et personne n’a encore trouvé la solution. Pour autant, les plateformes n’ont pas à fixer leurs propres règles. On doit pouvoir trouver la ligne de crête. » A ce sujet d’ailleurs, dans un grand entretien exclusif accordé au Parisien également ce weekend, Laurent Solly, ancien directeur général de TF1 Publicité, aujourd’hui vice-président Europe du Sud Facebook en France, affirme que le groupe « va payer de plus en plus d’impôts en France et que… c’est normal. »
Des sujets majeurs pour notre pays qui seront largement abordés lors du G20 du numérique ; de la seconde édition de « Tech for Good » en marge du salon VivaTech (16-18 mai) ; ainsi que lors du chantier législatif avec le règlement ePrivacy en discussion au Parlement européen et, enfin, du prochain G7 qui se tiendra fin août à Biarritz.
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