Pour réussir à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, les fabricants d’équipements, les éditeurs de logiciels, les entreprises et leurs collaborateurs doivent agir de manière coordonnée, selon une étude du cabinet Lecko.
Dans sa dernière étude, intitulée « État de l’art de la transformation interne des organisations », le cabinet Lecko a analysé les émissions CO2 d’un panel de 20 000 collaborateurs sur deux années. Si les émissions absolues sont très différentes entre les personnes travaillant dans les bureaux et celles sur le terrain, leur croissance est identique. La moyenne des émissions journalières du panel augmente de 62 % en deux ans.
Les collaborateurs hyperconnectés, qui représentent 10 % du panel, émettent en moyenne 17,1 kgCO2e / an contre 10,5 kgCO2e / an pour la totalité du panel, soit + 66 %. Il y a un enjeu plus important à agir auprès de ces populations, car leur impact est beaucoup plus fort sur les émissions CO2 globales et leur position d’encadrant en font des acteurs clés à convaincre de s’impliquer dans la démarche de décarbonation de l’organisation.
« Les augmentations constatées viennent notamment du fait que les usages sont de plus en plus débridés, que les collaborateurs font très peu le ménage dans leur boîte aux lettres électronique et que les documents produits sont de plus en plus volumineux. À cela vient s’ajouter une doctrine de la ‘consommation illimitée’, encouragée par les offres des grands éditeurs, notamment des GAFAM, qui communiquent sur une ressource illimitée, pas chère, provenant de datacenters alimentés par de l’énergie verte », commente Arnaud Rayrole, Directeur Général de Lecko.
Et le dirigeant ajoute : « Or, force est de constater que les datacenters – dont le nombre ne cesse d’augmenter – ont un véritable impact environnemental. Cet été, les autorités irlandaises ont refusé d’accorder l’accès à l’électricité à de nouveaux datacenters prévus par Amazon et Microsoft. Aux Pays-Bas, on a découvert, en pleine sécheresse, que les datacenters consommaient beaucoup plus d’eau que ce qui était prévu et déclaré. L’énergie verte est donc en quantité limitée, personne ne peut se permettre de la gaspiller ».
Le numérique, terrain d’expression idéal de l’engagement de chacun
Pour Lecko, la transformation environnementale, nécessaire à l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris (neutralité carbone en 2050), ne viendra ni de la technologie seule, ni de l’unique volonté des dirigeants. Elle doit s’appuyer sur la mobilisation de chacun pour inventer et intégrer ces évolutions au quotidien. Agir chacun à son échelle, suivant la parabole du colibri, est déterminant. Le numérique offre ce terrain d’expression de l’engagement de chacun.
« Le secteur du numérique, longtemps préservé de critiques écologiques, en proposant des alternatives au papier et aux déplacements, a pris beaucoup de retard. Le numérique est d’abord un domaine où les impacts environnementaux sont méconnus et portés ensuite par l’idée que la technologie sera la réponse à nos problèmes », peut-on lire dans l’étude de Lecko.
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Pour réussir à mener à bien une stratégie de numérique responsable, il est nécessaire d’éviter les empilements d’actions, en combinant les initiatives existantes. Pour Lecko, l’articulation des actions doit se faire à partir d’un triptyque de solutions techniques, organisationnelles et comportementales, chacun agissant à son niveau :
- Les fabricants d’équipements doivent réduire leur impact, mais surtout les rendre réparables et exempts d’obsolescence programmée.
- Les éditeurs de digital workplaces doivent reconsidérer leur approche de la ressource numérique pour l’économiser et surtout aider leurs clients à réduire leurs émissions. Cela passe par une conception différente, l’apport de nouvelles fonctionnalités et l’abandon des offres « illimitées ».
- Les entreprises doivent agir sur leurs politiques d’équipement, le développement d’une nouvelle culture, une meilleure gouvernance des espaces numériques partagés et l’encouragement à mieux travailler avec les outils numériques.
- Les collaborateurs doivent aussi s’engager à progresser. Cela commence par questionner ses pratiques pour réduire les gaspillages, développer des pratiques de transition puis des usages optimums en matière de sobriété et efficacité.
Adopter une politique coordonnée sur ces quatre leviers permettra de s’aligner sur l’objectif des Accords de Paris : 50 % de réduction des émissions CO2 en 2030.
Méthodologie
Le cabinet Lecko a analysé un jeu de données d’activités (de l’environnement de travail) anonymisées provenant de plusieurs organisations. Il a ainsi consolidé deux années d’activités de 20 000 collaborateurs d’entreprises de tailles et de secteurs d’activités différents.