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Numérique responsable : la nécessaire mobilisation des métiers

Face aux défis de la transition numérique responsable, les fonctions support des entreprises jouent un rôle clé dans la mise en œuvre de stratégies globales. Une dynamique collective où les départements RH, achats, services généraux et finances convergent pour répondre aux enjeux réglementaires et environnementaux. 

 

Comment mettre en ordre de marche les fonctions support de l’entreprise afin qu’elles contribuent à déployer la stratégie numérique responsable de l’entreprise ? À cette question, Christel Jolly, Supply chain data & traceability program director chez Dior Couture, répond en expliquant quelle a été la dynamique du programme Green IT en interne : « Le programme Green IT rentre dans un programme beaucoup plus global qui s’appelle LIFE 360 (LVMH Initiatives For the Environment), qui embarque tous les métiers. Pourquoi embarquer tous les collaborateurs ? Parce que nous avons des enjeux collectifs. Le premier d’entre est d’atteindre une réduction de 20% de l’impact carbone de l’IT d’ici 2026. Pour cela, il fallait que tout le monde soit responsabilisé. Nous avons donc travaillé avec tous les salariés, les RH et les gens de la tech », détaille-t-elle, lors d’une table ronde ayant eu lieu lors du GreenTech Forum 2024 à Paris. 

 

Pour Déborah Thebault, Accompagnatrice transition environnementale et numérique au sein du GIENOV, qui a travaillé avec le Gouvernement Princier de Monaco dans le cadre de la Délégation interministérielle chargée de la transition numérique (DITN), l’entre-soi ne mène à rien en matière de numérique responsable : « Si vous ne mobilisez pas tout le monde, vous ne faites rien. Par exemple, quand nous avons réalisé les six analyses du cycle de vie (ACV) pour le Gouvernement, il nous a fallu questionner les équipes informatiques pour récupérer les informations sur le parc de serveurs, d’écrans, etc. Il nous a aussi fallu aller voir les métiers pour récupérer certains indicateurs. Les opérateurs télécoms nous ont aussi aidés à identifier tous les modèles de smartphones qui pinguaient sur le réseau. Au total, ce sont une bonne trentaine de personnes qui ont été mobilisées », note-t-elle. 

 

De même, le département Finance est lui aussi incontournable : « Un arbitrage ne se fait jamais uniquement pour des raisons environnementales. Quand il a fallu se battre pour l’allongement de la durée de conservation des équipements – de trois ans en leasing à cinq ans en achat -, l’argument financier a été déterminant. Mis bout à bout, il y a 60 collaborateurs qui ont participé à ces travaux, en plus de leur travail quotidien », ajoute Déborah Thebault. 

 

Quatre leviers à activer 

 

« Le numérique durable ne se fait pas qu’avec des faiseurs d’IT, des métiers connexes sont également impliqués. Dans le cadre d’un projet de décarbonation d’une entreprise, nous avons travaillé avec la direction des achats et avec les RH, car il fallait décider quels matériels nous allions donner à chaque collaborateur. Les moyens généraux sont également intervenus pour savoir si nous donnions un écran à chaque salarié ou pour affiner le mode de travail (flex office…) », déclare Delphine Gargouil, Consultante senior numérique durable / RSE chez Rhapsodies Conseil. 

 

L’idéal, c’est que la stratégie numérique responsable soit intégrée à la politique RSE de l’organisation concernée. « Ce n’est pas toujours le cas, mais c’est la situation idéale, surtout quand on considère les enjeux réglementaires, CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) en tête », ajoute Delphine Gargouil. 

 

Pour Daniel Benabou, Directeur général d’IDECSI, entreprise de cybersécurité, et du CEIDIG (Conseil de l’Économie et de l’Information du Digital), il existe quatre leviers à mobiliser : « Le premier repose sur la sensibilisation des collaborateurs. Le deuxième est la formation : elle permet aux salariés de savoir comment ils peuvent agir. Le troisième axe, ce sont les outils qui facilitent l’action. Et la quatrième dimension, c’est la réglementation. Si vous activez ces quatre leviers et que vous y associez les collaborateurs, vous faites des progrès assez importants ». 

 

« Tout part d’une prise de conscience. Une fois que les salariés savent à quoi s’attendre, il est important pour eux de posséder les clés pour savoir comment agir, puis de trouver des alliés et faire front commun pour améliorer les pratiques. Cela peut prendre un peu de temps, mais ces étapes sont primordiales », conclut Delphine Gargouil. 

  

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