Comment la notion de numérique responsable est-elle appréhendée par les salariés ? Quels sont les facteurs qui favorisent ou freinent le développement de ses pratiques au sein des organisations ? Les réponses du Baromètre Numérique Responsable d’Eco CO2.
La première édition du Baromètre Numérique Responsable publiée par Eco CO2, société de conseil et de formation en transition écologique, apporte un certain nombre de réponses à ces questions. L’enquête a été réalisée par l’IFOP en janvier 2024, auprès de 1 003 salariés du secteur tertiaire.
Le baromètre révèle tout d’abord que la moitié des salariés (49 %) déclare n’avoir jamais entendu parler de numérique responsable auparavant et que seulement une minorité (17 %) indique en connaître précisément la signification. Par ailleurs, la majorité des collaborateurs (61 %) signale que l’impact environnemental du numérique ne fait que très rarement ou jamais l’objet de discussions au travail. Seul un quart des collaborateurs indique qu’une démarche de réduction de l’impact environnemental du numérique a été mise en place au sein de l’entreprise.
« Le terme ‘numérique responsable’ étant apparu il y a seulement une quinzaine d’années, il est normal que peu de salariés le connaissent. Mais face à un cadre législatif qui se renforce, les entreprises vont être de plus en plus amenées à changer leurs pratiques numériques. Pour ce faire, elles devront notamment faire l’effort de sensibiliser leurs équipes. Elles réaliseront d’ailleurs que les enjeux de la transition écologique peuvent servir leurs intérêts opérationnels », déclare Yeşim Bostancı, Doctorante en psychologie sociale chez Eco CO2.
Des pratiques intuitives, surtout motivées par la recherche de performance et de bien-être au travail
Malgré cette faible connaissance de ce qu’est le numérique responsable, il semble que les salariés soient capables de mettre en œuvre, de manière intuitive, certaines pratiques vertueuses : 81 % d’entre eux suppriment souvent leurs courriers électroniques superflus, 76 % utilisent le WIFI plutôt que les connexions 4G/5G sur les téléphones portables, et 75 % éteignent ou débranchent leurs appareils électroniques quand ils ne les utilisent pas.
Mais le lien entre ces pratiques et le fait d’être réellement dans une démarche de numérique responsable est ténu, selon Yeşim Bostancı : « Il est aujourd’hui délicat de faire un lien direct entre les pratiques responsables adoptées intuitivement par les salariés – à l’instar du tri des mails – et leur conscience de l’impact du numérique sur la planète. On peut supposer que, mises en œuvre de manière non systématique, ces pratiques pourraient avoir plutôt pour objectif des enjeux de performance ou de bien-être au travail ».
La non-connaissance des pratiques les plus vertueuses : un frein évident
Une des principales raisons expliquant la faible pénétration du numérique responsable au sein des équipes est la non-connaissance des pratiques les plus vertueuses (un quart des salariés). 79 % des répondants estiment ainsi que les pratiques les plus simples (comme, par exemple, supprimer régulièrement ses e-mails) sont les plus efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au numérique.
Ce n’est bien évidemment pas le cas. Comme le rappelle une étude de l’Ademe et de l’Arcep datant de janvier 2022, les premiers responsables des impacts du numérique sont les terminaux « utilisateur », c’est-à-dire les appareils électroniques (entre 64 et 92 % des impacts).
Et l’analyse des impacts environnementaux du numérique démontre que c’est la phase de fabrication qui est la principale source d’impact (78 % de l’empreinte carbone), suivie de la phase d’utilisation (21 %). Les politiques les plus efficaces sont donc celles visant à allonger la durée d’usage des équipements numériques à travers la durabilité des produits, le réemploi, le reconditionnement, l’économie de la fonctionnalité ou la réparation.
Simplicité et mesurabilité : clés de l’accompagnement au changement ?
Selon le Baromètre Numérique Responsable publiée par Eco CO2, le principal moteur de l’adoption du Numérique Responsable est la facilité de mise en œuvre de la pratique (50 %), suivie par la connaissance de son impact positif et significatif sur l’environnement (36 %), ainsi que par la possibilité d’observer cet impact en temps réel (30 %). « Il est normal de vouloir mesurer l’impact d’une pratique. En effet, l’adopter est plus difficile si l’on ne comprend pas quel est son intérêt », conclut Yeşim Bostancı.