Nvidia prend sa revanche sur DeepSeek avec un quatrième semestre rassurant 

 

L’annonce des résultats du quatrième semestre de Nvidia a soulagé les investisseurs qui redoutaient l’impact de DeepSeek. L’entreprise peut remercier la popularité de sa nouvelle puce, nommée Blackwell, et sa capacité à accélérer la cadence de production pour répondre à la demande mondiale. 

 

 

Des bénéfices supérieurs aux prévisions, une révision à la hausse des perspectives pour le prochain trimestre, l’annonce “beat and raise” des résultats du quatrième trimestre de Nvidia a de quoi rassurer les investisseurs. Ceux-ci scrutaient la capacité de l’entreprise américaine à maintenir sa croissance. En trois ans, le chiffre d’affaires de l’entreprise a presque quintuplé. Il atteint 39,3 milliards de dollars au quatrième trimestre. Cette hausse de 78% dépasse les attentes de Bloomberg, qui tablait sur un CA avoisinant les 38 milliards de dollars. Le bénéfice rapporté par action, la donnée la plus suivie par le marché, atteint 89 cents contre les 81 cents attendus par les analystes. Il s’agit d’une augmentation de 60% par rapport à l’année précédente. Cependant, la hausse reste modeste si on la compare aux envolées à trois chiffres des précédents trimestres. D’autant plus que les investisseurs sont toujours plus difficiles à satisfaire.  

 

Un premier trimestre revu à la hausse  

 

Nvidia a également surpris le marché par sa prévision du chiffre d’affaires du prochain trimestre en hausse, 43 milliards de dollars face aux 42,3 milliards attendus par Wall Street. L’entreprise de Santa Clara mise en partie sur les revenus générés par le projet Stargate. Fin janvier, le gouvernement américain a annoncé soutenir l’investissement de 500 milliards dans les infrastructures IA dans le pays, en partenariat avec plusieurs acteurs, dont Nvidia. La course mondiale aux data centers ne peut que profiter à l’entreprise, d’autant plus que ces nouveaux centres de données augmentent en taille dans le temps. Colette Kress, la directrice financière de Nvidia prévient : “Nos clients vont à toute vitesse pour augmenter la taille de leurs infrastructures et travailler sur la nouvelle génération de modèles. Il sera normal pour ces centres de démarrer avec 100.000 GPU ou plus ».  

 

Les puces Blackwell ont la côte… 

 

Selon les analystes de Mizuho Securities, Nvidia doit aussi cette excellente performance trimestrielle à la sortie de sa nouvelle génération de puces Blackwell, 30 fois plus rapides que les précédentes et extrêmement demandées. Cette technologie, lancée fin 2024, est le nouveau produit phare de la société et s’obtient pour la modique somme de 30 000 dollars, pour le modèle le moins cher. L’emblématique dirigeant de Nvidia, Jensen Huang, explique cette demande grandissante, qu’il trouve “incroyable”, avec l’émergence de nouveaux programmes d’IA générative. Entraînés par la méthode de la chaîne de pensée (CoT), leurs réponses sont plus lentes à arriver, mais sont également plus profondes et développées. Ces nouvelles IA génératives nécessitent en contrepartie des puces plus puissantes pour fournir leurs réponses. 

 

…et de nouveaux investissements sont nécessaires 

 

L’entreprise de cartes graphiques accélère donc la production des puces Blackwell pour répondre aux besoins des entreprises du numérique. Des investissements supplémentaires dans la R&D et la chaîne d’approvisionnement lui paraissent plus que jamais nécessaires. Cela impacte d’ailleurs la marge nette de Nvidia, ajustée à 71% alors qu’était anticipée une valeur de 72,2%. Colette Kress a précisé que son entreprise avait donné la priorité, à court terme, à l’accélération de la cadence de production de la puce Blackwell, mais que le taux de marge devrait remonter en fin d’exercice. 

 

Sortir de l’ombre de DeepSeek 

 

Les résultats du quatrième trimestre étaient particulièrement attendus par les investisseurs en raison du séisme boursier provoqué par l’arrivée du modèle DeepSeek. L’action de Nvidia avait effectué un plongeon record, -17% en une seule séance, soit environ 600 milliards d’euros ! Et pour cause, la concurrence chinoise offrait une nouvelle perspective, en démontrant la possibilité de créer une IA, sans microprocesseur Nvidia, aussi performante que les meilleures sur le marché et en utilisant moins de puces graphiques. Cette révolution technologique a entraîné chez les investisseurs la crainte d’une baisse des ventes des GPU Nvidia. Il faut préciser que, depuis juin 2024, le géant américain se trouve au deuxième rang des capitalisations boursières mondiales. Il est ainsi devenu un véritable baromètre de l’industrie de l’intelligence artificielle. Malgré le choc Deepseek, les cartes graphiques de Nvidia, plus puissantes et plus haut de gamme, restent les plus recherchées sur le marché. “Aucun client ne veut perdre sa place dans la file d’attente” pour les puces nouvelles générations, souligne le cabinet Wedbush Securities. Le géant américain des semi-conducteurs porte donc bien son nom latin, signifiant “envie”.