Le Comité des Exploitants de Salle Informatique et Telecom (Cesit) est devenu France Datacenter. Pour une meilleure visibilité face aux politiques et aux entreprises utilisatrices. Explications par Olivier Micheli, son président depuis la mi-2016.
Alliancy, le mag. Un changement de nom, un nouveau bureau, de nouveaux objectifs… Que vise votre association par tous ces changements ?
Olivier Micheli. Mes prédécesseurs depuis 2008, année de la création de l’association, se sont surtout concentrés sur l’échange de bonnes pratiques du métier. Aujourd’hui, nous souhaitons un impact plus fort en externe pour être reconnu comme une industrie à part entière. Nous voulons faire entendre notre voix auprès des pouvoirs publics et des administrations de tutelles, dans le but d’intervenir en amont dans la production législative et réglementaire. Nous pensons que le numérique peut être un énorme relais de croissance pour la France, mais rien ne fonctionnera sans les datacenters, qui sont trop souvent sous-valorisés… Pourtant, nous sommes un des piliers au cœur de cette économie numérique.
Et vous pensez que l’on a encore besoin d’expliquer cela ?
Les politiques ont compris l’importance des infrastructures de transport ou d’énergie, mais ils ont beaucoup plus de mal à valoriser les infrastructures numériques. France Datacenter doit leur expliquer qu’il faut ces infrastructures, sans lesquelles vous n’avez pas les couches supérieures… La France a d’énormes atouts pour accueillir ces installations. Il n’y pas de risques naturels ; nous disposons d’un réseau électrique fiable et très développé, à coût modéré (mieux que la moyenne européenne !) et notre réseau numérique est plutôt de bonne qualité. Enfin, la France, via Marseille, est la passerelle entre l’Europe et des régions très dynamiques comme le Moyen-Orient, l’Afrique ou l’Asie du sud-est…
Quelles sont vos priorités pour les mois à venir ?
Tout d’abord, nous travaillons sur une cartographie du secteur en France, afin de disposer d’une image précise en termes de chiffres et savoir de quoi on parle exactement. Ensuite, nous voulons continuer à grandir via une campagne active de recrutement et de cooptation, dans le but de doubler le nombre d’adhérents d’ici à trois ans. Nous souhaitons accueillir dans l’association les utilisateurs de datacenters, qu’ils s’agissent de grands groupes du CAC40 et des ETI très présentes en régions, de même que les acteurs du cloud. C’est pourquoi nous allons rapidement ouvrir des bureaux à Nantes, Marseille, Lille, Bordeaux et Lyon. Enfin, nous souhaitons créer des ponts avec d’autres associations… à la fois pour leur faire bénéficier de nos connaissances et devenir leur référence dans le datacenter. Nous publierons également notre premier livre blanc, d’ici à la fin de l’année, sur les indicateurs de performance du datacenter…
De grands acteurs américains (Amazon, Microsoft, Salesforce) ont annoncé récemment l’implantation de datacenters en France. C’est une bonne nouvelle ?
C’est une très bonne nouvelle. Ils sont d’ailleurs les bienvenus dans l’association. Mais ne perdez pas de vue qu’ils viennent ici après l’Allemagne, le Royaume-Uni et les Pays-Bas… Je pense qu’au départ, tous ces grands acteurs ont cru qu’ils pouvaient servir le monde à partir de grands centres de données centralisés… Deux éléments les ont ensuite poussés à revoir leur stratégie. Le premier, c’est la souveraineté de la donnée. Beaucoup de sociétés des secteurs public et privé, veulent conserver leurs données sur leur territoire pour des questions de confidentialité notamment. Cela peut même aller plus loin comme en Russie par exemple. Le deuxième élément concerne la localisation de la donnée. L’internaute zappe de plus en plus, il ne veut plus attendre… Aussi, pour servir l’utilisateur final le plus rapidement possible, il faut que les serveurs soient le plus proches possible. Ces acteurs devaient donc s’implanter en France, comme ils l’ont déjà fait dans tous les grands hubs mondiaux.
Doubler le nombre d’adhérentsCréée en 2008, l’association fédère les acteurs de la filière datacenter en France. Elle réunit une centaine de sociétés dans trois collèges : les acteurs de la conception et de la construction de datacenters (Vinci, Bouygues, Schneider Electric…) ; ceux de l’aide à l’exploitation et enfin les utilisateurs eux-mêmes (hébergeurs de colocation neutre, acteurs télécom, responsables des infrastructures pour les grandes entreprises privées ou les grands acteurs publics). Depuis juin dernier, le conseil de France Datacenter comprend les représentants des sociétés Atos, Bouygues Energie Services, Data4, Equinix, Engie Cofely, Global Switch, Schneider Electric et Interxion. Elle veut atteindre les 200 adhérents dans les trois ans à venir. |