Connaissez-vous Baptiste Robert ? Pour ceux d’entre vous qui orbitent dans les milieux de la cybersécurité, le nom vous est sans doute familier. Il s’agit de l’un des hackers éthiques sur lesquels la France peut compter, connu sous le pseudonyme « fs0c131y ». Dans un contexte où l’actualité met souvent plus en avant les dégâts commis par des cyberattaquants sur les organisations, publiques comme privées, il est toujours précieux d’avoir des personnalités positives et des « rôles modèles » à médiatiser.
Mais s’il est question de Baptiste Robert aujourd’hui, ce n’est pas à cause d’une cyberattaque. L’expert cyber a en effet annoncé sa candidature pour les élections législatives qui arrivent dans quelques jours. Et sans tropisme parisien : résidant à Balma, en Occitanie, il se présente à Toulouse, plus précisément dans la troisième circonscription de la Haute-Garonne.
En tant que citoyen, c’est effectivement son droit le plus absolu, quelle que soit sa profession : l’envie de participer à la vie de la Cité et toutes les opinions politiques se retrouvent dans le milieu de la cybersécurité comme dans tous les autres. Non, ce qui est particulièrement intéressant, c’est la raison pour laquelle Baptiste Robert se présente, et, qui plus est, sans l’étiquette d’un parti politique en particulier.
« Depuis de nombreuses années, je m’exprime à travers le numérique et la cybersécurité sur des sujets hautement politiques qui impactent la santé, l’emploi, l’éducation… » a-t-il mis en avant sur Twitch, pointant du doigt la nature extrêmement transversale de tous les sujets que les spécialistes du numérique abordent au quotidien. Or, le fond de sa préoccupation, comme nous l’avons aussi signalé à plusieurs reprises dans ces éditos, est la faiblesse de l’expertise numérique à l’Assemblée nationale. « On arrive à des aberrations incroyables sur les textes de loi, qui ajoutent aujourd’hui plus de lourdeurs administratives que d’emplois et de croissance » estime-t-il, propos repris par des journaux locaux comme Actu Toulouse.
Trop souvent, quand on parle de numérique et d’élections, c’est l’exemple du Parti Pirate qui est mis en avant. Expérience intéressante, mais que l’on ne peut juger représentatif. Et d’ailleurs, la représentation du numérique à l’Assemblée ne devrait pas être le fait d’un parti en particulier, mais de tous les partis souhaitant légiférer et gouverner.
Le sujet de fond reste donc la capacité pour des représentants de l’écosystème numérique d’être représentés dans les organes de décision. Cela est vrai au sein des Comex dans les entreprises, mais également au niveau des pouvoirs publics. Baptiste Robert sera-t-il élu ? La marche est haute pour un candidat indépendant sans forts appuis partisans, d’autant plus dans un contexte de blocs politiques s’affrontant à couteaux tirés. Mais, au-delà des opinions politiques, à minima peut-on appeler d’autres acteurs de la cybersécurité, et plus globalement des métiers du numérique, à s’engager en politique. L’occasion pour chacun de prendre son bâton de pèlerin pour aller parler à nos concitoyens de sujets trop souvent absents de ces périodes qui forgent l’avenir du pays.
Le contexte particulier de ces élections, organisées dans l’urgence, n’aura sans doute pas permis de voir de telles candidatures se multiplier. Et c’est bien dommage.