Dans le cadre de notre dossier spécial sur les écosystèmes territoriaux, qui débute en Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Alliancy s’est intéressé aux différentes offres de formation au numérique présentes sur le territoire. L’occasion de découvrir les initiatives et écoles qui rendent le numérique attractif auprès des jeunes talents. Une manière de combattre un chômage persistant.
En tant que deuxième ville de France, Marseille attire la jeunesse ! Selon le dernier classement général des villes étudiantes de France publié chaque année par L’Étudiant, Aix-Marseille fait encore partie du top 10 en matière d’attractivité, de formation, de vie étudiante, de cadre de vie et d’emploi.
L’image d’une Cité phocéenne riche en initiatives locales et animée par un bouillon culturel hors du commun est facilement constatable. À elle-seule, la métropole Aix-Marseille compte 95 600 étudiants. Mais, qu’en est-il de l’employabilité de ces jeunes à la fin de leurs études ?
De nombreuses formations dans le numérique
Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) est souvent désignée comme la deuxième région française la plus numérique. Sur 69 000 emplois, 23 % d’entre eux sont liés à des compétences numériques. Cela vient du fait que de grands industriels y sont implantées, tel le constructeur automobile Jaguar ou la Compagnie maritime d’affrètement CMA-CGM), très demandeurs en talents numériques. Cette région est aussi le berceau historique de la carte à puce, et compte des acteurs comme Gemalto et STMicroelectronics.
Le territoire accueille de nombreux étudiants et chercheurs en nouvelles technologies, à l’image de Sophia Antipolis, première technopole de France et d’Europe, installée dans les Alpes-Maritimes. À ce jour, pas moins de 54 formations labellisées par la GEN sont présentes en Paca et l’association Code4Marseille, destinée à fédérer les écoles de développement web du territoire marseillais, en regroupe 8 : Le Wagon Marseille, WebForce3, Simplon Marseille, 3WAcademy, Wild Code School, Passerelle Numérique, Coding Academy by Epitech et La Plateforme.
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Mais si l’offre de formation se montre foisonnante, le taux d’emploi lui peine à suivre. Dans le département des Bouches-du-Rhône, l’emploi est rare et le taux de pauvreté, l’un des plus élevés de la région, dont les villes de Marseille, Arles et Tarascon sont les plus touchées.
Emmanuel Macron a d’ailleurs évoqué ce problème dans son discours du 2 septembre dernier, en réaction aux règlements de compte meurtriers dans les quartiers Nord de la ville : « Je l’ai souvent dit pour les jeunes des quartiers : pour eux, c’est plus facile de trouver un client que de trouver un emploi. Il faut qu’on aide à développer l’entrepreneuriat dans nos quartiers. », annonce-t-il.
À travers son projet appelé « Marseille en Grand ! », le chef de l’Etat promet 1,5 milliard d’euros de financements nouveaux. L’objectif sur le volet de l’emploi étant de « créer trois carrefours de l’entrepreneuriat à Marseille qui seront des grands lieux dédiés où les jeunes qui ont des projets seront gratuitement formés, conseillés, mentorés par des dirigeants d’entreprises, des associations et accompagnés par des services publics. »
Un chômage difficile à enrayer
D’après les dernières données de l’Insee concernant les taux de chômage localisés au premier trimestre 2021, la région Paca affiche un taux de 9,1 %, alors que la moyenne nationale stagne autour des 8,1 %. Ce contraste soulève une question : cette jeunesse estudiantine contribue-t-elle directement au dynamisme économique du territoire ?
« Aujourd’hui, le numérique et les écoles d’informatique pure restent extrêmement minoritaires pour la création d’emploi dans notre territoire, analyse Anouk Audet, directrice du développement régional chez Epitech Marseille. Une bonne partie de nos effectifs sont toujours attirés par les sirènes de Paris ou d’autres régions étrangères. Il y a encore trop peu de gens qui se forment au numérique et nous essayons de faire plus de sensibilisation auprès des lycées pour augmenter le pourcentage d’emplois numériques dans la région. »
Selon cette experte, pour y remédier, il faudra développer les transports en commun, car encore trop d’étudiants abandonnent, faute de permis ou d’argent pour s’acheter une voiture. Cette question de mobilité intra-régionale semble un des principaux freins au recrutement de nouveaux talents. Selon une étude de terrain menée par le think tank Les Clés de la Mobilité en 2019, Marseille n’arrive qu’à la dixième place au classement des villes françaises championnes de la mobilité.
Pour Cyril Zimmermann, fondateur de La Plateforme, si le chômage reste élevé, c’est parce que les formations proposées ne sont pas adaptées au tissu économique territorial dans lequel elles évoluent. Il convient pour lui de « partir des ressources humaines » : autrement dit, d’adapter les cursus des écoles aux besoins des talents du territoire, inciter les entreprises à s’y installer et ainsi créer de l’emploi.
« C’est par la diversité des profils que les écoles vont se différencier, insiste-t-il, et le profil de l’expert informaticien est bien plus varié que ce qu’on pense parfois ». Ce dernier énumère les métiers de technicien, opérateur, administrateur de bases de données ou encore de data scientist qui peuvent être formés en moins de cinq ans. Autant de compétences que les entreprises s’arrachent depuis de nombreuses années.
Valoriser les compétences numériques
La Carif-Oref, l’Observatoire régional des métiers de la région Paca, a identifié dans ses travaux des difficultés d’attractivité et de méconnaissance des métiers ainsi que la forte concurrence nationale et internationale au sein du secteur du numérique. Concernant l’appareil de formation, bien que présent, il demande à être renforcé et plus visible. Enfin, il faudrait une meilleure prise en compte de l’expertise des acteurs du numérique dans l’élaboration des formations.
Pour Donia Joly, directrice régionale de l’école de code Le Wagon en Paca, la clé consiste à s’adapter à l’écosystème du territoire et mieux se coordonner avec les structures qui accompagnent les demandeurs d’emploi comme les missions locales ou Pôle Emploi. « Notre rôle est de sensibiliser à la fois les jeunes et les accompagnateurs de terrain sur le potentiel du secteur du numérique et valoriser les réussites professionnelles, précise-t-elle. Il faut aussi favoriser la mixité dans ces métiers constitués encore de moins de 30 % de femmes ».
L’objectif est de faire comprendre la valeur des formations numériques aux femmes afin qu’elles puissent accéder à des carrières riches et évolutives, tout comme les hommes. Le 10 septembre, le Wagon a justement annoncé le lancement du nouveau programme « Women Coders », destiné à augmenter la présence de femmes dans ces métiers du numérique sur le territoire.