Pour préparer l’après-carrière des athlètes, Paris 2024 a lancé l’an passé, un programme d’accompagnement pour aider les sportifs à entreprendre. Les différents projets doivent avoir un volet social et environnemental et seront frappés du label Impact 2024.
Dans deux ans jours pour jour, la ferveur des Jeux Olympiques battra son plein dans la capitale. Pendant quinze jours, les athlètes iront d’exploits en exploits pour remporter la plus prestigieuse des médailles. Mais Paris 2024 souhaite également lancer des initiatives autour des athlètes pour que ces JO ne soient pas seulement une compétition sportive. C’est l’objectif de l’incubateur cofondé par l’organisation et l’Agence Française du Développement (AFD). Destiné aux athlètes à la retraite ou encore en carrière, ce programme les aide à développer différents projets à impact social et environnemental.
Une boîte à outils
« On voulait aider les athlètes à s’assurer un avenir professionnel et durable après leur carrière », indique Paola Faber-Garcia, cheffe de projet Inclusion, Solidarité & Egalité au sein de Paris 2024. C’est dans ce but qu’un programme d’accompagnement de huit mois a été lancé en avril 2021. « On les a accompagnés avec un groupe d’experts sur différents aspects comme l’entreprenariat social, la levée de fonds, les pitchs. Le but était de prendre du recul sur des projets déjà développés où sur des idées de projets sans aucune structure juridique. Nous sommes une boîte à outils où les athlètes viennent chercher ce dont ils ont besoin ». Paris 2024 s’appuie ainsi sur des experts de Ticket For Change et de l’organisation africaine Yunus Sports Hub.
L’ancien volleyeur professionnel Emmanuel Schaller, appartenait à la deuxième catégorie lorsqu’il a intégré l’incubateur en début d’année dans la deuxième promotion. Son projet de torréfaction de cafés de spécialité dans un alpage de Haute-Savoie au sein d’une ferme datant de 1784 en était alors au tout début. « Aujourd’hui je suis en activité, explique l’ancien capitaine de l’équipe de Genève. Je travaille sur des cafés grand cru, 100 % bio et 100 % équitable en mettant un coup de projecteur sur la traçabilité. Je veux valoriser les terroirs où poussent les cafés, valoriser les femmes et hommes qui produisent ces cafés en Amérique-du-Sud, Afrique, Inde ou Indonésie ».
À la suite de sa fin de carrière sportive, le fondateur de Montagne Cafés avait l’occasion de prendre de l’expérience à la tête d’une ONG et du domaine skiable des Portes du Soleil. « Dans cet incubateur je suis venu chercher plein de choses. J’avais besoin de prendre de la hauteur, de me remettre en question, d’affûter ma posture entrepreneuriale. Il y a eu des thématiques qu’on a travaillé comme lutter contre le syndrome de l’imposteur, questionner la stratégie digitale, mesurer son impact, mettre en mot sa raison d’être, pitcher son entreprise… Ce sont des compétences qu’on a besoin de développer au long cours », développe Emmanuel Schaller.
Des athlètes résilients
« Ça a challengé mon projet, ajoute-t-il. Il y a aussi la recherche du collectif. J’ai fait du sport collectif pendant 22 ans et quand on est entrepreneur on doute souvent. Le fait de se retrouver avec d’autres sportifs dont certains préparent encore les jeux, c’est très inspirant. Ça fait du bien de retrouver cette mentalité de sportif que j’ai un peu perdue, isolé sur mon alpage ». Le passé d’ancien sportif et les qualités acquises durant cette première carrière sont également un atout pour entreprendre. « On a développé une résilience complètement incroyable, l’habitude du dépassement de soi, savoir se focaliser sur le collectif. Clairement m’a carrière m’aide aujourd’hui dans ma carrière d’entrepreneur », assure Emmanuel Schaller.
« Il y a des qualités qu’on retrouve chez tous les sportifs de l’incubateur, explique la Cheffe de l’innovation au sein de Paris 2024. Dans le programme c’est impressionnant. Ils ont comme trait commun d’aller dépasser leur simple histoire. Ils savent qu’ils peuvent jouer un rôle d’ambassadeur chez les jeunes, en laissant un héritage plus concret en créant une structure ». Les temps collectifs du programme permettent à chaque entrepreneur de s’inspirer des projets et des parcours sportifs de chacun.
Un avenir encore incertain après les JO
Un bootcamp a ainsi été organisé le 18 juillet dernier, dans la salle de boxe parisienne de Sarah Ourahmoune. Pensionnaire de la première promotion, la vice-championne olympique à Rio en 2016 a lancé l’académie Boxer Inside, pour transmettre, à travers la boxe, les valeurs du leadership aux jeunes filles. « Le thème de cette journée était le pitch. Une experte a balayé des règles d’or sur le pitch. On a eu un témoignage de Sarah Ourahmoune et on a eu une séance de boxe collective », explique Paola Faber-Garcia. « On a reçu des feedbacks des athlètes et de l’équipe Paris 2024, on a donné notre feedback. C’était intéressant et un contexte très friendly », indique quant à lui Emmanuel Schaller.
À deux ans de Jeux Olympiques, Paola Faber-Garcia est convaincu qu’il y aura une troisième promotion l’année prochaine. Mais l’avenir du programme à la suite de l’événement est encore incertain. « On essaye de tout penser pour que ça reste après 2024, promet-elle. En se donnant ce rôle de boites à outils, les athlètes devraient pouvoir continuer sans nous. On ne veut pas se rendre indispensable. L’AFD pourrait se saisir de ce programme. L’idée c’est que ça continue après 2024 ». Les projets passés par le programme seront frappés d’un label Impact 2024 qui restera lui au-delà de JO de Paris.
De nombreux sportifs retraités ou encore en carrière investissent dans des projets ou lancent leur propre entreprise :
- Blaise Matuidi (football) : L’international français a lancé en début d’année le fonds d’investissement Origins pour aider à financer des startups de la tech.
- Kylian Mbappé (football) : Le star du PSG a investi, au moins de juin dernier, dans la startup Sorare, une plateforme de NFT dans le football.
- Teddy Riner (Judo) : Le judoka a participé à la levée de fonds d’une marketplace spécialisée dans les articles de sport nommé Colizey. Il est également investi dans le développement auprès de Yogowo, une startup de coaching sportif.
- Mathieu Flamini (football) : Durant sa carrière de footballeur, Mathieu Flamini avait investi dans GFBiochemicals, positionnée dans la chimie verte. En début d’année, il a même réussi à lever 15 millions d’euros.
- Tony Gallopin (Cyclisme) : Le coureur français a pris des participations, en début d’année 2022, dans une startup de la sport tech : Les Bornées.
- Taïg Kris (Roller) : Après avoir lancé sa première entreprise OnOff dans les télécoms, Taïg Kris a poursuivi sa carrière d’entrepreneur en lançant l’an passé, un réseau social spécialisé dans les photos et vidéos.