Auditionnés par le Sénat, deux spécialistes de la géopolitique du sport ont évoqué le risque de désinformation russe durant les JO de Paris 2024, une stratégie cyber en réponse aux sanctions infligées à ses athlètes durant l’événement.
“Ce sont les Jeux Olympiques les plus politisés depuis la fin de la guerre froide”, avertit Jean-Baptiste Guégan, spécialiste de la géopolitique du sport, en raison du contexte mondial complexifié depuis les dernières années. La guerre en Ukraine ou le conflit au Proche-Orient font peser, à moins de deux mois de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024, de nombreux risques sur l’événement. “Les JO sont l’avant-scène des relations entre les États. Ces derniers s’étalonnent, se jaugent et y jouent leur image à l’international”, souligne Jean-Baptiste Guégan.
Durant ces quinzaines olympiques et paralympiques, les athlètes russes et biélorusses auront un traitement particulier, en raison de l’implication de leurs pays dans la guerre qui se déroule en Ukraine. Ni leurs drapeaux ni leurs hymnes ne seront présents lors des remises de médailles, ni durant la cérémonie d’ouverture où l’ensemble des délégations défilera. “Ce traitement est perçu comme une humiliation par le régime russe à laquelle ils veulent répondre”, explique Lukas Aubin, directeur de recherche à l’IRIS, spécialisé en géopolitique du sport et de la Russie.
Selon lui, une des réponses du régime de Vladimir Poutine serait la désinformation à travers des actions numériques, considérant le sport comme un instrument de pouvoir. “Ils voudront diffuser leur narratif en lançant des cyberattaques, des fake news sur les réseaux sociaux, des vidéos potentiellement virales”, précise Lukas Aubin. “Le but est de créer de la confusion dans les démocraties. La stratégie consiste à diviser l’Occident pour mieux régner”. Un cocktail de désinformation qui pourrait coûter cher à la France.
“À travers ces Jeux Olympiques et Paralympiques, il se joue la “marque France” pour la décennie qui vient”, assure Jean-Baptiste Guégan. Près de quatre milliards de personnes, soit la moitié des habitants de la planète, accéderont aux images de l’événement. “Au 21e siècle, le sport est devenu une arme”, ajoute Lukas Aubin, s’appuyant ensuite sur les propos du célèbre écrivain britannique George Orwell : “Le sport, c’est la guerre sans les balles”.