La Ville de Paris et Paris&Co ont lancé, la semaine dernière, leur première « Soirée HR Tech ». Par cette initiative, la Ville entend jouer le rôle de facilitateur entre les start-up spécialisées dans les ressources humaines et les DRH de grandes institutions publiques et privées. A suivre !
La foule était nombreuse ce vendredi soir dans l’Auditorium de l’Hôtel de Ville de Paris pour échanger en matière d’expériences et de bonnes pratiques autour de la thématique des ressources humaines. Un sujet majeur qui préoccupe de plus en plus de dirigeants et d’entreprises quel que soit leur secteur, dans le privé comme le public.
Cette première « Soirée HR Tech » pour Human Ressources Technologies de la Ville de Paris avait donc pour ambition de permettre la rencontre entre des entités à la recherche de solutions innovantes et des start-up désireuses d’apporter des solutions.
« Après le tourisme, le sport ou la culture, nous allons très bientôt lancer un appel à candidatures pour notre nouvel incubateur dédié aux ressources humaines », explique Loïc Dosseur, co-directeur général de Paris&Co, l’agence de développement économique et d’innovation de la Capitale, un sujet transversal comme la finance dans lequel émerge de nombreuses innovations. Tous les domaines des RH sont concernés que ce soit la conduite du changement, l’employabilité, le bien-être au travail, la formation, la gestion des carrières, les espaces de travail, le recrutement, la data, le prédictif ou le SI… « Nous ajusterons ensuite notre sélection finale en fonction des candidatures reçues ».
Remplir cet incubateur d’une vingtaine de start-up d’ici à l’été ne devrait poser aucun problème à Paris&Co : « Rien que pour pitcher lors de cette soirée de lancement, nous avons reçu plus de 120 candidatures, précise Loïc Dosseur. Il y a une vraie dynamique autour de l’humain actuellement. C’est LE sujet du moment pour beaucoup de groupes et de start-up que nous côtoyons tous les jours. Et il y a de vraies opportunités d’innovation en la matière au carrefour de ces deux mondes. »
« Nous ne sommes encore qu’au début de la compréhension des enjeux RH » Emmanuel Grégoire, Adjoint à la Maire de Paris
De son côté, Emmanuel Grégoire, adjoint à la Maire de Paris en charge des RH, services publics et modernisation de l’administration à la Mairie de Paris, intervenait en ouverture de la manifestation, pour détailler les besoins de la ville dans ce domaine. Et ils sont aussi nombreux que dans un grand groupe du privé, Paris étant aussi confrontée à des besoins de changement dans son organisation. « Nous faisons face à un double défi, explique-t-il. Le premier est un changement social très fort dans l’attente vis-à-vis des services publics [individualisation, hyperpersonnalisation…] avec une demande temporelle accrue d’accessibilité et de disponibilité, autant numérique que physique. Le deuxième phénomène est plus inhérent à toute organisation, c’est que nous devons nous adapter à nos usagers et, si nous ne le faisons pas, nous en mourons… Quelle image les citoyens ont de leur centre d’action sociale, de leur crèche, des services publics au sens large…
C’est pourquoi il faut piloter de façon transverse le changement de la Ville de Paris avec en priorité N°1 la relation usagers et la professionnalisation de l’expérience usagers. Nous voulons que les citoyens soient satisfaits du service qu’il leur est proposé, ce qui passe inévitablement par le numérique » (traitement individualisé, services en ligne…).
Face à ces changements de société, les agents vivent inévitablement une transformation de leurs métiers, autant en termes d’ampleur que de temporalité. Aujourd’hui, dans la fonction publique, on change de métier régulièrement dans de nombreuses fonctions, tel un développeur informatique qui verrait un langage disparaître… « Nous devons donc faire face à des enjeux statutaires, comme de formations initiale et continue, auxquels les outils numériques peuvent encore répondre. »
Priorités pour la Ville de Paris : la relation usagers
et la professionnalisation de l’expérience usagers.
La Ville a donc tout intérêt à faciliter les échanges sur les bonnes pratiques entre acteurs publics, privés et les jeunes pousses : c’est l’objectif de cette soirée. Parmi les grands sujets déjà identifiés par la Ville et sur lesquels elle travaille déjà : la formation au sens large, dont l’employabilité ; l’évolution des métiers, comment cela s’articule avec la robotique ? Comment on anticipe les disruptions en matière d’innovations technologiques susceptibles d’impacter le service public ?… Sans oublier surtout la dimension humaine pour accompagner le changement et l’analyse des métadonnées pour mener des actions préventives et prescriptives. « Nous ne sommes encore qu’au début de la compréhension des enjeux RH, conclut l’élu. Je pense vraiment que les technologies des ressources humaines est un secteur porteur, car c’est dans ce domaine qu’on arrivera à mettre en cohérence l’utilisation des outils numériques pour la conduite du changement. »
Vendredi soir, douze startupers ont présenté leur entreprise face à la cinquantaine de professionnels des ressources humaines qui avaient fait le déplacement, dont certains exerçant dans de grands groupes comme Orange ou Veolia. Cinq jeunes pousses parmi celles présentées sont d’ailleurs déjà susceptibles de candidater à la future plateforme d’innovation RH/EdTech qui sera mise en place par Paris&Co. Trois se développent sur le thème de la qualité de vie au travail ; une sur celui des carrières et de la formation, et la dernière est basée sur l’utilisation de la Big Data et des SIRH (lire l’encadré).
SIX jeunes pousses « RH » à découvrir *
1. We Hobby, entreprise de 8 salariés, propose des services de bien-être pour les sociétés avec environ 120 activités différentes qui s’articulent autour de 10 thématiques tels que l’art, la cuisine, le sport, le jeu ou la formation… Elles sont accessibles sur site, en extérieur ou à domicile pour tous les salariés. « Nous voulons permettre à chaque employé d’avoir facilement accès à une sélection de loisirs, d’apporter un meilleur bien-être et une meilleure qualité de vie au travail et de renforcer la cohésion des équipes », explique Charlélie Vallet, CEO et co-fondateur de We Hobby.
2. La plateforme de Supermood permet de sonder ses collaborateurs sur leur bien-être et leur engagement à partir de courts questionnaires anonymes, et de mesurer l’impact des actions de ressources humaines en temps réel. La jeune pousse, fondée en novembre 2015, compte aujourd’hui 8 salariés. « L’anonymat des réponses, et l’analyse que nous proposons va servir à améliorer l’image et la culture d’entreprise sans tomber dans le règlement de compte », explique Sim Bozko, membre de l’équipe Supermood, lors de sa présentation.
3. L’association Vendredi (ex-Stagiaires Sans Frontières) aide les individus à trouver un emploi où ils pourront travailler 4 jours par semaine en entreprise et 1 jour en association. Félix De Monts, le fondateur, explique ses motivations : « Nous sommes chaque jour plus nombreux à vouloir nous engager. Les projets, qui rendent la société plus belle, ne devraient pas être incompatibles avec le fait de gagner sa vie. Les entreprises ont désormais conscience que le travail est à ré-enchanter. »
4. Smart Hands-on développe des logiciels de d’apprentissage s’appuyant sur les mécanismes du jeu. Le processus de consolidation des acquis se repose ensuite sur des leviers comme la pratique en groupe, les apprentissages courts et ludiques et la recommandation ciblée de documentation théorique. Pour Haroun Ghanem, co-fondateur et CEO de la start-up, l’idée est que « l’individu ne jette pas des oiseaux sur des cibles ou casse des bonbons en vain, mais bel et bien cherche à apprendre et évoluer professionnellement ».
5. Audavox est un ChaBot qui permet de répondre (via messagerie ou sms) aux questions RH récurrentes par le biais de retours réactifs et instantanés. L’objectif est d’alléger le travail des équipes de la DRH grâce à une interface d’administration simple d’utilisation. « Un employé, va pouvoir savoir la veille au soir quelles sont les modalités et les documents à remplir pour rester avec son enfant malade par exemple », déclare avec enthousiasme Cyril De Sousa Cardoso, directeur associé en charge de l’Innovation d’Audalom, sur la scène de la soirée HRTech.
6. Beedeez est un créateur d’outils digitaux d’apprentissage. La start-up parisienne, fondée en 2015, compte 8 employés. « Nous avons créé Beedeez pour offrir un compagnon d’apprentissage mobile pour permettre d’apprendre tous les jours grâce à des capsules de connaissances courtes et ludiques ! En parallèle, la solution met à disposition un outil auteur intuitif pour que tout le monde puisse partager ses connaissances simplement », explique Julien Huelvan, l’un des quatre cofondateur de Beedeez, lors de son tour de présentation.
* Encadré réalisé par Jordan Dos Santos
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