Les Assises de la Parité, organisés par l’International Women’s Forum France ont été l’occasion de rappeler qu’en terme d’égalité homme-femme, la marche restait haute en entreprise, et en particulier dans le secteur du numérique.
Les Assises de la Parité ont montré que le chemin était encore long. A la question « les entreprises sont-elles sincères dans leur politique RSE », une écrasante majorité (78%) des répondants au baromètre Varian (ex Kantar Public) a déclaré qu’il s’agissait surtout d’une démarche impulsée par la pression externe. Et un français sur deux pense que la parité est un défi car « le gâteau ne veut pas être partagé ».
« Cela veut dire que n’est pas instinctif et que la législation pose un cadre », a commenté fin juin lors de la tenue des Assises, Aurore Bergé, ministre de l’Egalité entre les femmes et les hommes. Effectivement, on peut voir le verre à moitié plein ou à moitié vide. Mais les différents panélistes s’accordaient sur ce point pendant la journée : si des efforts de parité ont été engagés, ils doivent être intensifiés.
Les femmes restent moins représentées que les hommes dans les directions d’entreprise, dans les conseils d’administration, dans les fonds d’investissement, dans les sociétés de capital-risque. Selon les chiffres donnés par Giula Klara Kassous, l’objectif de 40% de femmes aux boards des entreprises n’est pas atteint. Enfin, lorsque des femmes portent des projets, elles sont souvent moins financées.
Les femmes entrepreneurs ont moins accès que les hommes aux financements
Comment l’expliquer ? En raison des acteurs déjà. « A l’échelle des business angel, on dénombre 10 à 15% de femmes. Nous sommes peu nombreuses. (…) Il y a aussi moins de femmes dans les fonds », relève Catherine Malaval de FBA (réseau de femmes business angels). « Les chiffres que l’on retrouve chez les business angels sont aussi ceux des venture capitals. Plus de 85% des partners de venture capital sont des hommes », complète Alexia Reiss, du collectif Sista, qui œuvre à a réduction des écarts de financement entre les femmes et les hommes entrepreneurs. Et cela empêche le développement de l’entreprenariat féminin selon Alexia Reiss qui voit la persistance de biais genrés dans la levée de fonds. Les hommes financent en priorité « ce qui leur ressemble ». La crédibilité perçue des projets portés par les hommes reste plus forte.
« Le secteur de la tech reste très genré au masculin (…) il y a encore moins de dirigeantes femmes dans la tech que dans le CAC 40 ». En cause des facteurs structurels prégnants : « les femmes restent moins nombreuses que les hommes dans les écoles d’ingénieurs, il y a aussi moins de femmes qui créent des entreprises », relève Alexia Reiss.
Dans le livre blanc sur l’actionnariat des femmes présenté par la FBA, d’autres facteurs genrés sont aussi éclairées. « Les femmes épargnent mais il y a plus de réticence vers l’investissement. ». Donc si les femmes investissent moins que les hommes, et que les hommes préfèrent investir chez leurs pairs, il n’est pas étonnant que le niveau de femmes entrepreneurs qui réussissent à lever des fonds soit si bas. Les projets portés par des entrepreneurs féminins représentaient seulement 2% des levées de fonds en 2024.
Le collectif SISTA accompagne les créations d’entreprises au féminin, qui sont en augmentation. Il y a désormais 25% des femmes qui créent des entreprises contre 15% il y a 5 ans. Mais qui dit entreprise dit financement. Pour les pistes à l’étude : « faire en sorte qu’il y ait plus de femme au capital des entreprises », relève Catherine Malaval. Et encourager la féminisation des filières d’ingénieurs ou de finance pour agir sur les causes structurelles.
Le bouleversement de l’IA générative
Lors des Assises de la Parité, un échange a été consacré au bouleversement attendu de l’IA en entreprise. Les panélistes ont convenu que l’IA était le catalyseur d’une « révolution marquée », qui va changer les métiers et la manière de fonctionner dans la société. Ils ont mis en exergue le volet réglementaire, et notamment l’IA Act européen adopté en mai dernier, construit de la même manière que la RGPD, pour influencer l’activité économique mondiale. La réglementation européenne crée ainsi une catégorie d’IA illégales, par exemple celles relevant du crédit social ou celles pouvant avoir une influence sur les humains. L’avocat rappelle le principe incontournable de « l’human in the loop », soit le contrôle des résultats générés par l’IA par une intelligence humaine. C’est le cas par exemple des experts médicaux qui contrôlent les diagnostics proposés par l’IA.
Quant à la diffusion de l’IA dans l’économie, Marion Charles pour le Crédit Mutuel Alliance Fédérale rappelle que les grandes entreprises n’ont pas attendu l’irruption de l’IA pour le grand public et que leurs travaux pour se l’approprier ont commencé dès 2015. Il s’agissait de se familiariser avec le cadre et les algorithmes. « Il était important au niveau bancaire de garantir vis-à-vis de nos clients l’auditabilité (..) et une fois la technologie maîtrisée de voir comment on la déploie au sein de l’entreprise ». Pour Marion Charles, il est « illusoire de penser qu’on peut la déployer partout dans toute l’entreprise »
L’IA générative est basée sur de la statistique, la proposition « du prochain mot probable ». Un des grands enjeux aujourd’hui est d’éviter les hallucinations. Marion Charles donne l’exemple de conseils financiers demandés à l’outil; où l’IA avait proposé un PEA joint, soit un produit financier qui n’existe pas. Encore une fois, le contrôle humain sera nécessaire à toutes les étapes pour garantir la fiabilité de l’information. Formation et acculturation seront clé pour exploiter le meilleur de l’IA et faire disparaitre des tâches fastidieuses.