Sigfox, fournisseur de connectivité pour l’internet des objets (IoT), dresse ce mercredi 14 février le bilan de l’année 2017, avec un chiffre d’affaires qui a doublé par rapport à l’année précédente. Un résultat qui fait craindre à son fondateur un risque de rachat, selon La Tribune. La société d’environ 400 salariés a par ailleurs annoncé un déploiement dans cinq nouveaux pays, après un renforcement de sa présence en Amérique latine, portant sa couverture à 45 États. Un développement qui suit les prévisions annoncées par Ludovic Le Moan, son co-fondateur et PDG. Entretien avec Patrick Cason, Head of Sales de Sigfox, sur les projets de l’entreprise.
| Cet article fait partie du dossier « Internet des objets : quand les services se réinventent »
Vous venez d’annoncer un déploiement de votre réseau dans cinq nouveaux pays. Que représente cette extension pour Sigfox ?
Patrick Cason. Avec l’arrivée de la Corée du Sud, des Émirats Arabes Unis, de la Hongrie, de la Malaisie et de la Suisse, nous sommes présents sur les quatre continents et comptons désormais 45 États dans notre réseau mondial, un chiffre en phase avec nos objectifs. Cela rassure nos clients de savoir que l’on suit notre plan. Pour rappel, nous visons un déploiement dans 60 pays à la fin de l’année. Nous recensons deux millions d’objets connectés en activité, l’objectif est d’en comptabiliser 6 millions fin 2018.
Y a-t-il des différences d’utilisation entre les différentes zones géographiques ?
Patrick Cason. Les cas d’usages sont similaires – les entreprises veulent toutes améliorer leur productivité, réduire leurs coûts et trouver de nouveaux services – mais les marchés sont différents. Par exemple, le secteur de la sécurité est exacerbé au Brésil, alors que l’Afrique du Sud tend davantage sur la logistique. En Europe, l’Espagne s’est lancée dans la prise de risque pour tester des solutions IoT tandis qu’en France, les acteurs sont hésitants, ils préfèrent attendre de voir ses potentialités avant de s’y engager. C’est la raison pour laquelle, après plusieurs communications, le nombre d’entreprises explosent actuellement. Nous sommes ainsi en train de nouer des partenariats avec des entreprises du CAC40. La Chine représente par ailleurs un gros potentiel.
Qu’est-ce qui pousse la Chine à s’intéresser au réseau IoT ?
Patrick Cason. La Chine a une grande problématique liée au maintien à domicile, elle compte plus de 200 millions de seniors et aucune solution de téléassistance n’a été déployée à ce jour. Nous leur avons à cet égard détaillé notre expérimentation avec le Conseil départemental du Loiret depuis trois ans : nous avons déployé, notamment avec la start-up Z#bre, des capteurs auprès de 10 000 personnes âgées pour effectuer un suivi des prestations et en faire une communication auprès des familles. Ce projet nous a permis de conclure un contrat de 300 millions d’euros début janvier avec la ville de Chengdu, et en partenariat avec Senioradom, pour déployer un réseau IoT dédié à la téléassistance, pour les seniors touchés par Alzheimer. Un algorithme analyse les données fournit par les capteurs de présence et d’ouverture de porte pour établir un script et déclencher une alerte en cas de déplacements anormaux ou de chute. Ce projet marque nos premiers pas dans le pays avant d’y déployer nos antennes dans une vingtaine de grandes villes.
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La santé constitue-t-elle votre principal domaine d’activité ?
Patrick Cason. Il s’agit d’un secteur en développement mais nous avons trois autres gros marchés. Le premier concerne la sécurité. L’IoT permet une surveillance sans investissement colossaux, les municipalités l’utilisent notamment pour veiller sur leurs châteaux d’eau. Le deuxième marché correspond au monitoring d’infrastructures, qui comprend par exemple le smart metering. La SNCF se sert des capteurs pour localiser ses wagons ou pour connaître la température des rails pour éviter toute dilatation. Le dernier secteur correspond à la supply chain et la logistique. Nous travaillons sur ces sujets entre autres avec Airbus pour assurer la traçabilité de leurs pièces détachées. Nous allons passer à l’étape suivante pour déterminer ce qu’on peut développer sur les autres usines. Ce qui est certain, c’est que l’IoT va révolutionner la logistique.
En quoi justement la logistique pourrait se transformer avec l’IoT ?
Patrick Cason. Grâce à l’IoT, demain on pourra imaginer traquer pour quelques centimes un colis dans l’Union européenne grâce au scotch qui le ferme, et avoir une information sur son ouverture. L’IoT permettra de faire des économies sur les stocks. Nous voulons aboutir à l’objet le plus petit, le moins cher et qui fonctionne en se passant de batterie. A Prague, nous avons ainsi commencé des expérimentations dans la logistique pour mettre au point des mini-device imprimés sur des bandes adhésives. Le lancement devrait se faire au 2e semestre 2018.
Avez-vous d’autres priorités pour l’année à venir ?
Patrick Cason. Nous cherchons à faire grossir l’écosystème de l’IoT, qui comprend les fabricants d’électronique ou les plateformes de connectivité. Dans ce cadre, nous procèderons au lancement d’un bootcamp multilingue et en accès libre à la fin du mois, destiné aux développeurs, aux facultés et à tous ceux qui s’intéressent à la technologie Sigfox. Il est fondamental pour nous de former les acteurs à ce marché. Intéresser les individus au fonctionnement de la technologie Sigfox est un moyen d’encourager une large adoption de celle-ci.
Sigfox et Louis Vuitton traquent les valises
Sigfox et Louis Vuitton se sont associés pour élaborer un traqueur de bagages destiné à la gamme de valises Louis Vuitton Horizon. Commercialisés à partir de ce mardi 3 avril, ces traqueurs permettront aux voyageurs de suivre leur bien dans les différents aéroports grâce au nouveau service de Sigfox, prénommé Monarch et avec lequel les appareils peuvent fonctionner dans toutes les parties du monde grâce à une reconnaissance automatiquement des normes locales de radiofréquence.
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