Anaplan, éditeur spécialisé dans le pilotage de la performance des entreprises*, vient de lever 100 millions de dollars. Le Français Frédéric Laluyaux, à la tête de l’entreprise californienne depuis la mi-2012, revient sur les raisons d’une croissance fulgurante.
Vous avez aimé Excel, vous préférerez Anaplan ! C’est la Rolls des tableurs de la génération big data. Plus de fonctionnalités, plus d’informations croisées, de multiples combinaisons pour gérer des situations différentes depuis un reporting clients, des calculs de coûts de revient, des paramètres de business plan, etc. Vous avez détesté Excel, vous adorerez Anaplan ! Un accueil plus convivial et une interface plus facile pour rendre la vie au travail plus « fun ». En somme, on marie les qualités de Microsoft et celles d’Apple, à l’ère du cloud et de la mobilité.
Une belle histoire, Anaplan ? Pour l’instant, ça y ressemble : une croissance exponentielle, les chiffres doublent tous les six mois. Ils étaient cinquante salariés au 1er janvier 2013, ils sont près de quatre cents aujourd’hui. Le chiffre d’affaires a triplé, passant de 30 à 90 millions d’euros. L’éditeur compte déjà des bureaux dans onze pays et deux datacenters, en Virginie pour les Etats-Unis et à Amsterdam pour l’Europe, en attendant bientôt un troisième à Singapour. Anaplan vient donc de lever sans problème 100 millions de dollars (73 millions d’euros) dans une levée privée, une sorte d’« IPO privée » (Initial public offering). Un petit chiffre comparé aux levées des Alibaba et autres Facebook… Mais un premier pas dans la cour des grands. Frédéric Laluyaux, son jeune patron, ne cultive pas le genre rebelle. Certes, le jean et le pull portés dans un grand hôtel parisien témoignent qu’il appartient à la tribu des techno-entrepreneurs. Mais il a la tête sur les épaules, tout en faisant partager son enthousiasme pour l’entreprise, mais, surtout, son produit, dont il se veut le premier vendeur. Il revient d’une tournée de trois jours à Moscou : « C’est fabuleux de voir les utilisateurs parler avec une telle émotion d’Anaplan. Ils passent de l’âge de pierre aux technologies agréables à utiliser. »
Faciliter la mise en œuvre
Anaplan, c’est une plate-forme de modélisation et de traitement des données. Elle permet à de grandes entreprises de résoudre des enjeux complexes : budget, business plan, vente, investissement… et d’organiser le travail entre collaborateurs. Par exemple, le plan de vente des 23 000 commerciaux de HP représente 120 milliards de cellules à combiner… « Nous aidons les géants à devenir plus agiles et les petits à grandir », argumente l’entrepreneur. Répondre à la complexité du monde et à l’exigence opérationnelle de simplification face à la masse des informations. Et permettre la convivialité, même dans l’univers professionnel : « Nous avons l’obsession de l’interface graphique et de la satisfaction client qui peut customiser son environnement. » Deloitte, Accenture, Salesforce, McKinsey, Diageo ont déjà souscrit des abonnements à Anaplan.
Anaplan existe depuis 2008, mais la société connaît une accélération sous la houlette de Frédéric Laluyaux, un Français tellement intégré dans l’American Way of Success. Il forme un tandem avec Michael Gould, l’un des deux fondateurs et « trouveur » d’Anaplan, « Chief Architect » comme il se présente. Ce mathématicien, diplômé d’Oxford, a travaillé plus de cinq ans au développement de ce moteur de recherche et d’agrégation de données. « Des savants de son niveau, il n’y en a pas dix dans le monde », commente le PDG, encore ébloui de cette rencontre qui a bouleversé sa vie.
« Chez SAP, je connaissais le marché et ses besoins. Je me suis immédiatement rendu compte que nous tenions LA solution. Et j’ai su tout de suite que je pourrais travailler avec Michael. » Un mois plus tard, la famille s’installait à Palo Alto (Californie). Il abandonne une situation confortable de patron de branche chez SAP et divise son salaire par deux. Un package, « très classique », lui promet la fortune si la réussite d’Anaplan est au rendez-vous. En fait, Frédéric est retombé dans la marmite de l’entrepreneur qu’il est resté. Il a créé sa première entreprise à 22 ans, une société de lecteurs de codes-barres. Et évoluera
* EPM pour Enterprise Performance Management