L’édition 2023 de l’enquête sur l’attractivité des métiers de la cybersécurité réalisée par l’Anssi entendu mobiliser l’écosystème pour éviter de faire du manque de compétences cyber une fatalité.
Pour la troisième année consécutive, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) présente sa nouvelle enquête sur « L’attractivité et la représentation des métiers de la cybersécurité vues par les professionnels » de l’Observatoire des métiers de la cybersécurité. Vouée à se confronter à la « réalité de terrain » vécue par les professionnels du secteur, cette édition 2023 met en lumière trois actions indispensables pour faire face à la pénurie de talents cyber : travailler l’image du secteur, mieux structurer la filière et améliorer les conditions de travail.
Une évolution constante de la menace cyber qui oblige à l’action sur le terrain pour contrer la pénurie de talents
Alors que le Panorama de la cybermenace 2023 de l’Anssi fait état d’un niveau de la menace en constante augmentation, avec des attaquants qui ne cessent de s’améliorer, entreprises et administrations se doivent de renforcer leurs capacités de défense. En conséquence il apparaît indispensable pour chaque organisation de pouvoir s’appuyer sur des professionnels qualifiés dans le domaine de la sécurité des systèmes d’information (SSI) nous rappelle l’agence.
Or, la pénurie de talents en cybersécurité que connaît actuellement le secteur engendre de grandes difficultés dans le recrutement et une forte tension sur le marché du travail. Dans son enquête menée auprès de plus de 2 250 personnes, en 2023, l’Observatoire des métiers de la cybersécurité de l’Anssi a choisi de mettre en avant en particulier trois leviers qu’elle juge indispensables pour y faire face.
Une image du secteur à mieux travailler
Si professionnels et jeunes en formation s’accordent à dire que la cybersécurité est un domaine d’importance majeure, d’avenir, créateur d’emploi et en évolution permanente, la comparaison de leurs visions respectives démontre une certaine méconnaissance de la réalité du terrain par les étudiants. À titre d’exemple, 80% des professionnels estiment que l’exercice des métiers requiert un fort relationnel, tandis qu’ils ne sont que 62% parmi les jeunes en formation « cybersécurité » à le penser, et seulement 48% parmi les jeunes en cursus « informatique ».
Face à ces constats, l’essentiel des propositions faites par les professionnels au cours de l’enquête visent à améliorer la communication sur la filière. Pour favoriser l’orientation vers les cursus numériques et la cybersécurité, il conviendrait selon eux d’aller vers une éducation aux usages numériques et à la cybersécurité, de démystifier et diversifier les représentations du secteur, ou bien encore de développer une culture cyber sociétale et professionnelle.
Une filière à mieux structurer
Le manque de lisibilité des métiers du numériques est un des principaux freins à l’orientation qu’il faut lever pour atteindre les objectifs ambitieux de la France en termes de formation. Il est donc devenu impératif de donner un accès facile à ces métiers aux lycéens, parents, jeunes filles, ou encore personnes en reconversion. Selon sa cartographie, la Grande Ecole du Numérique (GEN) scinde les métiers du numérique en six grandes familles avec pour chacune des postes spécifiques. Elles sont : la communication digitale et marketing, le pilotage stratégique, le développement et les tests, les interfaces et graphismes, la data et l’IA, la sécurité et le cloud.
L’image élitiste et très technique des métiers reste en effet trop présente. Dans l’enquête mené par l’Anssi, les professionnels plaident pour une démocratisation des profils et des parcours pouvant amener à la cybersécurité. En effet, ils ne sont pas tous eux-mêmes des « natifs cyber ». En raison du manque de lisibilité dans l’offre de formation, ils misent aujourdhui sur les reconversions professionnelles ou la prise en compte des compétences acquises en dehors des cursus de formation habituels. Enfin, les professionnels invitent à développer les filières de formation en mettant notamment en place des spécialisations dès le lycée.
Des conditions de travail à améliorer
Enfin, l’Observatoire met en avant le levier de l’amélioration des conditions de travail, au travers d’un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Certains métiers, tels que ceux du conseil, semblent bien plus favoriser cet aspect que d’autres, comme ceux de gestion et sécurité de projets. Par ailleurs, seuls 63% des professionnels sondés estiment avoir un métier reconnu et valorisé socialement. Outre le développement dans le secteur privé d’une culture cyber essentielle pour pallier ce ressenti, le levier de la rémunération n’est pas à négliger dans le secteur public. En ce sens, agir sur le déficit de rémunération et le type de contrats, parfois qualifiés de peu attractifs, sont les leviers principaux à faire évoluer afin de conserver les talents.
« Si le travail mené par l’Observatoire met en lumière les grandes différences entre une vision « stéréotypée » des jeunes et la réalité du terrain vécue par les professionnels, elle permet également de se projeter sur les actions indispensables pour faire face à la pénurie de talents. Ces leviers sont un défi que nous devons tous relever pour continuer à renforcer nos capacités de défense de la Nation » a tenu à rappeler Vincent Strubel, directeur général de l’Anssi.