Philippe Chaventré, Directeur Systèmes Personnels chez HP France, revient sur la scission d’HP et la stratégie mise en place à la rentrée 2015 pour le monde professionnel et le monde éducatif.
HP a récemment annoncé que l’entreprise allait se séparer en deux entités distinctes le 1er novembre prochain, quelle est l’objectif de cette scission ?
Nous aurons d’un côté HP Inc qui regroupera les activités liées aux PC et imprimantes et de l’autre, Hewlett Packard qui s’occupera de la fabrication de serveurs, d’équipements de stockage de données et la fourniture de services informatiques et logiciels. Cette scission est avant tout un moyen de permettre à chacune de ces activités de se développer sur leurs marchés respectifs, avec leurs propres règles et leur propre tempo. En étant plus petit, nous serons plus agiles. Nous pourrons nouer de nouveaux partenariats et aurons ainsi une meilleure réactivité pour répondre aux besoins de nos clients.
Cette scission a-t-elle eu un impact sur votre stratégie pour la rentrée 2015 ?
Nous souhaitons répondre aux attentes d’un marché qui se tourne de plus en plus vers le cross-canal. Que ce soit les entreprises ou l’Education Nationale, qui fait partie de clients majeurs, nous constatons une demande croissante pour les terminaux mobiles, comme les tablettes. Nous cherchons à proposer un ensemble de solutions qui répondent aux attentes en termes de prix, de capacité de distribution et avoir une réactivité forte sur les supports après-vente.
L’Education Nationale fait-elle l’objet d’une stratégie particulière ?
Fournir des produits à l’Education Nationale est un véritable défi, tant par le nombre d’unités que par leur dispersion sur le territoire. Dans les lycées et collèges il n’y a pas de DSI, au mieux un référent informatique. Il faut donc fournir des produits « clef en main », adaptés, résistants et proposer un service après-vente immédiatement disponible.
Comment répondre à ces problématiques ?
Les ordinateurs que nous vendons à l’Education Nationale sont désormais équipés de deux logiciels d’administration de flotte. « Touchpoint Manager » se situe au niveau de l’établissement. Il permet d’administrer une flotte entière de produits fixes et mobiles. Le référent informatique pourra télécharger une nouvelle application et l’appliquer à l’ensemble des périphériques, gérer les droits d’accès au Wifi ou vérifier l’état de santé des batteries d’un appareil en particulier. Ceci de façon simple et intuitive. L’autre logiciel, « Classroom Manager » donnera à un enseignant le contrôle des machines de tous les élèves dans sa classe. Le professeur aura la possibilité de scripter une heure de cours, d’organiser des contrôle ou encore mettre en place des groupes de discussions pour instaurer un débat dans la salle de classe.
En somme vous avez verticalisé votre approche…
Nous devons nous adapter à chacun de nos clients. Pour l’Education Nationale, nous apportons une offre plus complète, en particulier sur le service après-vente. Nous avons élargi notre réseau de partenaires pour la maintenance informatique afin que les établissements aient des réparateurs locaux qui puissent intervenir rapidement.
Et concernant votre offre professionnelle ?
La grande majorité de nos clients renouvellent leur parc informatique d’un tiers tous les trois ans, ils attendent donc des produits stables afin d’anticiper à l’avance le budget nécessaire au rachat de nouveaux ordinateurs. Nous devons aussi être en capacité d’apporter des réponses à une demande nouvelle : les terminaux mobiles.
Cette nouvelle demande a-t-elle un lien avec l’affaissement du marché des fixes et portables ?
Il est vrai que 2015 est une mauvaise année pour les fixes et portable, comparée à 2014. L’arrêt du support Windows XP par Microsoft l’an dernier a eu un impact majeur : beaucoup de sociétés en ont profité pour renouveler leur parc. De plus la sortie de Windows 10 cette année et le fait que Microsoft l’annonce gratuit et compatible avec les machines actuellement en service vient amplifier artificiellement l’effondrement du marché des PC en 2015. Cependant si on regarde sur une longue période, les 10 dernières années par exemple, la moyenne des ventes de portables et fixes dans le monde professionnel reste stable à environ 4 millions d’unités. Le terminal mobile est un nouveau marché qui vient en complément, pas en concurrence. Une tablette n’a pas vocation à remplacer un ordinateur, elle permet dans certains cas de faciliter le travail des employés. C’est pourquoi ce marché est totalement dissocié de celui des PC traditionnels.
L’avenir est-il à l’hybride ?
Le détachable est certainement la réponse de demain. En moyenne nous passons 80% de notre temps à faire de la production de données, un écran large et un clavier sont alors indispensables. Dans les 20% restant nous faisons de la visualisation de données et le tactile facilite grandement la navigation. Partant de ce constat l’hybride devrait, selon moi d’ici 3 ou 4 ans, s’imposer dans la plupart des grandes sociétés. C’est cependant un produit encore nouveau, il s’adapte très bien à certains usages actuels, notamment dans le commerce pour l’accueil client. Mais toutes les catégories de métiers ne sont pas impactées de la même manière. Les entreprises n’ont pas le même niveau de maturité dans leur transition numérique, pour certaines l’utilisation de l’hybride entrainera de nouvelles pratiques de travail. Les chefs d’entreprises ont ainsi du mal à évaluer les gains de productivité possible en équipant leurs employés d’une flotte d’hybrides. Ils perçoivent encore ces investissements comme coûteux et risqués. Ceci pose un frein au développement du marché. Du côté d’HP, la technologie est prête et nous serons en capacité de répondre à cette demande.