Aujourd’hui, il ne suffit plus d’innover ! Il faut innover « vite, beaucoup et en mode collaboratif » pour être le plus efficient possible. Pour accompagner les entreprises à sortir de leur zone de confort, Accenture a récemment ouvert un centre d’innovation à Paris. Une sorte de « fablab » pour les grands.
L’équipe du Paris Innovation Center d’Accenture avec, notamment, à droite, Albane Liger-Belair, la directrice du centre et, à gauche, Pascal Delorme, le directeur exécutif de l’entité Accenture Digital en France et au Benelux.
A l’heure où le digital pénètre tous les secteurs économiques et à tous les niveaux, les métiers du conseil se doivent d’évoluer également. Fini le temps où le consultant venait pour ausculter une entreprise, puis annonçait son verdict… Dans ce domaine aussi, la chaîne de valeur est bouleversée. Elle doit être totalement repensée, à commencer par la façon dont le conseil est rémunéré… Comme leurs clients, les cabinets d’audit et de conseil doivent aussi savoir pratiquer le collaboratif.
Accenture l’a bien compris et inaugurait récemment à Paris, à deux pas du futur incubateur de la Halle Freyssinet dans le XIIIème arrondissement, son nouveau « centre d’innovation », dirigée par Albane Liger-Belair. Un lieu atypique encore chez ce type d’acteurs. Chez Accenture (31 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2015 et 600 millions investis en R&D), le digital représente aujourd’hui 40 % des revenus, soit 6 milliards de dollars sur les six premiers mois de l’exercice en cours.
A cette occasion, Christian Nibourel, président d’Accenture en France et Benelux, expliquait d’ailleurs : « Toutes les entreprises sont aujourd’hui confrontées à la disruption digitale et leur meilleure défense reste l’innovation. Accenture répond à ce besoin en rassemblant ses capacités d’innovation au sein d’un espace unique, notamment ses méthodologies éprouvées en matière d’idéation, ses expertises des technologies digitales et sa connaissance approfondie des différents secteurs économiques. »
Unité de lieu et contrainte de temps
Après quatre à six semaines d’immersion chez le client et une première synthèse réalisée, l’objectif de ce centre et de l’équipe de consultants dédiée d’Accenture est d’accompagner l’entreprise, hors ses murs, à imaginer les innovations de demain ; anticiper leurs futurs business models ; repenser leur stratégie numérique et, surtout, créer de nouveaux produits et services pour éviter de se faire « disrupter »… Le tout en mode start-up pour des groupes d’une dizaine de salariés, sur des temps allant de 2 à 5 jours.
L’originalité ? Cet environnement immersif d’Accenture propose aux entreprises des parcours en quatre étapes d’innovation personnalisés (de la génération d’idées jusqu’à leur concrétisation), autour d’une problématique business et d’objectifs spécifiques à l’entreprise cliente. Facturée jusqu’à 60 000 euros, la prestation séduit. Accenture affiche complet jusque fin juillet. « On espère accueillir une quinzaine de workshops cette année, 25 en 2017 », précise Pascal Delorme, directeur exécutif de l’entité Accenture Digital en France et au Benelux.
Voyage en quatre étapes autour de l’exploration, l’idéation, les tests et le développement rapide d’idées…
Plongée dans le « fablab » d’Accenture
Le voyage dans le futur
Centre d’innovation d’Accenture Interactive de Sophia-Antipolis (Alpes-Maritimes)
En fonction de votre projet et de votre secteur, tout démarre par l’exploration de l’état de l’art d’aujourd’hui et demain. Le but : inspirer ! Aussi, pour vous faire comprendre les nouveaux challenges et opportunités de votre secteur comme imaginer des futurs possibles, Accenture s’appuie sur une multitude de ressources internes, à commencer en France par son Centre d’innovation de Sophia-Antipolis (Alpes-Maritimes), spécialisé dans les médias sociaux, la blockchain et la réalité augmentée.
Les Accenture Labs, un réseau mondial de plus de 200 chercheurs répartis dans six laboratoires, passent continuellement au crible les dernières innovations, et créent de nouvelles applications pour les clients. Sophia-Antipolis est le seul centre de R&D en Europe du groupe, qui en compte deux autres dans la Silicon Valley et à Washington DC (Etats-Unis) ; un à Bangalore (Inde) et un autre à Beijing (Chine).
Plongée dans le « fablab » d’Accenture
Le choix d’une stratégie d’innovation
L’une des salles de l’innovation center
Ici, après la synthèse détaillée sur le parcours fait par l’équipe d’Accenture au sein de l’entreprise cliente, c’est l’heure de la présentation de tendances fortes de leur part, puis de la réflexion pour l’équipe de salariés présents… Le but : convertir les intuitions en intentions et co-construire une vision partagée afin d’engager collectivement et individuellement.
Plongée dans le « fablab » d’Accenture
L’idéation dans la « White Room »
L’une des salles de l’innovation center
Dans cette salle entièrement blanche où l’on peut écrire et se lâcher sans entrave du sol au plafond, on vous pousse à partager toutes vos idées de scénarii et in fine de concepts d'usages. Ce qui vous permettra d’anticiper et de prioriser les solutions à mettre en œuvre… le but : innover autour d’un produit ou d’un service.
Dans l’étape suivante, peuvent intervenir les Data Scientists d’Accenture, autour de jeux de données fournies par le client, structurées ou pas… et éventuellement complétées par de l’Open Data… Toutes les données sont gérées via une plateforme hébergée dans un cloud privé.
Cette étape peut aller jusqu’à des ébauches d’applications (via Accenture Liquid Studio) permettant de voir ce qu’un « produit fini » (obtenu en quelques semaines) pourrait apporter à ses équipes internes… Un gestionnaire de flottes de camions souhaitait par exemple optimiser ses flux grâce à des modèles de prédiction de pannes notamment et une localisation des garagistes susceptibles d’intervenir rapidement… Cette scénarisation sur un cas réel a abouti à la sortie d’une « maquette », actionnable rapidement pour la société.
Plongée dans le « fablab » d’Accenture
Vos idées à l’épreuve
L’une des salles de l’Innovation Center
Voilà le tour est fini. Ici, vous pouvez expérimenter et tester les solutions… Changer et remodeler les business models grâce aux observations et prouver la viabilité, faisabilité et désirabilité pour les décisionnaires…
A cette étape, les clients peuvent aussi avoir accès au programme d’Open Innovation d’Accenture, déployé dans douze pays. Son but ? Identifier les start-up prometteuses et les pousser auprès de leurs consultants et clients. Le catalogue interne répertorie à ce jour 2 000 jeunes pousses, dont les start-up françaises Mip Robotics, Intersec, Adways, Agorize… « On compte aussi beaucoup sur la futur Halle Freyssinet à deux pas pour enrichir notre catalogue », poursuit le dirigeant qui rappelle les trois axes de collaboration avec les jeunes pousses : la co-innovation (client/start-up/Accenture) ; l’accélération de start-up ; et le développement d’offres communes (start-up/Accenture) comme c’est le cas par exemple avec Manzalab (réalité virtuelle et formation) et Retail Reload (RFID dans magasins), qui a notamment levé 1 million d’euros fin 2015 et prévoit déjà une nouvelle levée de fonds en 2017 de 2 à 3 millions.
Plongée dans le « fablab » d’Accenture
Fjord, l’expert du design d'interfaces
Isabelle Kocher, directrice générale d'Engie et Mark Curtis, directeur de Fjord (Accenture Interactive)
Le centre d’innovation de Paris s’appuie sur différentes expertises et compétences internes d’Accenture pour nourrir le processus d’idéation et permettre la mise en oeuvre rapide des innovations. Par exemple, Engie travaillera avec Fjord, le studio de design et d’innovation d’Accenture Interactive, pour réinventer son modèle de commercialisation et créer les services digitaux susceptibles de bouleverser le marché (expérience client).
Récemment nommé CDO d’Engie, Yves le Gélard (ex-DSI) assurera le suivi du plan de transformation numérique du fournisseur d’énergie. Ces annonces ont été faites en mai dernier (photo).