Jean-Philippe Poirault, directeur général d’Atos France, leader international de la transformation digitale, revient sur l’impact du Covid-19 sur l’entreprise et son rôle pour faire naître une politique française ambitieuse dans le numérique.
Atos a traversé plusieurs phases durant ces dernières semaines. Il y a bien sûr eu la volonté d’assurer la sécurité et la santé des salariés avec la généralisation du télétravail à plus de 95 % en quelques semaines (y compris en Inde). Ensuite, il a fallu prendre soin des clients dans le monde entier (industrie, R&D, santé, nucléaire…), en leur assurant la continuité d’activité, au travers d’offres spécifiques durant la crise et, aujourd’hui, pour l’après-crise.
Aujourd’hui, un « New Normal » est en train de se redéfinir, avec une accélération du télétravail, qui de 10/15 % du temps devrait atteindre rapidement les 40 %. A condition que les outils collaboratifs s’enrichissent et que le management d’équipe ou à distance évolue.
Autre changement du à la crise : la sécurité des infrastructures informatiques doit être renforcée en parallèle d’une accélération de la transformation digitale (via le cloud), avec la question de savoir où l’on positionne les applications critiques de l’entreprise… Certaines applications resteront dans un datacenter dans des zones géographiques protégées, avec des déportements vers le cloud public en complément. La notion d’hybride cloud et de cloud sécurisé va se poser de plus en plus…
La crise Covid-19 impose également aux entreprises de revoir leur « plan de continuité d’activité ». Certaines se sont aperçues que leur plan n’était pas assez solide pour permettre une reprise suffisante de leurs activités…
Les plus petites entreprises du BtoB aussi vont se mettre à la digitalisation de leurs activités, notamment dans le cloud, en testant des solutions beaucoup plus rapidement. L’avancée de l’IoT, de la 5G, du edge computing… devraient aussi accélérer ce mouvement.
Sur tous ces sujets, nous avons devant nous beaucoup d’opportunités. Y compris au niveau européen sur la gestion des données, leur sécurisation et leur monétisation pour en garder la valeur. « Nous passons d’une industrie de possession matériels à une industrie numérique où l’échange des produits n’existera quasiment plus. Tout se jouera sur les données. »
Des plateformes d’échanges de données au niveau sectoriel vont également apparaître, comme cela existe dans le monde du BtoC (retail). « Il y a un vrai besoin industriel d’un acteur neutre qui sécurise et organise les données et permet l’échange », conclut le dirigeant.