Pôle de compétitivité – Cap Digital même cap nouvelle démarche

Ce sont désormais les besoins des marchés qui donneront le « la » en termes de projets de recherche. Huit marchés cibles ont été identifiés par le pôle avec, en ligne de mire, le développement de produits pour favoriser leur transformation numérique.

Le siège de Cap Digital, à Paris

Ce sont désormais les besoins des marchés qui donneront le « la » en termes de projets de recherche. Huit marchés cibles ont été identifiés par le pôle avec, en ligne de mire, le développement de produits pour favoriser leur transformation numérique.

Les pôles de compétitivité sont en mouvement. Ils sont entrés dans leur phase 3 et ont mis en place leur stratégie pour la période 2103-2018. Elle prend en compte le souhait du ministère du Redressement productif de les voir étendre leurs prestations vers l’innovation, c’est-à-dire l’accompagnement de la mise sur le marché de produits, au- delà donc de leur traditionnel soutien à la R&D.

Cap Digital, pôle francilien des contenus et des services du numérique, et l’un des plus gros pôles français, évolue donc. Il le fait d’autant plus qu’il se trouve dans un secteur en perpétuelle ébullition, qui l’oblige à réexaminer en permanence sa stratégie. Songez-y, lors de son lancement en 2006, le marché du smartphone était quasi inexistant (Apple a lancé l’iPhone début 2007), quant à celui des tablettes… Quels sont les changements majeurs que traduit la stratégie 2013-2018 de Cap Digital ? Le premier est clairement une orientation « marché » avec, en ligne de mire, le développement de produits. Le deuxième, complémentaire, consiste en un renforcement de l’effort sur l’aide à la transformation numérique de l’industrie et des services. « C’est une évolution logique qui correspond bien à la montée en puissance du pôle », explique son délégué général, Patrick Cocquet. Un changement qui ne remet pas en cause la vocation du pôle telle qu’il la décrit : « La raison d’être de Cap Digital est d’organiser un écosystème sur un territoire et de faire en sorte que tous les acteurs concernés travaillent ensemble et partagent des stratégies communes. » Belle définition d’un pôle qui vise quatre objectifs : l’innovation au sens large, le développement économique, l’attractivité du territoire et l’internationalisation des entreprises.

Si le but reste inchangé, la nouvelle stratégie de Cap Digital représente en tout cas un renversement complet de la démarche. Elle a conduit le pôle à identifier huit marchés cibles auxquels appliquer les technologies du numérique (lire encadré p. 46). Des marchés choisis pour leur importance stratégique, leur taille et leur potentiel de croissance, mais surtout parce qu’ils sont ceux sur lesquels le numérique a déjà ou aura, à terme, l’impact le plus significatif. Résultat : ce sont les besoins de chacun des marchés qui initient les pistes de développement technologique et les projets de R&D. « La question que nous nous posons désormais est : comment exploiter au mieux le potentiel de chacun de ces marchés avec les technologies », précise Patrick Cocquet.

20 000 entreprises spécialisées dans les TIC en Île de FranceEn complément de la définition de ces marchés privilégiés, la stratégie 2013-2018 s’appuie sur neuf leviers de transformation, pas tous technologiques d’ailleurs. Ils ont vocation à être mis à profit par tout ou partie des marchés visés. Trois de ces leviers sont particulièrement importants et constituent, en eux-mêmes, des « marchés technologiques ». Ce sont : la donnée, matière première de l’économie numérique, et son usage via les big data qui s’imposent dans tous les secteurs cibles, la robotique de service (un marché de 100 milliards d’euros à l’horizon 2020) et, en troisième lieu, le design, qu’il s’agisse d’améliorer l’expérience utilisateur, d’hybrider les mondes réels et virtuels, ou de connecter des objets.

 

500 projets labellisés et financés
Cette réorientation vers des marchés soigneusement définis et la volonté d’accompagner la transformation numérique des entreprises qui y agissent a d’ores et déjà pour effet de modifier la composition des entreprises qui travaillent avec Cap Digital. Ainsi, du côté des grands groupes participant au pôle (au nombre d’une trentaine) sont récemment venus s’ajouter des nouveaux venus tels que Voyages-SNCF ou Sanofi. Fort de cette vision stratégique qui va désormais orienter ses choix et favoriser le passage de la R&D aux produits, le pôle, et la trentaine de personnes qui s’en occupent, va continuer à mener les trois grandes activités qu’il a développées au cours de ses sept premières années d’existence, à savoir la mise en réseau de ses membres et la réflexion sur l’avenir des secteurs de son domaine, les projets collaboratifs et le service aux PME.

Comme pour tous les pôles, les projets collaboratifs de R&D sont le cœur même de l’activité de Cap Digital. Près de 500 projets ont été labellisés et financés depuis 2006 et ne représentent, au bout du compte, qu’un peu plus d’un quart de tous ceux qui sont soumis, soit en moyenne 280 par an – avec des pointes à 450 en 2009, 2011 et 2012, dus à des événements exceptionnels (volet numérique du plan de relance en 2009, programme d’investissements d’avenir-PIA, en 2011 et 2012). C’est dire le dynamisme de l’Ile-de-France en matière de numérique ! Au total, Cap Digital a ainsi soutenu plus d’un milliard d’euros de recherche collaborative depuis sa création, dont 441 millions d’aides publiques. Qui sont les principaux financeurs ? En pole position, le Fonds unique interministériel (FUI) et le Fonds européen de développement régional (Feder). Ils ont soutenu une centaine de projets pour un montant de 209 millions d’euros. La deuxième marche du podium est occupée par l’Agence nationale de la recherche (ANR) : 150 projets pour 98 millions d’euros. Sur la troisième marche, le PIA qui, en deux ans seulement, a financé 42 projets, apportant 78 millions d’euros gérés par le Fonds pour la société numérique et l’ex-Oséo (désormais Bpifrance).

L’une des originalités de Cap Digital est d’avoir développé très fortement le volet « services » afin de favoriser le développement des start-up et des PME du secteur du contenu et des services numériques. « Nous avons commencé dès 2009 en nous associant au plan filière régional, soutenu financièrement par la région Ile-de-France, la Direccte et l’Europe », rappelle Patrick Cocquet. Il en est issu une vaste panoplie de services dont la plupart sont accessibles à toutes les PME d’Ile-de-France, membres ou non de Cap Digital. Ces services, dont la majorité peut faire l’objet d’une aide publique dans le cadre du plan filière, sont liés à toutes les étapes clés du développement : financement, accès aux marchés, gestion des ressources humaines, internationalisation…

Par exemple, un service comme Digital Invest (en partenariat avec France Business Angels et l’Association française des investisseurs en capital) propose un coaching individualisé afin d’aider une start-up à la formalisation de son business plan et sa valorisation auprès d’investisseurs. Un service de conseil en marketing stratégique fournit, lui, un accompagnement individualisé sur les thèmes tels que le marché, le modèle de prix, le nom, la stratégie de marque ou la stratégie commerciale. Ou encore, diACT RH propose de faire le point sur les pratiques des ressources humaines des entreprises afin d’améliorer leur organisation à travers un diagnostic et un accompagnement ad hoc.

 

Stratégie 2013-2018Favoriser l’implantation aux États-Unis
Plus récemment, Cap Digital a développé dans ce cadre un ambitieux programme mené en partenariat avec l’accélérateur US Market Access Center (US MAC), pour favoriser l’implantation des start-up franciliennes du numérique aux États-Unis. Il propose, sur huit semaines, un programme d’accompagnement personnalisé et immersif, afin que les start-up puissent faire leurs preuves sur le sol américain. Une première promotion de cinq entreprises en a bénéficié et deux sont déjà en cours d’installation dans la Silicon Valley.

Autre innovation, la mise en relation de start-up et de grands comptes avec le double objectif de favoriser l’accès au marché des premières et d’aider à la transformation numérique des seconds. Une première a eu lieu en 2012 avec l’Association des agences-conseils en communication (AACC). Elle a sélectionné neuf couples agences/start-up qui ont travaillé ensemble durant neuf mois, le but étant d’intégrer les services et les technologies des start-up dans les propositions commerciales des agences participantes. Pour l’édition 2013, treize agences sont engagées et il reste à choisir leurs treize alter-ego parmi vingt-cinq start-up présélectionnées.

Ce type de service ne s’adresse évidemment pas à n’importe quelle entreprise. Pour cette raison, Cap Digital achève la construction d’un système d’information qui regroupe toutes les caractéristiques de ses nombreux membres. Ils sont 777, dont plus de 80 % de start-up et PME (400 de moins de dix personnes), 30 grands groupes, 50 établissements publics écoles et universités et une dizaine d’investisseurs en capital. Le but est de mieux les connaître afin, d’une part, d’être en mesure de proposer des services adaptés et, d’autre part, de sélectionner les entreprises les plus à même d’en profiter en fonction de leur profil. Un système d’information dans un pôle voué au numérique ? Cela semble aller de soi. C’est pourtant une première, assure Patrick Cocquet.

 

La manifestation Futur en Seine, dont le commissaire est Jean-Louis Fréchin, fondateur et directeur de l’agence NoDesign, organisée depuis 2009 par Cap Digital, est rapidement devenue « le plus gros événement numérique d’Europe ». « Le plus gros événement numérique d’Europe »
La manifestation Futur en Seine, dont le commissaire est Jean-Louis Fréchin, fondateur et directeur de l’agence NoDesign, organisée depuis 2009 par Cap Digital, est rapidement devenue « le plus gros événement numérique d’Europe ». En 2013, cette fête francilienne du numérique a rassemblé pendant dix jours plus de 70 000 visiteurs à travers des expositions d’innovations, des ateliers, des conférences, des concerts, des films, des expositions ou encore des parcours numériques. Au total, une bonne centaine d’événements présentés sur l’ensemble du territoire francilien.

Fort de son succès, Futur en Seine repart de plus belle pour sa cinquième édition en 2014. Elle se tiendra cette fois au centre de Paris : au théâtre de la Gaîté Lyrique, au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) et dans le square Emile-Chautemps. Les festivités numériques auront lieu du 12 au 15 juin et le festival se poursuivra partout en Ile-de-France jusqu’au 22 juin 2014.

 

logiciel Golaem Crowd, un plug-in Autodesk Maya pour la simulation de foules 3D, à destination des effets spéciaux numériques visuels. Cette technologie a été utilisée lors de la réalisation du dernier film Astérix et Obélix.

Le logiciel d’animation 3D Golaem Crowd a été utilisé pour simuler la foule dans le film Astérix et Obélix au service de sa majesté

300 projets aboutis
Sur 500 projets de R&D collaborative lancés depuis 2006, plus de 300 sont aboutis et leurs résultats sont en cours de diffusion dans les produits des partenaires industriels.

Parmi eux :
MiCrowd, porté par Mikros Image et Golaem, a donné lieu à la création du logiciel Golaem Crowd, un plug-in Autodesk Maya pour la simulation de foules 3D, à destination des effets spéciaux numériques visuels. Cette technologie a été utilisée lors de la réalisation du dernier film Astérix et Obélix.
Jumièges 3D, application de réalité augmentée, réalisée par Art graphique et patrimoine. Elle a été nominée par le World Summit Award, compétition soutenue par l’ONU, comme l’une des cinq meilleures applications numériques mondiales dans la catégorie e-culture et tourisme.
Cedca, porté par la société DxO, qui a développé des algorithmes pour améliorer la qualité des images des appareils photographiques numériques.
ADN T-R (Agence de doublures numériques Temps-réel), création, gestion et exploitation de doublures numériques audiovisuelles pour le secteur du jeu vidéo. Le logiciel de la start-up permet, lors de la postproduction d’un film, d’utiliser des doublures numériques pour retoucher les images sans avoir à faire rejouer un acteur.

 

Cet article est extrait du n°6 d’Alliancy, le mag – Découvrir l’intégralité du magazine

Photos : Benjamin Boccas pour Futur En Scène X2 – Astérix et Obélix au service de sa majesté de Laurent Tirard – Fidélité Films.