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Pôles de compétitivité – Les TIC fédèrent les trois pôles auto

La voiture de demain est en gestation dans les pôles de compétitivité français, sujet sur lequel chacun développe des applications spécifiques selon ses compétences. Cette recherche partenariale concerne la gestion du trafic, la mobilité urbaine, l’assistance aux victimes… jusqu’à la voiture autonome.

Lors du dernier Mondial de l’Automobile, en octobre 2012, les trois pôles de compétitivité automobiles français, Mov’eo, iD4CAR et Véhicule du Futur, tenaient un stand commun. Chacun y exposait ses principaux projets de R&D labellisés, issus de leurs domaines d’activité. À y regarder de plus près, les technologies de la communication constituent l’un des dénominateurs communs à plusieurs de ces programmes. Et pour cause : la voiture connectée requiert des compétences dans des domaines étendus qui dépassent largement le cercle de l’industrie automobile. Destinés à fédérer les industriels et les centres de recherche, les pôles de compétitivité sont donc les véritables « usines » de la voiture connectée de demain.

 

Valider l’écosystème technique
Les applications pour véhicules connectés demandent des structures adaptées pour réaliser des tests et des validations en conditions réelles. Des routes fermées, des infrastructures de télécommunication et des compétences techniques adéquates sont nécessaires à ces essais de véhicules connectés. Née d’un projet du pôle de compétitivité Véhicule du futur, la plateforme Car2Road répond à ces besoins en exploitant l’ancien aérodrome de Lure, en Haute-Saône. Parmi les partenaires de cette structure, on retrouve des grands noms des télécoms tels qu’Orange ou l’allemand Telemotive, ainsi que des exploitants de réseaux routiers comme APRR et Eurovia.

Pour tester des technologies de communication véhicule-véhicule ou véhicule-infrastructure, Car2Road met à disposition des industriels un réseau cellulaire privatif exclusif, des pistes de route, d’autoroute ainsi que des zones en environnement ouvert. « Car2Road travaille actuellement sur la validation du système d’appel d’urgence européen Ecall et les projets suivants porteront sur la remontée automatique d’informations d’urgence entre véhicules. Notre future infrastructure de communication urbaine, installée en milieu ouvert, à Strasbourg, permettra aussi d’expérimenter la communication entre la voiture et les feux tricolores », explique Bruno Granjean, directeur de ce programme au sein du pôle Véhicule du Futur.

Par sa localisation, la plate-forme Car2Road a également vocation à s’adresser aux acteurs industriels allemands. L’expert avoue même que, de ce côté du Rhin, les esprits sont plus enclins à déployer rapidement la voiture connectée. « Les constructeurs allemands ont tendance à penser qu’il faudra d’abord lancer la technologie pour trouver ensuite un modèle économique. Ce qui n’est pas toujours le cas en France où l’on cherche en priorité à assurer des retombées économiques à la voiture connectée. »

Spécialisé dans les véhicules de petite série, le pôle de compétences iD4CAR travaille sur des applications spécifiques de la voiture connectée. Le projet Ambu-Com, par exemple, vise à mettre sur pied une ambulance communicante. Porté par TPL Systèmes et labellisé par deux autres pôles de compétitivité, Systematic et Risques, il devra assurer la remontée de données provenant d’équipements paramédicaux non standardisés présents dans le véhicule, via les réseaux de communication disponibles. 

Dans quelques mois, iD4CAR lancera également le projet GreenPay, qui devra déboucher sur un système d’interopérabilité entre les services d’autopartage français, voire européens. Le public concerné devient donc plus important et les opportunités sont bien là, selon Isabelle Dussutour, directrice générale adjointe du pôle iD4CAR : « Les technologies de communications sont vecteur d’un énorme changement dans l’automobile, c’est un moyen de lui redonner sa place dans la ville en l’intégrant dans une chaîne de mobilité repensée où l’autopartage jouera un grand rôle. » En s’appuyant sur les informations remontées par les voitures de chaque service d’autopartage, l’architecture que devra inventer GreenPay permettra à l’utilisateur de connaître la disponibilité de tous les véhicules en temps réel et d’en réserver un, grâce à un abonnement unique.

 

Préparer l’arrivée de la voiture autonome
Jacques Chauvet, directeur général du pôle Mov’eo, en est convaincu, « la voiture communicante sera l’un des grands développements dans l’automobile de ces prochaines années ». C’est d’ailleurs l’une des spécialités de ce pôle, abordée dans l’un de ses sept domaines d’activité, consacré aux systèmes de mobilité intelligente.

Avec les pôles Systematic et Véhicule du futur, Mov’eo a labellisé le projet Co-Drive en 2010. Porté par l’équipementier Valeo*, ce programme d’envergure, doté d’un budget de 6,6 millions d’euros (dont 2,8 millions de financements publics) sur trois ans, doit valider l’approche préindustrielle d’un système de conduite coopératif entre usagers. « Il s’agit d’aller plus loin que les premiers systèmes communicants que nous connaissons actuellement sur les navigateurs, en diffusant des informations pertinentes et ciblées. L’automobiliste pourrait, par exemple, recevoir directement dans son véhicule, les informations envoyées par les sociétés d’autoroute ou être averti qu’une voiture vient de freiner brusquement en amont », résume Marc Charlet, responsable recherche et développement du pôle Mov’eo. Cette gestion intelligente et dynamique du trafic repose sur une infrastructure de communication d’informations entre les usagers, les véhicules et la route, que le projet Co-Drive entend valider. Ce qui passe notamment par la création de briques logicielles jouant le rôle d’interface entre la voiture et le système de gestion du trafic.

Parallèlement, le pôle Mov’eo a lancé le projet Score@F sur trente mois, porté par Renault à l’échelle européenne (lire notre dossier page 46). Un chantier autour de la sécurité routière, complémentaire aux recherches effectuées dans le cadre de Co-Drive qui doit mener des expérimentations en conditions réelles sur les véhicules communicants, à l’image de Car2Road. Et, pour voir plus loin, Marc Charlet précise que « l’enjeu de ces deux projets est aussi de préparer l’étape suivante, celle du véhicule autonome. Car la voiture sans conducteur aura impérativement besoin de connectivité pour fonctionner ».

 

* Avec Valeo, on trouve Clemessy, APRR, Mediamobile, Sopemea, Comsis, Civitec, Tecris, Citilog, Navecom, Inria, IFSTTAR, Insa Rouen, l’Université de Versailles.

 

Cet article est extrait du n°4 d’Alliancy le mag – Découvrir l’intégralité du magazine

Photo: D.R.

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