Cofondée en avril 2014 par quatre passionnés de nouvelles technologies, breaz.io est une place de marché sur laquelle des start-ups et des PME sont mises en concurrence pour recruter les meilleurs développeurs. Fort de son succès, la plateforme s’est transformée en start-up aujourd’hui dirigée par Edouard Rosenblum. Rencontre avec un jeune entrepreneur « qui ne dort jamais ».
Dans le secteur du recrutement, la start-up breaz.io commence à faire parler d’elle à Paris. Mais entre la capitale et Marseille, Edouard Rosenblum ne saurait choisir : « Toute ma famille est à Marseille, mais toute l’activité économique se passe à Paris ». C’est donc avec un petit pincement au cœur qu’Edouard a quitté le sud de la France après le bac pour entamer des études à l’Université Paris-Dauphine. Pendant cinq ans, le jeune homme suit un cursus spécialisé dans la finance. « C’est un domaine qui m’intéressait beaucoup mais seulement d’un point de vue théorique. Je ne me voyais pas du tout travailler dans ce secteur. La seule chose qui me motivait professionnellement c’était d’entreprendre », confie ce touche-à-tout. Alors pourquoi ne pas avoir changé d’orientation ? « Je ne crois pas aux filières d’entrepreneuriat. Soit tu es entrepreneur, soit tu ne l’es pas ! Ce n’est pas une chose qui s’enseigne ».
Une fois son diplôme en poche, le Marseillais rejoint une jeune PME qui propose des programmes de fidélisation aux banques pour récompenser leurs clients, Isilis. « Je me suis occupé de mettre en place la plateforme et de gérer les partenariats. J’ai beaucoup pris de plaisir à faire naître cette activité », raconte-t-il. « Au bout de deux ans, je commençais à tourner en rond. L’activité était bien lancée. J’avais en tête de rejoindre une start-up ». Pour ce faire, Edouard rentre en contact avec Thibaud Elzière, fondateur de Fotolia. Ce dernier a monté un start-up studio en 2011, eFounders, qui participe au développement d’entreprises qui font du SaaS avec des PME. En mars 2013, Edouard rejoint une de ces start-up, Mention, un outil de veille concurrent de Google Alert.
Une plateforme orientée talent
Mais cet « hyperactif de boulot » constate rapidement un manque commun à toutes les start-up d’eFounders : une difficulté à recruter. Lors d’un déplacement aux Etats-Unis pour le compte de Mention, Edouard a alors le déclic : créer une plateforme pour mettre en relation des gens qualifiés et disponibles avec des entreprises à la recherche de salariés à plein temps. « Des plateformes de ce type existaient déjà aux Etats-Unis mais pas en Europe. Cela a validé mon hypothèse et m’a orienté vers le produit à créer », explique le jeune homme. Avec cette idée en tête, Edouard fait appel à trois anciens collègues, Antoine Garnier-Castellane, Jean-Loup Karst et Corentin Guillemard. Le projet se concrétise et cible les développeurs. « C’est un marché où il y a beaucoup de frictions », précise le CEO de 28 ans.
Fin avril 2014, la jeune pousse breaz.io est lancée. La plateforme met donc en relation des développeurs à la recherche d’un emploi avec des start-up ou des PME. Contrairement à ses concurrents, breaz.io renverse les codes. « Sur notre place de marché, les entreprises doivent montrer un fort intérêt pour les développeurs et non l’inverse. Pour un métier surqualifié ou niché c’est le talent qui joue avant tout », estime le cofondateur. Pour compenser la gratuité de la plateforme, la start-up décide de mensualiser ses commissions sur 18 mois à hauteur de 0,8% du salaire de la personne recrutée. Si le talent part avant cette date, la jeune pousse arrête de facturer l’entreprise. « C’est comme ça qu’on se différencie des concurrents, notamment des cabinets de recrutement qui font payer les entreprises en amont. C’est un gros risque pour nous mais ça attire davantage les sociétés », justifie l’entrepreneur. Mais le risque, Edouard n’en a pas peur. « Edouard est une boîte à idées qui ne dort jamais. Il ne se contente jamais de ce qu’il a », confirme Corentin Guillemard. La recette séduit puisqu’en seulement, deux semaines entre 300 et 400 développeurs et une quarantaine de sociétés se sont inscrits sur la plateforme.
« Au pire, on se plante »
En juillet 2014, alors que les quatre co-fondateurs sont toujours salariés, ceux-ci décident finalement de quitter leurs postes respectifs pour se consacrer entièrement à la start-up. « Il faut savoir s’écouter, se faire confiance. Au pire on se plante », assure Edouard. Depuis, les inscriptions génèrent de l’argent. Chaque semaine, l’équipe présente aux entreprises entre 15 et 20 développeurs filtrés selon leurs compétences techniques et leur motivation. Les quatre associés ne comptent pas s’arrêter là et souhaitent étendre leur plateforme à d’autres profils, se mettre en relation avec des grandes entreprises et « européaniser » les offres. « Edouard est un entrepreneur-né. Il ne se contente jamais de l’existant et réfléchit en permanence aux innovations de rupture, se remettant régulièrement en question. C’est une boule d’énergie parfois difficile à suivre pour le commun des mortels ! » raconte Jean-Loup Karst. Pour mener à bien tous ces projets, la start-up cherche des business angels en vue d’une première levée de fonds pour leur permettre de consolider leur activité naissante et peut-être même recruter à leur tour.