Le développement des startups et des PME est au cœur de l’actualité économique depuis maintenant plusieurs années, avec toujours cette volonté politique affichée d’en transformer une partie en ETI exportatrices. Les récents Choc de simplification, Pacte de Responsabilité et de Solidarité, Pacte pour la croissance, la compétitivité et l’emploi, etc. en témoignent. Pourtant, dans les faits, peu de nouvelles ETI voient le jour… Que n’a-t-on pas tenté ?
Les seules filières des TIC et du numérique regorgent pourtant de pépites, les fameuses startups de la Frenchtech, qui ne demandent qu’à briser le plafond de verre freinant désespérément leur croissance. L’un des verrous à faire sauter est la prévalence du principe de précaution sur le principe d’innovation au sein des services achats qui aboutit à ce que beaucoup de donneurs d’ordres public et privé n’achètent pas aux start-ups ni aux PME des TIC, faute de visibilité et de retours d’expérience sur leurs innovations. Cette situation dure depuis trop longtemps. Les chiffres issus de l’enquête de satisfaction menée en 2013 auprès des PME participant au Programme Ambition PME du Pôle Systematic Paris Région sont là pour en attester, la part des commandes venant des grands donneurs d’ordre publics dans le chiffre d’affaires des PME de la filière logiciel-optique et systèmes compte pour moins de 1/5ème (19%). Cela explique que 54% des startups et des PME membres de Systematic vont chercher des clients hors de France et que plus de 80% attendent de nos équipes une mise en relation avec les grands acteurs de l’écosystème. En effet, sans ces commandes, nombre de PME du Numérique et des TIC seront tenues à flots avec des subventions et n’arriveront pas à faire croître leur activité.
Ce sujet nous préoccupe très fortement dans le Pôle Systematic. Nous avons notamment travaillé avec l’AFDEL, le Syntec Numérique, le Comité Richelieu, EFEL et Pacte PME à la rédaction d’une note qui a été remise au médiateur des marchés publics au printemps dernier. Nous y listons 3 leviers susceptibles de débloquer les achats d’innovations par les grands donneurs d’ordres publics et privés, de booster le carnet de commandes des PME et de favoriser leur croissance :
• 1er levier : rendre visibles et accessibles les nouveaux produits et services innovants proposés par les PME aux acheteurs du public comme du privé. A ce titre, nous pensons que la création d’une place de marché web semble une solution prometteuse. Pour en démontrer l’intérêt, nous lançons actuellement le projet SOLAINN pour créer une plate-forme de sourcing des PME du Numérique à destination des acheteurs de la Région Ile de France.
• 2ème proposition : adopter un pacte Achats innovants pour la compétitivité et la croissance impliquant les acheteurs publics, les donneurs d’ordre ainsi que des « médiateurs PME » dans les écosystèmes, pour les sensibiliser, et organiser des points de rencontre physiques. Le but est de construire un environnement de confiance propice au développement d’affaires.
• 3ème recommandation formulée auprès du médiateur : mettre en place un observatoire des achats publics aux PME innovantes qui éditera des indicateurs sur la mise en œuvre effective de nouvelles dynamiques d’achat auprès des PME innovantes françaises. Cet observatoire sera établi par un Comité de pilotage représentatif des filières associées.
En outre, il est essentiel de continuer à accompagner les PME dans le développement de leur culture marketing et l’accès au marché. Leurs savoir-faire et leurs talents n’ont rien à envier à leurs consœurs étrangères, si ce n’est la capacité à les faire connaître et à les exporter. Ajoutons pour conclure qu’en tant que pôle de compétitivité, nous nous efforçons de créer un environnement économique propice au développement des entreprises et de favoriser l’utilisation des différents dispositifs (CIR, CICE…) concourant à la compétitivité des PME de la filière TIC & Numérique.
Il est plus qu’urgent de faire sauter de vieux verrous, de réunir toutes les forces disponibles pour franchir une nouvelle étape et mettre toutes les chances du coté de nos PME qui portent en elles la dynamique de croissance qu’attend l’économie française. Libérons les énergies et la confiance, osons miser sur (et acheter) l’innovation à la française pour doter notre pays de nouvelles forces vives : les “ETI” exportatrices qui contribueront à nous relancer sur la scène économique internationale.