Le leader mondial du ticket restaurant remporte le Prix Elisabeth Moreno, qui distingue les bonnes pratiques en matière de parité dans les métiers du numérique. Explications.
L’Isaca-Afai, l’association pour un digital de confiance, SheLeadsTech (165 000 membres dans 188 pays), programme de soutien qui vise à accroître la représentation des femmes dans des rôles de leader dans le domaine de la Tech, et El Mouhoub Mouhoud, président de l’Université Paris Dauphine-PSL, remettaient le 25 mai dernier et pour la seconde fois, le Prix Elisabeth Moreno.
En présence d’Elisabeth Moreno, dirigeante, membre du board DEI Sanofi, ancienne ministre et marraine du baromètre SheLeadsTech, cet événement fut aussi l’occasion de présenter les résultats du Baromètre SheLeadsTech des meilleures pratiques en matière de parité dans les métiers du numérique.
Créé en 2022, ce prix distingue l’entreprise la plus vertueuse en matière de parité dans les métiers de la tech. Cette année, c’est le groupe Edenred (10 000 collaborateurs dans 45 pays), qui a été primé pour ses « bonnes pratiques en matière d’égalité Hommes-Femmes ». Etait présente Flore Cholley, global ESG and Sustainable Development Director pour recevoir ce prix.
Surtout connu en tant que leader mondial du ticket restaurant, Edenred, en très forte croissance, propose un vaste panel de solutions de paiement à usages spécifiques dédiées à l’alimentation, à la motivation (cartes cadeaux, plateformes d’engagement des collaborateurs), à la mobilité (solutions multi-énergies, de maintenance, péage, parking et mobilité) et aux paiements professionnels (cartes virtuelles).
« 40 % des top managers Tech chez Edenred sont des femmes et nous offrons de nombreux parcours de formations et de carrière pour permettre à nos talents féminins de grandir au sein du groupe. Nous sommes toutes et tous fier.e.s du chemin parcouru mais il ne s’agit que d’une première étape », a précisé la dirigeante, indiquant que sur les 3 000 profils Tech du groupe, 20 % sont des femmes.
Le groupe met fortement en avant les carrières au féminin, tout comme ses bonnes pratiques. « Les rôles-modèles jouent pour le recrutement externe, mais aussi en interne », précise Flore Cholley, sachant que le groupe impose au moins une femme parmi les candidats pour chaque poste à pourvoir, tout comme il souhaite la parité dans tous les événements qu’il organise.
« Nous visons les 40 % de femmes dans nos directions à terme, indique Flore Cholley, contre 35 % aujourd’hui. On veut promouvoir le développement des talents, reconnaitre les biais inconscients et former nos effectifs à ce sujet pour les identifier. »
Le groupe a notamment mis en place du mentoring dans le monde pour tous ses métiers, dont la tech. « Dans nos plans de succession, nous poussons les femmes. Les métiers d’aujourd’hui ne sont pas les métiers de demain : on doit former nos collaborateurs. Il faut ouvrir le champ des possibles à tous nos talents », conclut-elle.
En 2020, un rapport de la commission des droits des femmes et de l’égalité des genres du Parlement européen intitulé « Résorber le fossé numérique entre les femmes et les hommes : la participation des femmes à l’économie numérique » notait que les femmes ne représentent que 17 % de l’ensemble des étudiant.e.s dans le secteur des Technologies de l’Information et des Communications (TIC).
Aussi, pour impulser une véritable politique de mixité dans le secteur et assurer une meilleure parité numérique, quatre axes prioritaires ont été présentés lors de cette soirée par Régis Delayat, administrateur ISACA-AFAI et directeur général de Cogitanda.
1/ Renforcer la sensibilisation pour lutter contre les stéréotypes
La sensibilisation des jeunes, et notamment des jeunes filles dès le primaire, apparaît comme un enjeu phare pour assurer un véritable numérique inclusif. Cet enjeu va de pair avec celui de la représentativité et de l’importance de présenter aux jeunes les femmes pionnières du numérique, celles qui le portent aujourd’hui, leurs parcours et de visibiliser leurs réalisations dans le domaine des TIC.
2/ Faire de la formation des femmes une priorité
D’ici à 2027, plus de 232 000 recrutements seraient prévus dans la filière. Cette pénurie de profils compétents relève d’un manque de formation des femmes qui, d’une part, du fait des stéréotypes adossés à ce secteur, ne se représentent pas comme compétentes pour effectuer ces types de métiers, et d’autre part, qui ne vont pas se voir naturellement proposer ces types de postes par des prescripteurs de Pôle emploi, des missions locales… qui privilégient plutôt des profils masculins.
Pour ramener les femmes vers les formations numériques et garantir le développement de leurs compétences en la matière, il s’agit d’abord de travailler sur l’environnement des universités et des écoles du secteur des TIC. Ces premières dispositions doivent aussi être accompagnées de mesures attractives pour, dans un premier temps, attirer les femmes vers ces formations, puis, dans un second temps, éviter une fuite de cerveaux des diplômées des TIC vers des pays qui favorisent la féminisation du secteur.
Enfin, il est nécessaire de réfléchir à des programmes adaptés aux femmes selon la génération dont elles sont issues afin de les sécuriser dans leur apprentissage et de permettre de faciliter la reconversion de certaines d’entre elles (voir Simplon, programme #Hackeuses, Social Builder, Descodeuses…).
3/ Assurer la diversité des profils en entreprise
Pour promouvoir l’inclusion en entreprise, plusieurs solutions sont envisageables : imposer des quotas féminins, faire de la parité un objectif business et une obligation légale, mesurer l’impact positif de l’inclusion des femmes dans le secteur de la Tech… Il s’agit également de leur permettre de renforcer leurs compétences au sein même de l’entreprise, en les poussant à effectuer des formations sur des thématiques plus spécifiques ou moins féminisées par exemple (Diversidays, programme TechYourPlace…).
4/ Renforcer les aides dédiées à la création d’entreprise dans le secteur de la Tech pour pousser les femmes à développer leurs projets
En 2018, seules 10 % des entreprises innovantes ont été fondées par des femmes. Et ces mêmes entreprises reçoivent 23 % de financements de moins que celles créées par des hommes, mais ont 30 % de chances de moins de se faire racheter ou d’entrer en bourse… Des facteurs qui prouvent qu’il est essentiel de soutenir les femmes dans l’entreprenariat à l’heure où le secteur numérique est l’un des moteurs de l’économie.
Il s’agit dans un premier temps de changer de regard quant à la place des femmes dans la Tech. La question financière est aussi un enjeu phare. Il est nécessaire de prévoir des enveloppes de financement spécifiques pour soutenir les projets numériques portés par des femmes (Collectif Sista, programme Sista EntrepreneurEs, Femmes@Numérique…).