La crise du Covid-19 sera-t-elle un vecteur d’innovation et d’accélération des technologies disruptives dans l’industrie aéronautique et spatiale européenne ? C’est ce que Protolabs, spécialiste du prototypage rapide et de production de petites séries en moulage par injection, usinage CNC et impression 3D, a voulu explorer avec une étude en deux phases, du 19 février au 20 mars 2020, auprès de 325 décideurs de la filière aérospatiale, en France, en Italie, au Royaume-Uni et en Allemagne.
Les premiers résultats de ce travail, qui s’appuie sur des entretiens qualitatifs conduits avec des dirigeants et décideurs d’organisations gouvernementales et d’entreprises privées, sont rendus publics ce 29 avril. Ainsi, ceux-ci estiment que le marché des drones commerciaux et les technologies qui lui sont associées connaîtront une accélération sans précédent, à l’issue de la crise. Une évaluation à mettre en perspective avec la future législation européenne qui encadrera leur usage dans l’espace urbain : celle-ci devrait être définie par la Commission Européenne, au dernier trimestre 2020.
En quelques semaines, les questions soulevées par la pandémie – avec la distanciation sociale comme moyens de lutte contre sa propagation – auront totalement rebattu les cartes, dans l’industrie aérospatiale française et européenne. C’est ce que révèle sans ambiguïté l’enquête réalisée pour Protolabs, du 19 février au 20 mars 2020*, en pointant notamment l’accélération de l’innovation dans l’industrie des drones pour répondre aux besoins créés par la crise sanitaire, dans les secteurs public et privé.
Si le développement de l’usage des drones pour la captation, la surveillance et à des fins sanitaires s’est intensifié avec la crise, 50 % des professionnels interrogés dans le cadre de cette étude estiment que la livraison de produits par drones commerciaux, qui fait déjà l’objet de nombreuses expérimentations, entrera dans les usages courants d’ici 2023. Ceci, à l’heure où l’Agence Européenne de Sécurité Aérienne (AESA) vient de présenter un projet de réglementation proposant des règles de sécurité pour les drones commerciaux et les taxis volants opérant à basse altitude, dans l’espace urbain européen.
Dans la période précédant la crise, soit du 19 février au 4 mars 2020 où a été conduite la première phase d’entretiens, seuls 42 % des institutionnels et industriels sondés dans cette étude anticipaient le développement de ce marché du drone commercial pour les livraisons. Rappelons-le : une solution d’automatisation pour répondre au défi du dernier kilomètre dans des métropoles saturées.
En France, désormais : 64 % des professionnels interrogés prévoient une forte croissance du marché des drones commerciaux, dans les 2 ou 3 ans à venir. Avec, pour 60 % d’entre eux, une accélération des technologies associées à cette industrie : la propulsion électrique et les satellites (avec intégration de la 5G), la technologie des satellites étant la seule à même de répondre aux exigences accrues de contrôle de l’espace aérien liées au développement des drones.
L’Europe compte de nombreux acteurs parmi les 20 premiers fournisseurs de services de drones dans le monde, avec des parts de marché et des chiffres d’affaires en forte augmentation. Le marché devrait passer de 4,06 milliards de dollars en 2018 à 9,7 milliards de dollars en 2024. De 7 à 30 % des Européens pourraient ainsi être concernés par la livraison au dernier kilomètre de produits par drones.
Les processus de conception et de fabrication seront également impactés par ces développements. Avec la recherche de matériaux de plus en plus légers, permettant d’augmenter l’endurance et la capacité de charge utile des engins.
À cette fin, les développeurs se tournent vers la fabrication additive : elle permet une plus grande flexibilité que les méthodes de moulage traditionnelles, des gains de poids et de temps précieux, et offre des possibilités de customisation ou de création de drones à la demande.
*Enquête réalisée pour Protolabs par le cabinet britannique Longitude (Groupe Financial Times) auprès de professionnels de la filière aérospatiale. Les personnes interrogées occupent des postes de direction, à la R&D, à la conception technique, à la technologie et dans la gestion de la chaîne d’approvisionnement.