« Digital manufacturing & Usine 4.0 : de procédés en technologies, pas à pas vers une data driven industry »… Voilà le thème qu’abordaient Hugues Meili, président de Niji et Elodie Maurin, directrice digital manufacturing de PSA, lors du dernier rendez-vous annuel de l’EBG.
Capteurs, automates, big data, internet des objets, cloud computing, optimisation de la consommation énergétique et même autoproduction énergétique, l’usine 4.0 est the next big thing de l’économie numérique. Elle représente à la fois la fusion entre la gestion de l’information, propre au digital, la robotique et l’optimisation de la supply chain et un levier d’activité et de croissance pour les pays mâtures industriels, dont les compétences, les infrastructures et la géographie sont particulièrement adaptés à son déploiement.
En ce sens, Elodie Maurin a rejoint récemment le groupe PSA pour traiter le « digital manufacturing » chez le constructeur, un sujet de transformation globale qui se structure depuis février 2016 autour de Brigitte Cantaloube, la première CDO du groupe. Avec un objectif unique pour tous : « Mieux servir le client ».
C’était d’ailleurs le thème majeur développé par Carlos Tavares, président du Directoire, lors de l’annonce de son plan stratégique de développement « Push to Pass » l’an dernier. Depuis, d’ailleurs, le groupe, qui veut « devenir le fournisseur de mobilité de référence pour ses clients », a lancé Free2Move, sa nouvelle marque qui fédère l’ensemble de ses offres de services connectés et de mobilité.
Si ceci concerne en priorité la front line et la relation client, côté usines, tout est aussi en ébullition avec l’avènement de l’usine 4.0 ! « Mon action vise à améliorer notre efficience, au niveau du manufacturing et de la supply chain », confirme ainsi Elodie Maurin, en charge de l’amélioration des processus de fabrication et de l’exploitation des données industrielles (internes et externes) dans le groupe.
L’évolution des métiers et des technologies dans l‘usine couvre plusieurs domaines. « Cela peut aussi bien concerner la disponibilité de nos installations avec la maintenance prédictive et préventive, que la réduction de notre consommation énergétique… ou la qualité de nos produits. »
Tout ceci passe par la digitalisation de processus chronophages et la prévision des ventes, car « mieux on se prépare, mieux on produit à moindre coût »… Et de citer l’exemple d’une modélisation en 3D faite d’un atelier avant sa construction : « L’immersion nous a permis d’en optimiser la conception », reconnaît-elle.
Par ailleurs, le groupe s’intéresse à la réalité augmentée comme aux chatbots. « Par exemple, on teste les interactions en envoyant des infos auditives aux opérateurs pour anticiper les process. En fait, on ne s’interdit rien, sachant que tout peut être utilisé dans notre domaine ».
Partir des besoins de l’utilisateur
Reste que le groupe doit encore trouver la façon de faire converger les métiers, comme les automaticiens et les gestionnaires de réseaux télécoms… « L’avènement de l’IOT, et donc du WiFi, dans l’usine nous oblige à réfléchir comment on collecte les données, comment on les stocke, les transfère, les utilise… A ce sujet, on commence à avoir une vision assez claire de ce qu’il faut mettre en place… Mais ce sont de nouvelles problématiques qu’il faut gérer. La transversalité que l’on doit avoir est indéniable. Par exemple, on a monté une expérience sur la qualité, en intégrant des informations provenant du réseau commercial, de notre SI dans l’usine, d’infos remontant des machines et d’autres que l’on collecte sur les flux… Pour faire dialoguer toutes ces données, il faut qu’elles soient dans le même référentiel… Tout ceci n’est pas évident, mais on apprend au fur et à mesure. »
Au-delà de l’usine, sanctuaire de ces processus, la question de l’ouverture des plateformes devient totalement nécessaire. « C’est la seule façon d’innover, reconnaît-elle. Par exemple, nous avons organisé récemment un hackaton sur la façon de prédire des événements indésirables dans l’usine. Au-delà du lauréat qu’on incube, tout ce qu’on a vu nous a ouvert l’esprit pour aller plus loin. Dans l’industrie, il faut sortir du cycle en V… Aujourd’hui, il faut s’habituer à avoir des cycles plus courts, des stabilisations moins longues, il faut apprendre à évoluer plus rapidement. »
Enfin, Elodie Maurin a insisté sur l’importance de sortir de la technologie et de réfléchir en priorité aux besoins de l’utilisateur. « De quoi l’opérateur a réellement besoin sur la chaîne ? Comment je protège ses outils au juste minimum ? C’est un point clé pour aboutir vraiment à ce que cela devienne un vrai levier de progrès, un vrai levier d’efficacité. »
Le groupe réfléchit d’ailleurs à intégrer des spécialistes de la « user expérience » dans ses équipes ! « Face à tous ces enjeux, je suis très optimiste, a-t-elle conclu. Ces évolutions autour des organisations et des technologies vont rendre nos industries plus attractives. » Toujours curieuse de ce qui se fait partout ailleurs dans l’industrie.
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