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Quatre leviers pour faciliter le déploiement de l’IT for Green 

 

Désignant l’usage du numérique pour réduire l’empreinte environnementale des organisations, l’IT for Green met les outils digitaux au service de la transition écologique. Grâce à la donnée, à la simulation et à l’innovation, les entreprises peuvent optimiser leurs ressources et limiter leurs émissions de CO₂. Gros plan sur les leviers identifiés par un groupe de travail du CIGREF. 

  

L’IT for Green désigne l’utilisation du numérique pour réduire l’empreinte environnementale des activités d’une entreprise ou d’une organisation. Contrairement au Green IT, qui vise à minimiser l’impact propre des infrastructures numériques, l’IT for Green met le numérique au service de la transition écologique. Il s’agit d’exploiter les données, l’intelligence artificielle et les innovations technologiques pour optimiser la consommation de ressources et limiter les émissions de gaz à effet de serre. Cette approche représente un levier stratégique pour les entreprises engagées dans une démarche RSE.  L’IT for Green requiert toutefois une méthodologie structurée, associant mesure des impacts, simulation des scénarios, innovations technologiques et gouvernance adaptée, comme le rappelle une étude publiée par le Cigref et intitulée « IT for Green : contributions des directions numériques aux enjeux RSE et de décarbonation des organisations ». 

 

Valoriser les données environnementales pour mieux mesurer 

 

Le numérique fournit naturellement de nombreux moyens de mesurer et mieux connaître les activités et les processus ayant l’impact environnemental le plus important. L’apport du numérique repose sur différents outils ou supports permettant, par exemple, de calculer les émissions eqCO2 d’un projet ou d’un cas d’usage. L’apport du numérique permet aussi de suivre des indicateurs clés nécessaires au pilotage des actions de réduction de l’empreinte environnementale de l’organisation. Mais pour cela, les données environnementales doivent être valorisées. L’identification, la centralisation et l’analyse des données « environnementales » constituent en soi un projet pour les directions des systèmes d’information et du numérique. Il leur faut savoir identifier quels types de données sont les plus pertinents à récolter et quels acteurs sont concernés. Les DSI peuvent structurer leur approche en alimentant et quantifiant les grilles d’évaluation projet, avec des indicateurs environnementaux dans les phases de build et de run. « Les DSI peuvent par ailleurs intégrer systématiquement l’évaluation environnementale ‘nette’ dans les projets IT : chaque projet IT peut faire l’objet d’une analyse approfondie de son impact, dès sa conception, et faire le ratio entre le bilan environnemental propre de l’IT et sa contribution à un ou plusieurs axes RSE de l’organisation, lorsque la nature du projet s’y prête (en se cantonnant à l’impact eqCO2, plus simple à appréhender dans un premier temps) », déclarent les auteurs du rapport. 

 

Simuler pour anticiper les impacts 

 

Le numérique permet également d’anticiper et d’améliorer la connaissance des impacts environnementaux d’un projet, de ses produits ou services, en modélisant en amont et dans un processus d’amélioration continue, les étapes de production, de mise à l’échelle et d’usage, permettant d’avoir une vision d’ensemble des effets dudit projet sur son environnement. Cela passe notamment par l’élaboration de modèles prédictifs qui permettent, à terme, de faire des économies d’énergie ou de réorienter des processus et des manières de produire. Utiliser des jumeaux numériques s’avère également pertinent lorsque le gain « net » carbone est démontré. L’usage des jumeaux numériques implique en effet une consommation énergétique pour le stockage et le traitement des données (serveurs, cloud, calculs). Ainsi, leur bénéfice environnemental doit être supérieur à leur propre impact carbone. Cela signifie que leur mise en place doit permettre, par exemple, une réduction significative des émissions grâce à une meilleure gestion énergétique, une maintenance optimisée ou une limitation des ressources utilisées. 

 

Innover en raisonnant « écosystème » 

 

L’innovation n’est pas forcément le premier domaine convoqué pour parler de l’IT for Green. Néanmoins, certaines démarches d’open innovation ou de challenges rassemblant l’ensemble des connaissances d’un écosystème diversifié peut produire des effets bénéfiques, comme le démontre l’initiative Tech Sprint, orchestrée par la Caisse des Dépôts. Cette démarche a permis de fédérer l’écosystème autour du potentiel de la mise en commun de données d’intérêt général en faveur de la transition écologique. « Par ailleurs l’innovation peut produire elle-même des solutions bas carbone, proportionnées au juste besoin de l’utilisateur final, et répondant à des critères de durabilité ou de circularité. La limitation de l’impact environnemental peut devenir source de créativité, en cohérence avec les objectifs de décarbonation de l’organisation », ajoutent les auteurs du rapport. 

 

Suivre les performances 

 

Le groupe de travail du CIGREF a identifié un certain nombre d’indicateurs de performance, de suivi ou d’évaluation permettant l’adoption par les DSI du sujet IT for Green. Un des principaux indicateurs est le niveau d’intégration de l’impact environnemental dans les projets IT, au travers notamment de l’existence d’un critère IT for Green dans l’évaluation des projets. Sur ce point certaines organisations poussent à intégrer dans les projets des critères de sélection autour de l’environnement, avant leur lancement. Si ces critères ne sont pas respectés, le projet doit être amélioré ou écarté. La mise en pratique semble cependant plus ou moins complexe, car selon une organisation « cela appelle à des réflexes que tout le monde n’a pas encore. » Autre indicateur : le pourcentage de projets, en termes de montant d’investissement, avec impact positif pour l’environnement. Cela est souvent affiché dans les déclarations de performance extrafinancière de l’entreprise. La roadmap des améliorations au regard des éléments de mesures apportées, la capacité des SI à automatiser les outils de reporting, de contrôle et de suivi, le taux d’utilisation des outils d’évaluation ou de reporting environnemental, ainsi que le niveau d’exploitation de la donnée dans les outils de pilotage ou de projets IT for Green font également partie des indicateurs qu’une DSI peut déployer au profit des entités métier de l’entreprise. Il est possible d’ajouter à cette liste la contribution à l’affichage environnemental d’un produit ou d’un service (cet affichage peut servir de point d’entrée pour améliorer la communication auprès des équipes et chefs de projets) et le budget dédié à l’analyse des potentiels IT for Green de et dans chaque projet. 

L’IT for Green représente une opportunité stratégique pour allier performance numérique et transition écologique. En intégrant les leviers de mesure, de simulation, d’innovation, de gouvernance et de documentation, les organisations peuvent réduire significativement leur empreinte environnementale. Toutefois, la mise en œuvre de ces approches nécessite un engagement fort et une transformation en profondeur des pratiques. À l’heure où la réglementation et les attentes sociétales se renforcent, il devient essentiel pour les entreprises d’adopter une vision proactive et collaborative. L’IT for Green ne doit pas être perçu comme une contrainte, mais comme un levier d’innovation et de compétitivité durable. 

 

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