Alliancy

Quelles sont les meilleures pratiques RH pour attirer les développeurs dans le secteur public ?

 

A l’occasion du Master Dev France du 12 mars, Alliancy a mené l’enquête auprès du secteur public. Quels sont les défis et les atouts des acteurs publics pour séduire les développeurs ? Après une série de rencontres et d’entretiens, retour sur les pratiques RH qui ont fait leurs preuves.

 

La sphère publique peine parfois à attirer et fidéliser des développeurs surtout quand le périmètre d’action peut apparaître comme plus modeste ou limité, parfois à tort d’ailleurs. De fait, toutes les structures n’ont pas une taille au-dessus de la moyenne permettant comme chez Bpifrance, l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss), le ministère de l’Intérieur ou France Travail d’évoluer au sein d’équipes aux effectifs importants et offrant des parcours de carrière très diversifiés. Néanmoins, il ressort de notre enquête que quelques bonnes pratiques semblent vertueuses et efficaces et méritent d’être retenues.

 

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Définir et déployer une marque employeur

 

« Lorsque notre direction a été créée il y a trois ans, nous avons mis en place des processus transverses dont ceux liés à la gestion RH. Nous avons déployé une stratégie de marque employeur avec une volonté d’être plus attractif et plus visible. Nous avons ainsi réalisé des capsules vidéo pour présenter la DRASI et expliquer notre méthode d’onboarding », explique François Gilles, directeur régional académique des systèmes d’Information (DRASI) au sein de la région académique Ile-de-France. Créée en mars 2022, la structure regroupe les trois directions informatiques de Paris, Créteil et Versailles et compte 40 développeurs, auxquels il faut ajouter 40 autres développeurs opérant à l’échelle nationale mais rattachés hiérarchiquement à la DRASI. Les métiers exercés au sein de la DRASI ont aussi fait l’objet de vidéos de présentation. Chaque année, un rapport d’activité est également publié pour présenter les enjeux, processus, missions nationales et académiques. Un document qui rend plus lisible et transparente la feuille de route suivie par les équipes.

L’intégration des nouvelles recrues répond à un processus RH formalisé qui décrit le parcours d’accueil des agents (accueil du premier jour, première semaine, premier mois). « Nous avons travaillé sur tout un plan de formation pour les informaticiens. C’est un vrai levier pour les recrutements car nous avons la capacité de former les nouveaux arrivants à nos métiers. C’est de l’ordre d’une dizaine de jours par an de formation mais s’il y a besoin d’aller jusqu’à 20 jours, nous le faisons », ajoute François Gilles. L’organisation fait recette. En décembre dernier, la DRASI a recruté en CDI une personne de chez Atos qui travaillait avec le statut de prestataire. « Aujourd’hui, elle est en CDI, après six ans en prestations. Et nous l’avons intégrée au niveau de rémunération et de fonctions qu’elle avait en tant que prestataire », explique Jérôme Poidvin, responsable de l’équipe de développement sur le site de Versailles.

 

Se faire connaître et communiquer plus

 

Autre initiative intéressante, la DRASI participe à l’initiative mise en place par la Direction interministérielle du Numérique (DINUM) : « Vis mon job ». Le temps d’une journée voire d’une semaine, un(e) étudiant(e) intègre une administration, un établissement public, un service déconcentré ou un opérateur de l’Etat et fait connaissance des missions et métiers exercés au sein des différentes équipes. La DRASI y participe en faisant découvrir le volet cyber de ses activités. Une restitution a lieu ensuite auprès des employeurs et jeunes ayant participé à ce projet dans différentes entités publiques.

Entre 2022 et 2024, le ministère de l’Intérieur a recruté 350 développeurs. « Développeur est le métier le plus demandé au sein du ministère après les techniciens réseaux, les responsables support et les administrateurs », indique Mylène Dumontier, cheffe de la mission Talents numériques au sein du ministère de l’Intérieur. Beauvau multiplie les initiatives pour se faire connaître en tant qu’employeur. « Nous avons bien entendu des partenariats avec des écoles d’ingénieurs, pour la plupart. Des agents du ministère se déplacent aussi sur les forums étudiants, les job dating et les conférences. Un nouveau format d’échange a aussi été lancé. Le ministère vient d’accueillir un groupe d’étudiants qui visitent les locaux et rencontrent des agents qui leur présentent les projets en cours, l’organisation du ministère et les métiers du numérique qui y sont présents », décrit l’ex-consultante passée par Accenture et Wavestone. Pour mieux faire connaître ses missions et son organisation, le ministère est présent sur des sites dédiés comme Choisir le service public, le site Pass, place de l’apprentissage et des stages, ou bien encore sur la plateforme Myjobglasses.com qui permet de mettre en relation des étudiants et des personnes en reconversion d’une part et des professionnels d’autre part. Sans parler des plateformes plus généralistes comme « Welcome to the Jungle » et LinkedIn.

 

Les technos, le mentorat et le collectif : des drivers puissants

 

L’appétence des développeurs pour les technologies mises à leur disposition est bien connue. C’est souvent un des paramètres qui peut faire la différence lors d’une embauche. La perspective de travailler avec telle ou telle techno est importante. Comme nous déclarait Carlo Romain, développeur chez France Travail, « l’application qui était en Cobol nous l’avons réécrite avec un full stack Java Angular avec du framework Spring. Cette démarche m’intéressait et c’est une des raisons pour lesquelles je me suis porté volontaire ».

Les environnements de travail peuvent offrir des perspectives d’évolution séduisante quand le secteur applicatif est particulièrement stratégique et rejoint des enjeux de souveraineté. «  L’agence ministérielle pour l’intelligence artificielle de défense (AMIAD) est une structure récente, créée en mai 2024, qui offre des opportunités de carrière remarquables pour les ingénieurs et experts en IA. Avec près de 200 postes à pourvoir dans les prochains mois, nous cherchons des talents motivés et qualifiés pour rejoindre notre équipe et contribuer à la réussite de notre mission » déclare Alain Droniou, sous-directeur technique de l’AMIAD.

Autre enjeu RH : l’esprit collectif. Développer un sentiment d’appartenance via la création d’espaces et de forums en ligne constitue aussi un puissant levier pour fédérer les collaborateurs en interne. Chez Bpifrance, les équipiers, qui font partie de la team Tech, partagent leur savoir-faire et leurs connaissances en rédigeant des articles très « tech » sur la plateforme Bpifrance.io. Ils participent aussi à des compétitions de codage qui favorisent l’émulation et le sentiment d’appartenance à un groupe.

 

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