La rencontre MetaDays, qui s’est tenue du 29 au 30 novembre à Paris, a été l’occasion pour plusieurs spécialistes d’échanger sur la représentation des utilisateurs dans le métavers. Ils sont notamment revenus sur l’importance d’y retrouver une forme de jeu positif, sans notion de performance. Mais tous les métavers seront-ils capables de proposer de telles pratiques ?
Plus de “play”
“Aujourd’hui on peut avoir plusieurs identités, avec cette dimension de bal masqué qu’a toujours eu internet”, affirme pour sa part Michaël Stora, psychologue et directeur scientifique chez Manzalab. “Sauf qu’on voit aussi des avatars qui peuvent être persistants d’un monde à l’autre, ce qui permet de garder des assets qu’on aurait achetés ou gagnés”, ajoute Yassine Tah. Cela ouvre le champ des possibles quant à la représentation que souhaitent avoir les utilisateurs. “Les réseaux sociaux sont venus rompre avec le royaume de transparence mais on voit bien que nous sommes devenus des clichés avec une forme d’idéalisation, indique Michaël Stora qui estime que les mondes virtuels vont faire bouger les lignes. Des personnes vont jouer avec cette identité. Je vois bien une bataille implicite entre une force hyper réaliste et une forme fantaisiste”.
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Le psychologue voit également une différence dans l’utilisation entre ce qu’il nomme le “game” et le “play”. “Notre société est du côté du ‘game’, de l’enjeu. On voit des clivages dans la société avec une notion de performance qui implique que les gens ne vont pas toujours très bien, analyse Michaël Stora. Je pense qu’il faut revenir vers le ‘play’, le jeu de l’enfant, le jeu libre”. Il estime également que certaines pratiques spécifiques des réseaux sociaux ont joué un rôle très négatif : “Le like est une invention terrible qui a créé beaucoup de souffrance. La question de revenir à du plaisir est essentiel sans qu’il y ait un intérêt à ce que ça rende plus fort. Il faut quelque chose de plus naïf, de plus enfantin”. Yassine Tahi appuie ces propos : “On voit que les jeux ‘play to earn’ ne marchent pas. Dans le métavers, les plateformes qui fonctionnent le plus sont des jeux”. Pour Aurore Géraud, chercheuse au sein de l’Atelier BNP Paribas, “le jeu a un intérêt, c’est un but en soi”.
Vers plus d’inclusion ?
Les formes libres que peuvent prendre ces avatars pourraient permettre une plus grande représentativité de la société sous la forme pourquoi pas, d’un exutoire. “Dans les jeux vidéo, il y a déjà eu un travail pour être plus représentatif de la société mais dans certains métavers, on a vu beaucoup plus d’initiatives, explique Aurore Géraud. Souvent les gens font des avatars à leurs images, en essayant parfois des habits qu’ils ne pourraient pas mettre dans la vraie vie”. Yassine Tahi ajoute : “Avec la révolution de l’IA générative, on peut donner des outils pour créer tout ce qu’on veut. On va arriver à une expression de ce qu’on veut vraiment faire. La technologie va débloquer des façons de faire pour permettre à chacun d’avoir la représentation souhaitée”. Si le virtuel est amené à servir le monde réel, cela pourrait d’abord permettre à des utilisateurs de s’épanouir d’abord dans le virtuel, et ensuite dans le réel.
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Côté professionnel, il y existe encore des freins sur ces aspects. “Il y a une vraie méfiance des mondes virtuels chez les RH et notamment sur la customisation, indique Aurore Géraud. Il y a cette contrainte de ressembler à la vraie vie”. “Durant les confinements, il m’est arrivé de donner de cours à distance en instaurant l’idée de jouer avec les filtres, raconte le psychologue Michaël Stora. Jouer d’un rituel un peu fun peut permettre de redonner de l’ironie et de l’humour, qui est essentiel pour retrouver l’autre avec qui on travaille lorsqu’on est à distance. C’est important de trouver des espaces en dehors d’un management vertical pour remettre de l’horizontalité”, conclut-il. Reste à savoir jusqu’où les plateformes virtuelles professionnelles permettront de laisser à chaque collaborateur, cette dose de liberté.