Twitter est sorti du code de bonnes conduites de l’Union européenne contre la désinformation en ligne, a-t-on appris fin de semaine dernière. Un texte que le réseau social, comme d’autres grandes plateformes, avait pourtant signé en 2018. Mais, en quelque sorte, aucune surprise : lors de l’opération de rachat il y a six mois, Elon Musk avait déclaré le faire au nom de « la liberté d’expression absolue ».
Cette décision du milliardaire libertarien vise à rendre son service le meilleur possible selon « ses » critères, « qui ne sont pas forcément ceux de l’intérêt général, ni de la bonne tenue de notre débat démocratique », analyse Jean Cattan, secrétaire général du Conseil national du Numérique. Avec une autre priorité qui est aussi de redresser des comptes actuellement dans le rouge…
Plus virulent que précédemment, le commissaire européen Thierry Breton a réagi immédiatement dans un tweet : « Vous pouvez courir, mais vous ne pouvez pas vous cacher. Au-delà des engagements volontaires, la lutte contre la désinformation sera une obligation légale en vertu de la DSA à partir du 25 août ».
Ces nouvelles règles, applicables dès cet été, prévoient notamment des « obligations de modération, c’est-à-dire de retrait de contenus illicites qui leur sont signalés », ainsi qu’une « obligation impérieuse : celle de lutter activement contre la désinformation ».
Reste à voir maintenant si Elon Musk respectera la loi… quand, de ce côté de l’Atlantique, on souhaite veiller à ce que les algorithmes de recommandation sur Twitter (ou autres réseaux) ne favorisent pas la haine entre tous.
Lundi dernier, Jean-Noël Barrot, le ministre français délégué au numérique, a même parlé d’aller jusqu’à « bannir » Twitter de l’Union européenne, la sanction ultime après les amendes en cas de manquement… « Si Twitter ne lutte pas activement contre la désinformation, la Commission européenne pourra engager contre Twitter des sanctions, allant jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires mondial, à peu près 300 millions d’euros. En cas de récidive, si Twitter ne se conforme pas, il pourra alors être banni de l’Union européenne », a expliqué le ministre.
Alors, Twitter et l’Europe pourront-ils trouver un nouveau terrain d’entente ? Ce pied de nez à nos politiques, au-delà de tendre un peu plus les relations entre le milliardaire américain et la Commission européenne, devrait surtout prouver notre réelle capacité à « faire voler l’oiseau selon nos règles »…
Cet édito est issu de notre newsletter de la semaine du 29 mai au 02 juin 2023.
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