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Rachel Delacour (We Are Cloud), l’ascension fulgurante

Mi-octobre, le Californien Zendesk a acquis la pépite montpelliéraine We Are Cloud (Bime Analytics), cofondée par Rachel Delacour en 2009 et spécialisée  en business intelligence. 

Rachel Delacour, fondatrice de We Are Cloud © Bime Analytics

Les murs sont gribouillés à la craie. Rendez-vous à venir, idées nouvelles, contacts, mais aussi note stratégique… « Merci de ne pas prendre de photos de ce mur ! Cela pourrait nous attirer quelques soucis… », plaisante, à demimot, Rachel Delacour. La fondatrice de We Are Cloud, développeuse du logiciel Bime Analytics, est une dirigeante heureuse. Mi-octobre, l’entrepreneure montpelliéraine de 36 ans a revendu sa société spécialisée dans l’informatique décisionnelle (ou Business Intelligence/BI) à l’Américain Zendesk, une société californienne dédiée aux solutions CRM et dont la capitalisation boursière s’élève à 1,8 milliard de dollars (1,64 milliard d’euros). Montant de la transaction : 45 millions de dollars auxquels s’ajoute un paquet de 480 000 actions partagées entre les quarante-cinq salariés de We Are Cloud.

« C’est un point très important pour nous car il marque une confiance envers nos équipes », explique Rachel Delacour, qui veut voir dans la nature de cette dot de bienvenue, un signe que Zendesk n’a pas seulement racheté une technologie mais aussi l’équipe qu’elle juge la plus à même de développer le logiciel qu’elle a créé et développé avec son mari Nicolas Raspal.

De Carrefour à Bata

Rachel Delacour est de ces entrepreneurs partis de leur expérience utilisateur pour développer un produit innovant. Diplômée d’Euromed Management (aujourd’hui Kedge Business School), elle est d’abord contrôleuse de gestion. Passée par les services achats de FM Logistics, elle rejoint Carrefour, puis le chausseur Bata. C’est en travaillant au sein de cette société que Rachel Delacour a mûri son projet de création. « Chez Carrefour, j’avais tous les outils d’informatique décisionnelle à ma disposition, se souvient-elle. Quand on est dans une grande entreprise, on ne réalise pas la chance que l’on a de posséder ces outils. Arrivant chez Bata, je me suis rendu compte qu’aucune offre BI n’était financièrement accessible à l’entreprise. C’est pourquoi j’ai réfléchi à un logiciel à l’interface agréable qui serait accessible aux sociétés de cette taille comme aux  plus petites », poursuit la dirigeante. 

Aujourd’hui, les moyens de Zendesk, qui propose à la fois la solution Bime Analytics en package avec son offre tout en laissant le libre choix au client d’utiliser Bime Analytics sans acheter les produits de la maison mère, doivent permettre à We Are Cloud de déployer plus massivement ses offres. Ainsi, l’entreprise montpelliéraine a rapidement compris que son marché était international. « Bime est vendu sur le cloud… La solution étant disponible partout, on a créé d’emblée un site Internet en anglais. » Et c’est ainsi que les premiers retours positifs sont arrivés des Etats-Unis. L’entreprise pense alors toucher prioritairement des TPE-PME… Raté  ! De grands comptes s’intéressent à sa solution 100 % cloud développée dès 2009. « Nous avons vu avec la progression de société telle que Salesforce que l’avenir était dans le cloud », analyse-t-elle avec le recul.

Pour appâter ses clients, We Are Cloud use de deux stratagèmes pour le moins originaux. D’une part, pour développer Bime Analytics dans la bonne direction, sa dirigeante s’est mise en chasse sur les réseaux sociaux. « Sur LinkedIn, on peut interpeller en direct les tops managers qui nous intéresse. C’est comme cela que j’ai joint nombre d’entre eux aux Etats-Unis. Je me suis trouvé face à des personnes ouvertes qui m’ont accordé des plages de 10 ou 15 minutes pour que je leur présente le produit en ligne. Leur retour nous a été précieux. » Deuxièmement, elle propose d’essayer gratuitement pendant 15 jours, la version la plus évoluée du logiciel. Le reste relève du secret industriel : « Les clients ne veulent pas dupliquer les données. Nous avons développé des robots qui prennent les données là où elles sont pour les analyser là où elles se trouvent. »

« C’est une ascension tout à fait fulgurante », jubile Jérémy Uzan, partenaire chez Alven Capital. Ce fonds français était entré il y a deux ans à peine au capital de l’entreprise… Il a eu du flair. « Nous ne pensions pas sortir si tôt. Nous avons été sollicités par Zendesk en juillet et la transaction s’est faite trois mois plus tard », dévoile-t-il. Une sortie prématurée pour ce fonds qui avait investi 3 millions d’euros à l’époque – soit un montant estimé à environ un tiers du capital. « Rachel et Nicolas font partie de ces entrepreneurs qui donnent une visibilité à la French Tech et du crédit à nos ingénieurs outre-Atlantique. »

Montpellier, région attractive

Des ingénieurs qui, en l’occurrence, ne se sont jamais installés à Paris, mais dans le sud de la France. « La France forme de très bons ingénieurs en régions. Et Montpellier propose une qualité de vie qui fait envie à beaucoup de Français », souligne Rachel Delacour, consciente d’habiter la région la plus attractive de l’Hexagone en terme démographique. L’autre atout de Montpellier face à Paris, c’est la plus faible concurrence d’entreprises à même de proposer des postes de  qualification similaire à We Are Cloud. « C’est aussi pour cela que nous avions installé notre bureau commercial américain à Kansas City », complète Rachel Delacour qui avait opté pour ce choix avec le but de limiter au maximum le turn-over.

Depuis quelques semaines, ses équipes commerciales américaines ont rejoint celle de Zendesk à Madison (Wisconsin) et San Francisco.  La recherche et le développement, comme Rachel Delacour,  demeurent les pieds en terre de France. Le pilotage stratégique de Bime Analytics reste à Montpellier. Et Rachel Delacour d’afficher avec appétit : « Nous avons une vraie excitation à participer à toute cette émulation autour de la French Tech. » 

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