Gouvernance des données, nouveaux métiers liés au développement des compteurs communicants, maîtrise de la consommation d’énergie… la plupart des discussions ont tourné autour de Linky, mercredi 7 février lors du premier Forum de l’intelligence énergétique, qui s’est déroulé à la Maison de la Chimie.
| Cet article fait partie du dossier « Linky, le compteur de toutes les attentions »
Trois jeunes pousses ont été invitées à présenter leur projet autour de la transition énergétique. Parmi elles, Lancey Energy Storage, une start-up grenobloise de 13 salariés qui vient de remporter le prix « Best of Innovation » au CES 2018. Cette dernière a conçu un radiateur électrique intelligent compatible avec le compteur Linky. Lancey, qui prépare une levée de fonds de série A, a pris ses quartiers en début de la semaine au Royaume-Uni pour conquérir le marché européen. Rencontre avec Raphaël Meyer, CEO de Lancey Energy Storage.
Pourquoi avoir rendu votre radiateur électrique communicant avec Linky ?
Raphaël Meyer. Nous avons fait ce choix d’être le premier radiateur « Linky compatible » en raison de la simplicité de connexion entre les deux appareils. Linky rend accessible des données précieuses pour la domotique et nos radiateurs peuvent les récupérer sans passer par d’autres structures hardware. Le compteur communicant rend par ailleurs possible l’autoconsommation, que nous encourageons, et il facilite la gestion du réseau électrique.
Comment assurer la mutation du bâtiment pour améliorer les performances énergétiques ?
Raphaël Meyer. Il faut à mon sens que ce genre de compteur communicant se généralise : il permet de réaliser des consommations d’énergie plus faibles sans avoir à investir. Mon objectif est de développer l’autoconsommation et de l’introduire dans la rénovation de bâtiments. Or Linky permet cela. Il y a eu une levée de boucliers contre le compteur d’Enedis en raison d’une mauvaise communication. Beaucoup s’inquiète des données récoltées, alors que l’opérateur ne vise que celles qui lui permettront de baisser les coûts d’exploitation du réseau électrique.
Selon vous, en quoi l’Intelligence artificielle (IA) est un levier technologique au service de l’intelligence énergétique ?
Raphaël Meyer. L’enjeu de l’IA est double. D’une part, elle permet à chacun d’avoir des objets qui, sans être intrusifs, se programment seuls pour réduire notre consommation d’énergie. Par exemple, dans le cas de notre chauffage, l’IA se charge de l’allumer ou de l’éteindre sans impacter notre niveau de confort. Pour cela, elle s’appuie sur les données des différents capteurs du radiateur (présence, taux de CO2, température…) et sur les scénarios appris avec du machine-learning pour piloter seul le chauffage. D’autre part, l’IA va faciliter les échanges entre des strates de pilotages qui, aujourd’hui, communiquent mal. Elle transformera les smart grids en une boucle de corrélation bidirectionnelle, entre la production et la consommation. Si aujourd’hui, la production est obligée de s’adapter à la demande, elle pourra demain requérir une baisse de consommation. Au final, cinq millions de ménages français sont en situation de précarité énergétique, l’IA apportera une réponse à ce problème.