La baisse de la productivité française depuis le Covid est analysée au détour d’un rapport du Conseil national de productivité (CNP), publié le 14 avril. La création d’emploi, jusque-là salvatrice de l’économie française, pourrait être mise au second plan, derrière le soutien à l’adoption de l’IA chez les entreprises.
Devant le constat d’une productivité française en baisse qui pénalise la compétitivité internationale, le Conseil National de Productivité (CNP) s’est réuni et a publié son nouveau rapport le 14 avril. Nommé “Un monde en mutation – productivité, compétitivité et transition numérique”, il tente d’expliquer les causes derrière cette faible productivité, malgré un contexte technologique favorable. Pour rappel, après la crise du Covid-19, la productivité des pays a baissé, et contrairement à l’Italie ou au Royaume-Uni, la France n’a jamais retrouvé ses niveaux d’antan. Certains secteurs sont responsables de cette baisse, comme le commerce, les services immobiliers, la construction et les autres branches industrielles. À contrario, les services aux entreprises, qui représentent 15% de l’emploi total, et le secteur de l’information-communication offrent une hausse de la productivité.
Des gains de productivité permis par la technologie
Pourtant, malgré ce déficit de productivité, le PIB français maintient sa croissance. Le rapport précise que la réduction constatée est une baisse de productivité par tête. La politique post-Covid de création d’emploi explique donc la croissance française. D’autres gains peuvent être obtenus via la technologie, ajoute le CNP 2025. “En cas de diffusion plus large dans différents secteurs et d’une plus grande maitrise de cette technologie par les entreprises et les travailleurs, un plus fort impact est certainement à attendre de l’intelligence artificielle générative”, développe le Conseil. Une hausse de 12% de productivité est attendue chez les employés qualifiés. L’automatisation de certaines tâches pourrait ajouter jusqu’à 420 milliards d’euros de croissance au PIB d’ici à 2034.
Investir dans les entreprises les plus performantes
Toutes les entreprises ne sont pas concernées, note le rapport. La taille de l’entreprise influe sur la probabilité́ d’adoption des technologies numériques : plus une entreprise est grande et ancienne, plus elle a recours aux technologies numériques avancées et plus elle a de chances d’être une entreprise à haute productivité́. Le CNP 2025 souligne l’importance de la réallocation des ressources vers les entreprises les plus performantes. Cependant, investir substantiellement dans l’adoption des innovations de rupture risque de ralentir la croissance de l’emploi. Il s’agit là de “choix politiques majeurs qui doivent être pris rapidement”, conclut le rapport. La course à la productivité inciterait-elle à abandonner l’objectif du plein-emploi ?