En Lorraine, l’économie numérique incarne l’esprit Renaissance que Nancy mettra à l’honneur en 2013. La toute jeune université de Lorraine promet de renforcer une filière en quête de visibilité.
En mai prochain, les Lorrains seront invités à enrichir un « nuage des expressions », réceptacle cubique qui recueillera leur vision de l’avenir via leur smartphone ou leur écran. L’attraction s’inscrira au programme de Renaissance Nancy 2013, qui entend raviver l’esprit d’innovation et de recherche dans la région. Le numérique occupera une bonne place dans cette grande célébration culturelle, économique et scientifique.
Le Grand Nancy, la chambre de commerce et d’industrie de Meurthe-et-Moselle et l’université de Lorraine (UdL) lancent, dans la foulée, le projet Technopole Renaissance. Cette dernière doit reproduire au long des Rives de Meurthe le succès du Technopôle de Nancy-Brabois, construit dans le sillage du CHRU dans les années 1970. Plein comme un œuf, ce site de 500 hectares regroupe 285 entreprises, près de 20 000 étudiants et chercheurs et 15 000 salariés dans le secteur médical.
La Technopole Renaissance doit élargir ses horizons à l’innovation en général et développer des filières d’excellence fédérant les acteurs économiques de l’agglomération, mais aussi de l’ensemble du sillon lorrain reliant Nancy, Metz, Epinal et Thionville.
Place forte universitaire, médicale et financière, l’agglomération nancéienne présente, depuis un quart de siècle, un terreau fertile à l’éclosion de start-up. « Le Grand Nancy a identifié l’industrie numérique comme le secteur le plus créateur d’emplois de l’agglomération. Le pôle hospitalier a contribué à l’émergence de filières d’excellence, notamment en imagerie médicale ou en télémédecine. La ville présente également une longue tradition de services, très consommateurs de développements numériques. La présence des universités et des grandes écoles permet, de surcroît, aux entreprises de trouver du personnel qualifié », analyse Fabian Costet, consultant et président du cluster collaboratif Nancy Numérique.
Efluid gérera les 35 millions de clients d’ERDF
L’agglomération nancéienne a vu naître certains pionniers de l’informatique comme le site d’informations boursières Boursorama ou le fabricant de modems Olitec. Elle abrite aujourd’hui Pharmagest Interactive, leader national des logiciels de gestion des officines, le québécois Nurun, créateur de sites, ou encore l’opérateur de services IP, RMI Informatique (et sa marque Adista).
Aux côtés d’autres grands noms, dont Miss Numérique, le site d’e-commerce, ou le groupe Factum Finance, spécialiste de la location et du financement de solutions informatiques, gravitent des centaines de petites structures. L’industrie numérique représente, à Nancy, 900 entreprises et plus de 8 000 emplois directs. Metz ne présente pas autant de références que Nancy, mais a annoncé fièrement, mi-octobre, la création d’Efluid, filiale du fournisseur d’énergie UEM, détenu à 85 % par la ville de Metz. Cette start-up, qui équipe déjà avec son progiciel de gestion de réseaux dix-huit entreprises locales fournissant l’électricité à 2 millions de clients, gérera, d’ici à 2019, la facturation, le recouvrement et le suivi des 35 millions de compteurs du réseau ERDF, filiale d’EDF.
L’université de Lorraine pour “faire dialoguer les savoirs”
Metz a également bénéficié de l’antériorité acquise voici près de trente ans avec la création du premier technopôle explicitement dédié aux NTIC. Le site a perdu cette spécificité, mais a vu naître Applicam, pionnier national de la carte de prépaiement, et le groupe ProConsultant Informatique (PCI), qui exporte dans une trentaine de pays ses solutions de gestion des programmes et des publicités des chaînes de télévision. « A l’étranger, l’existence d’un technopôle rassurait nos interlocuteurs et constituait un signe de reconnaissance. Aujourd’hui, il nous faut structurer une filière régionale pour exporter notre savoir-faire. Les nouvelles technologies ne sont pas une fin en soi, mais constituent l’outil indispensable à tous les secteurs de l’économie », estime Hervé Obed, fondateur et dirigeant de PCI et président de l’Institut lorrain de participation (ILP), le principal organisme de capital développement régional.
Fondée voici un an, la toute jeune université de Lorraine (UdL) doit contribuer à structurer la filière. Son mot d’ordre « Faire dialoguer les savoirs, c’est innover », promet l’intensification des échanges entre la recherche et l’industrie. A Nancy, le Laboratoire lorrain de recherche en informatique et ses applications (Loria), dont l’incubateur a couvé nombre de start-up, compte développer en 2013 un centre d’ingénierie en bioinformatique interdisciplinaire.
Le centre de recherche en automatique de Nancy et le centre de ressources Critt bois d’Epinal travaillent à une interface dédiée à la rénovation des bâtiments. A Metz, l’université de Lorraine s’implique, d’ores et déjà, dans les travaux du futur Institut Lafayette et dans le projet d’institut de recherche technologique Matériaux, métallurgie et procédés. Le futur M2P mobilisera 110 millions d’euros sur dix ans et doit engendrer une « Material Valley » à l’horizon 2020.
L’Institut Lafayette, un projet américain unique en Europe
Avec l’Institut Lafayette, le Technopôle de Metz disposera, en 2014, d’une plate-forme technologique unique en Europe dans le domaine de l’optoélectronique. Ses 35 chercheurs et ingénieurs mèneront des recherches pour la mise au point de composants électroniques qui interagissent avec la lumière. Issu d’un partenariat entre les collectivités territoriales, l’université de Lorraine et le Georgia Institute of Technology d’Atlanta, l’Institut Lafayette mobilise un investissement de 32 millions d’euros. Ouverte aux industriels, aux laboratoires publics et privés et aux start-up, cette « boîte à outils » assurera ses frais de fonctionnement grâce à des prestations en libre-service et aux partenariats. Solvay, PSA et BioCapTech, présents en Lorraine, ont déjà fait part de leur intérêt.