Enensys Technologies, entreprise bretonne spécialisée dans la télédiffusion, vient de lancer son introduction en Bourse, notamment pour soutenir son essor sur le marché américain. Régis Le Roux, président et CEO, revient sur l’état du marché à l’étranger et sur les innovations actuelles dans ce secteur d’activité.
Quels sont les principaux objectifs de cette introduction en Bourse ?
Régis Le Roux. Cette opération doit nous permettre de lever 15 millions d’euros, qui serviront à notre développement aux États-Unis, l’une de nos priorités. Une nouvelle norme, l’ATSC3, est en cours de développement, nous sommes parvenus à être choisis dans quatre projets pilotes, à Cleveland, Portland, Dallas et Phoenix. Nous avons estimé que le déploiement de cette norme représenterait un marché potentiel de 200 à 300 millions de dollars. La nouvelle technologie aux États-Unis est ainsi vecteur de croissance, le déploiement s’effectuant par phases successives. Nous prévoyons ainsi de quasiment tripler notre chiffre d’affaires (21,1 millions d’euros) d’ici à 2022.
Quels ont été les facteurs d’accélération de votre expansion à l’étranger ?
Régis Le Roux. Dès l’origine, lors de la création en 2004, notre entreprise s’est positionnée sur l’export : notre premier client était Espagnol. D’année en année, cela s’est développé. 90% de notre chiffre d’affaires est réalisé à l’étranger et nos produits sont commercialisés dans 58 pays, dont 60% en Europe. L’Asie pacifique est la deuxième zone où nous sommes présents, la Corée fait notamment partie des pays en avance sur ces sujets. Pour eux comme pour nous, la télévision numérique terrestre est un enjeu de souveraineté, il s’agit du premier mode de réception de la TV linéaire gratuite et les diffuseurs TNT ont pour obligation d’assurer une couverture maximale de la population. Ces derniers veulent optimiser le spectre car cela coûte plus de 100 000 euros par an de diffuser une chaîne. Nos solutions permettent d’optimiser les performances des réseaux, de les sécuriser en évitant les coupures par des équipements basculant sur d’autres en cas de problèmes et de monétiser le système par une publicité ciblée.
L’innovation est-elle possible dans un secteur dans lequel les investissements demandent une décennie à être réalisés ?
Régis Le Roux. Dans ce marché, il est essentiel d’innover en permanence. Nous avons déposé 32 brevets et investi 40 millions d’euros en R&D sur les dix dernières années, soit 30% du chiffre d’affaires par an. Nous travaillons par exemple sur l’élaboration d’un sac pourvu d’une connexion pour des missions critiques, notamment à l’attention des forces de l’ordre. La création de bulles tactiques autonomes communicantes, comprenant la voix, la data et la vidéo, est une réponse en consortium à l’appel d’offre lancé par le ministère de la Défense. Nous avons par ailleurs noué des partenariats avec des écoles d’ingénieurs. Avec le centre de recherche b<>com, nous menons des expérimentations autour de la 5G à Rennes et Lannion. Cela nous permet de travailler sur un sujet pointu de manière collaborative avec divers acteurs, comme Orange. Nous projetons de décentraliser l’intelligence des réseaux à leur périphérie.
Quel enjeu représente la 5G pour Enensys Technologies ?
Régis Le Roux. Il s’agit d’un enjeu stratégique pour nous. La 5G va augmenter les capacités et la vitesse tout en renforçant la sécurité des réseaux. Elle va devenir incontournable car la vidéo se consomme de partout, tout le temps. Je crois particulièrement à son essor en Afrique, où la consommation s’effectue en grande partie par mobile. La vidéo représente 80% des flux sur mobile ; le volume des flux de données vidéo a été multiplié par 13 dans le monde entre 2014 et 2019. Accroître les capacités permettra des vidéos de meilleure qualité. Les premiers résultats sont annoncés pour 2020, un déploiement devrait avoir lieu d’ici 2022, de manière assez rapide.
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