La communauté Alliancy Connect tenait un diner à la Maison de la Recherche ce mercredi 13 avril, afin de permettre à ses membres d’échanger avec des acteurs inspirants sur l’émergence de nouveaux écosystèmes d’innovation.
Software République, un nouveau mode de gouvernance
Ce nouvel écosystème réunit six grandes entreprises : Atos, Dassaut Systems, Thales, Orange, ST Microelectronics et Orange. Il a pour objectif de participer à la transformation des mobilités en innovant sur les aspects de durabilité et d’intelligence. « C’est un double incubateur dont l’un regroupe des partenaires et l’autre des start-up qui alimentent ce business », explique Eric Feunteun, directeur des Opérations de Software République pour Renault. « Le partenariat, c’est très important, ajoute Eric Monchalin, head of machine intelligence pour Atos et coordinateur de l’initiative Software République, Les R&D des grands groupes sont assez paresseuses et peu créatives. Elles ont besoin des startups pour avancer ».
Le mode de gouvernance de la Software République laisse la parole à chacun des partenaires sur l’ensembledes projets. « On se met tous autour de la table. On discute et on choisit, raconte Eric Monchalin. Avec tous les mêmes droits et les mêmes pouvoirs de décision. Sur les sujets importants, ce sont des votes à l’unanimité et ça se passe très bien. » Eric Feunteun estime lui que la clef de cet écosystème repose sur les relations humaines et les relations de confiance. La « souveraineté européenne » est également l’un des moteurs de ce partenariat, pour lutter notamment face aux Gafam.
Ces grands groupes, souvent peu agiles doivent également s’adapter au monde des start-up dont le fonctionnement est opposé. “On a très peu de règles, très peu de carcan. On a mis les structures juridiques les plus souples possibles pour nous aider. Ça nous donne une forte agilité et capacité à nous organiser”, explique le head of machine intelligence pour Atos. Interrogé par Sylvain Fievet, directeur de publication d’Alliancy, sur le partage de la valeur, il estime que c’est un non-sujet. “Si on en fait un sujet de départ, l’écosystème est mal parti. Ça doit découler assez naturellement.” Pour le directeur des opérations de Software République pour Renault : “L’adaptation à la réalité du produit est une des clefs pour, au cas par cas, partager la valeur.”
Future4Care, plus forts ensemble
Agnès de Leersnyder est ravie d’échanger au sujet de la Software République, projet qu’elle a vu sur son bureau lorsqu’elle était directrice de la Stratégie d’Orange… Aujourd’hui, à la tête de Future4Care qui réunit quatre groupes actionnaires (Capgemini, Sanofi, Generali et Orange), elle décrit également son écosystème autour de la santé numérique comme une nouvelle façon d’approcher l’innovation. « Dans un monde numérique, on ne peut plus faire seul. On doit inventer de nouvelles façons de travailler en partenariat. »
Future4care s’installe sur un marché de la santé en pleine transformation. « La santé numérique est un marché gigantesque où aucun des partenaires ne savait aller isolément, raconte Agnès de Leersnyder, au micro de Catherine Moal, rédactrice en chef d’Alliancy. Il fallait donc créer un partenariat ».
La souveraineté européenne rentre également en jeu dans cette alliance qui repose sur deux piliers : « Un incubateur-accélérateur de start-up et un institut, décrit la CEO de Future4Care. La santé est très peu digitalisée, il y a peu de services qui se parlent dans les hôpitaux et ils en ont assez peur de l’innovation. » Pour tenter d’intégrer les hôpitaux et le monde de la recherche, Future4care s’est allié également au Parisanté Campus et à l’AP-HP (@Hôtel-Dieu). « Nous avons décidé d’allier nos forces pour ensemble adresser ce sujet de l’innovation souveraine et européennes en santé. Tous les intéressés sont les bienvenus », conclut Agnès de Leersnyder.
Future4Care lance un deuxième appel à candidature pour son programme d’accélération destiné aux start-up de la santé numérique. La date de clôture des candidatures est fixée au 9 mai.
Un soutien managérial primordial
Après les débats, interrogés par Jean-Michel Hua, directeur adjoint des opérations chez Free, au sujet de l’importance du soutien managérial pour le bon fonctionnement de ces nouveaux écosystèmes, Eric Monchalin et Agnès de Leersnyder ont répondu à l’unisson. « Nous sommes extrêmement supportés par nos CEO qui se rencontrent tous les deux mois », explique le premier. « Il faut que le support soit immense et indéfectible parce qu’à leur naissance, ces écosystèmes sont ultra-fragiles et le ROI inexistant », indique quant à elle, la CEO de Future4care.
Linkinnov, le réseau social professionnel de l’expertise scientifique
Céline Clausener, sa directrice générale, décrit Linkinnov comme « une sorte de mariage entre Tinder et une legaltech » ! Linkinnov est un réseau social professionnel dédié à l’innovation, dans un cadre légal et sécurisant pour simplifier les missions de service public de la recherche française. Il repose sur un déficit d’accessibilité. « Derrière les savoir-faire académiques, il y a un levier majeur d’innovation nécessaire pour les entreprises et difficilement accessibles, explique Céline Clausener. On fait en sorte que les uns et les autres se trouvent. Que la recherche et le savoir-faire académique irrigue bien plus facilement les entreprises innovantes qui en ont besoin. »
Il réside également des difficultés de contractualisations entre les chercheurs et les entreprises dans la transmission des travaux, rappelle-t-elle. « Aussi, sur les missions d’expertise, il y avait quelque chose à disrupter. II fallait faire quelque chose de beaucoup plus simple, éviter que les chercheurs créent leurs autoentreprises. On a absorbé une forme de complexité que les entreprises rencontraient », assure Céline Clausener. Selon elle, ces collaborations peuvent amener à des projets de plus grande ampleur : « C’est souvent le premier moment de confiance entre un chercheur et une entreprise. Derrière c’est un levier magique pour faire d’autres choses, des projets collaboratifs à plus grandes échelles ».