Au salon Cybersécurité du Citoyen et des Collectivités, le défi d’acculturation du plus grand nombre

A la mi-mai se tiendra à Montpellier la première édition du S3C, un salon dédié à la cybersécurité des citoyens ; une initiative originale portée par la volonté de faire sortir l’écosystème cyber de l’entre-soi, et de servir le plus grand nombre. A suivre sur place ou en streaming.

Salon S3C Cybersécurité du Citoyen et collectivitésL’initiative a attiré l’attention du vice-amiral Arnaud Coustillière, président du Pôle d’excellence cyber, et de Guillaume Poupard, ex-directeur emblématique de l’Anssi et actuel directeur général adjoint de Docaposte, qui en sont devenus les parrains. Le Salon Cybersécurité du Citoyen et des Collectivités (S3C), qui se tient du 11 au 13 mai 2023 au parc des expositions de Montpellier, cherche en effet à se démarquer des nombreux évènements qui existent déjà sur le thème de la cyber, souvent destinés uniquement aux professionnels.

Sa fondatrice, Marie-Dominique Calvez, mûrit depuis longtemps cette ambition d’ouvrir au contraire le sujet au plus grand nombre. « En cybersécurité, la problématique clé c’est l’humain, que ce soit le collaborateur dans l’entreprise ou plus généralement nous tous, en tant que citoyen. Et il faut que l’on arrive à engager le plus largement possible, pour que chacun devienne à son tour un ambassadeur, un sensibilisateur. En nous tournant vers le grand public et les collectivités en France, nous voulons profiter du fait que notre pays est très bon en cybersécurité, et qu’il existe déjà des initiatives d’assistance comme Cybermalveillance.gouv.fr, qui apportent un gage de confiance et sur lesquels il faut capitaliser » explique celle qui était à l’origine chef de projet R&D et consultante formatrice en prévention des risques santé et sécurité, avant d’intégrer le risque cyber dans ses activités en passant un DU « Enjeux de défense et de sécurité nationale ».

La jeunesse et la cybersécurité

Également gendarme de réserve, Marie-Dominique Calvez a été confrontée très tôt à des demandes du public, venant chercher des conseils et de l’aide face à des menaces cyber mal connues et mal comprises. « En 2010, j’avais créé une application « Au Secours », pour venir en aide aux personnes en danger, qui avait bien fonctionné. J’ai eu l’idée de repartir de cette idée pour une application « Cybersecours » en 2022, qui est du même coup notre support de communication pour l’évènement » explique la directrice du S3C.

Le thème de la première édition du salon est « Jeunesse et cybersécurité », alors que la part la plus jeune de la population est particulièrement sensible et exposée aux arnaques et aux violences numériques. « Dans notre logique d’élévation de la maturité de tous, nous avons eu la volonté de faire participer la collectivité et les jeunes pour qu’ils soient acteurs des contenus de ce salon » explique Anthony Du-Plantier, ancien officier de cyberdéfense dans l’armée de l’air qui dirige actuellement le pôle cybersécurité de l’ESN Acelys, sponsor et co-organisatrice de l’évènement.

Ainsi, les étudiants de Brassart, école des métiers de la création, ont réalisé neufs courts métrages en motion design, afin de faciliter la sensibilisation des visiteurs.

« Dès son entrée, le visiteur est immergé dans l’univers du numérique en se transformant en données personnelles. Tout au long d’un parcours pédagogique de 9 salles, il va comprendre ce que sont les données personnelles et pourquoi il faut les protéger : de leur création à leur archivage ou destruction. » décrivent les organisateurs. Chaque film établit des parallèles avec la vie courante et propose des repères à actionner pour les participants. Après le salon, les courts métrages seront également mis à disposition du rectorat et du ministère de l’Education nationale.

Créer un maillage territorial ambitieux

A l’issue du parcours, une zone « métiers du numérique et de la sécurité numérique » regroupe des exposants institutionnels, écoles et associations… pour faire connaître la diversité des métiers du secteur. L’évènement sera l’occasion de lancer à ce titre la « Journée de la sécurité numérique pour les étudiants », avec mise en avant de projets étudiants, organisation de recrutement et petites annonces. « L’idée est de créer un vrai maillage territorial pour aider à la formation sur ces métiers en tension » souligne Marie-Dominique Calvez. Des entreprises spécialisées en cybersécurité, notamment au niveau local, complètent l’équation.

Cet ancrage territorial est assumé et mis en avant par la directrice : « L’objectif du salon à long terme est de créer un évènement de référence méditerranéen, qui vienne s’inscrire dans un pôle plus large d’innovation cyber territoriale, renfort de ce que l’on sait faire dans le sud sur la e-santé, la formation ou encore l’e-sport, qui est en soi un véritable outil de sensibilisation et formation pour demain ».

L’idée est également de mettre en valeur d’autres territoires. « Je veux amener les sujets vers des territoires oubliés, comme la Guadeloupe, qui a connu une cyberattaque majeure en novembre 2022. Les territoires d’outre-mer en général tiendront une place importante dans la suite du salon, dès 2024. » promet la directrice.

Engagement et solidarité

Cette logique de responsabilité et de sens, est d’ailleurs la clé qui a permis à l’évènement d’émerger concrètement en quelques mois seulement. Anthony Du-Plantier d’Acelys décrit la rencontre avec Marie-Dominique Calvez comme un alignement très complémentaire : « J’étais en quête de sens. C’était ma motivation pour rentrer dans l’armée au départ, servir mon pays. Quand j’ai quitté l’armée, il y a 5 ans, je me suis demandé : comment retrouver ce sens et cette utilité dans le monde civil ? Une PME comme Acelys peut s’engager à son niveau, avoir une démarche RSE, intervenir auprès des universités…. Mais comment avoir vraiment plus d’impact ? Créer un évènement dans le Sud pour éveiller les consciences, et générer de  la visibilité, répondait à cet objectif. La rencontre avec Marie-Dominique nous a fait gagner au moins deux ans dans son organisation ».

« On s’est retrouvé sur nos valeurs, notre envie de transmettre le savoir, de servir notre pays, de protéger les français. Je saurais que S3C est une réussite quand on me dira à la sortie de l’évènement : « J’ai compris ce que c’est, la cyber, car votre parcours et votre salon sont pédagogiques » » estime la fondatrice.

Ces valeurs, les organisateurs veulent également les traduire en termes de solidarité. L’initiative S3C Solidaire, organise ainsi en partenariat avec l’association LNX e-sport le « S3C Cyberthon », un événement online destiné aux gamers, pour récupérer des dons reversés à l’association « Génération Numérique (lutte contre le cyberharcèlement) et en soutien à l‘équipe de France militaire handisport qui participe aux Jeux Invictus en septembre 2023.

Pour fédérer le plus grand nombre autour de ces engagements, et au-delà de la région PACA, le S3C a donc décidé de retransmettre en streaming ses conférences, dès cette première édition.