Se démarquer sur le plan technologique, la stratégie de LightOn 

Après une bascule vers l’IA générative en 2020, la pépite française LightOn poursuit son ascension face aux géants de la tech grâce à une montée en puissance de ses modèles conçus pour les entreprises. 

La vague d’IA générative qui déferle n’a probablement pas fini d’innonder le monde de l’entreprise. Sur ce créneau, l’une des pépites françaises, LightOn, qui surfe sur cette technologie, a fait des usages professionnels une priorité. « On se spécialise sur des données hétérogènes qui visent à rester privées », précise Laurent Daudet, CEO et cofondateur de la start-up, qui a déjà convaincu certains acteurs de poids. Aujourd’hui, l’ensemble de l’offre d’IA générative utilisée par les employés d’Orange est « powered » par LightOn. 

Une montée en puissance 

Cette augmentation de l’usage de cette technologie au sein des entreprises est une réelle tendance qui touche tous les acteurs. Elle nécessite une montée en puissance des modèles pour offrir des systèmes plus intelligents, capables de mieux comprendre le contexte des demandes en analysant l’historique de l’utilisateur au sein de l’entreprise. « Nous développons aujourd’hui des agents qui utilisent les outils internes », indique l’ancien professeur de physique universitaire, qui a vu en l’IA un immense marché s’ouvrir. 

L’objectif pour LightOn reste d’offrir des usages larges, sans se spécialiser dans des secteurs spécifiques, mais de fournir une meilleure polyvalence et des réponses à des problématiques plus complexes. « L’utilisation reste simple, autour d’une seule interface », indique Laurent Daudet, qui ajoute : « Nous avons tendance à dire que plus la technologie est puissante, plus elle doit être simple d’accès . » En effet, les destinataires de ces outils seront, pour partie, des employés des métiers, non familiers avec le développement informatique. 

Que ce soit pour réaliser une analyse financière rapide en fournissant deux cours de bourse, ou pour connaître l’historique d’un client bancaire en scannant simplement sa carte bleue, les possibilités offertes par la montée en puissance des modèles sont nombreuses et permettent d’importants gains d’efficacité. Cela implique donc pour le concepteur de combiner l’utilisation de plusieurs outils de recherche, de résumé ou d’exécution de code. « C’est un niveau d’abstraction encore supérieur », confie le cofondateur de LightOn. 

Certains freins persistent 

Reste que, malgré la simplicité d’utilisation promise par Laurent Daudet, certains freins existent quant au développement de ce type de technologie dans les entreprises, notamment le manque de culture d’entreprise sur l’innovation. « À cause de ce manque d’acculturation, certains ne se rendent pas compte du potentiel sur leurs propres métiers. L’interface homme-machine va être différente », promet-il. Cette situation est parfois combinée à la difficulté de faire face à une masse de données non structurées. 

Selon lui, près de 80 % des données présentes dans une entreprise sont non structurées. « La donnée est essentielleet, si elle est de mauvaise qualité, elle amènera à de mauvais résultats . » Mais, selon lui, ces nouveaux agents permettent également « d’aller fouiller » dans cette documentation non structurée pour purifier les informations et détecter des éléments obsolètes. « Nous avons fait ce travail avec la Région Île-de-France autour de la documentation interne », explique Laurent Daudet, en ajoutant : « C’est un savoir-faire ». 

Face aux Gafam, éviter le frontal 

Aujourd’hui, l’IA, et particulièrement l’IA générative, est portée par l’ensemble des acteurs de la tech, des géants comme Google, Amazon ou Microsoft, jusqu’aux spécialistes comme OpenAI, Mistral ou LightOn. Comment réussir à sortir son épingle du jeu face à la puissance de tels acteurs pour une entreprise qui a amorcé son virage vers l’IA il y a quatre ans ? « Il y a une part de marché à prendre sur des solutions plus sécurisées et plus personnalisables », indique Laurent Daudet. « C’est là qu’est notre offre de valeur », poursuit-il, en ajoutant qu’il serait inutile de se battre sur certains fronts comme les aspects bureautiques performants proposés par l’IA de Microsoft, Copilot. 

Il existe également une tendance, provenant des Gafam (Google, Amazon, Facebook, Appleet Microsoft), à mettre la main sur certaines technologies ou à réaliser des partenariats stratégiques avec d’autres à coup de centaines de millions de dollars. LightOn pourrait-elle, à terme, être absorbée par un de ces géants ? «  Nous voulons rester une entreprise française répondant à des enjeux de souveraineté sur ces technologies  », assure-t-il, tout en entrebâillant une porte : « Mais on verra… » 

La start-up dispose d’une position atypique sur le secteur « pure layer » de l’IA, atteignant la rentabilité l’an dernier grâce à un chiffre d’affaires en forte croissance, dont le montant n’a pas été souhaité dévoilé par le CEO de l’entreprise. Cependant, en recherche de financement pour accélérer sa croissance tant technique que commerciale et son internationalisation, LightOn a annoncé, en cette fin d’octobre, son introduction en bourse pour lever près de 10 millions d’euros.